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Économie - Dette

Merkel au Portugal pour défendre une rigueur impopulaire

La chancelière allemande a été accueillie par des huées lors de son arrivée.

Angela Merkel et Pedro Passos Coelho. Miguel Riopa/AFP

La chancelière allemande Angela Merkel a accordé hier un soutien sans faille aux efforts de redressement économique du gouvernement portugais de centre-droit au moment où sa politique de rigueur suscite un mécontentement populaire croissant. Le Portugal, qui bénéficie depuis mai 2011 d’un plan de sauvetage international de 78 milliards d’euros, est tenu d’appliquer un rigoureux programme de réformes et d’austérité. « Le programme est appliqué par le Portugal de façon excellente. C’est un grand exploit », a déclaré Mme Merkel, lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre portugais, Pedro Passos Coelho.
Mais alors que les mesures d’austérité sont de plus en plus mal acceptées par les Portugais, Mme Merkel, considérée comme un symbole de la rigueur budgétaire, a été accueillie par des huées lors de son arrivée à la présidence pour une rencontre avec le président Anibal Cavaco Silva avant ses entretiens avec le Premier ministre. « Le Portugal n’est pas le pays de Merkel », « Merkel nazie, dehors », « Elle veut tuer les Portugais, elle veut la suprématie en Europe », « Une Allemagne européenne oui, une Europe allemande non », pouvait-on lire sur les banderoles agitées par les manifestants.
Le principal syndicat portugais, la CGTP, organisait de son côté un défilé « en défense de la souveraineté nationale » en opposition à Mme Merkel, perçue comme imposant ses vues au gouvernement portugais. « Ceux qui manifestent au Portugal, comme dans d’autres pays, en diabolisant certaines positions, n’ont pas un soutien généralisé, ni même significatif », a dit M. Passos Coelho, minimisant l’importance des protestations. « Je sais que ma visite intervient au moment où les Portugais ressentent l’impact des mesures d’ajustement », a reconnu Mme Merkel, tout en ajoutant que son pays « continuerait à faire preuve de solidarité ».
La visite de Mme Merkel, qui n’a duré que quelques heures, a coïncidé avec le début d’une nouvelle mission de la « troïka » (UE-FMI-BCE), représentant les créanciers du Portugal, pour évaluer les réformes mises en œuvre en échange du plan de sauvetage. En cas de satisfecit, le Portugal doit recevoir une nouvelle tranche d’aide de 2,5 milliards d’euros dans le cadre du plan d’aide. « Je suis convaincue que la prochaine tranche d’aide sera versée », a estimée Mme Merkel.
Après sa dernière visite, la « troïka » a assoupli les objectifs budgétaires du Portugal, qui peine à redresser des finances publiques plombées par une récession économique accentuée et un taux de chômage record. « La situation est difficile mais le chemin est clair », a dit la chancelière allemande lors d’une intervention devant un forum économique auquel participaient des hommes d’affaires allemands et portugais. Le gouvernement portugais a pris « des mesures importantes et courageuses », a-t-elle dit en ajoutant : « L’industrie allemande est du côté de l’économie portugaise. »
De son côté, le Premier ministre portugais, qui, comme Mme Merkel, est un fervent partisan de la rigueur budgétaire, a réaffirmé sa volonté de mener à bien son programme d’austérité qui prévoit pour l’année prochaine une hausse généralisée des impôts. « Tergiverser sur notre programme, douter de notre capacité à le respecter seraient un mauvais service rendu aux Portugais et aussi à l’Europe », a-t-il dit.
Son gouvernement a récemment adopté un projet de budget pour 2013, marqué par une nouvelle hausse généralisée des impôts. Dans la foulée, le chef du gouvernement a annoncé son intention de couper 4 milliards d’euros supplémentaires dans les dépenses publiques d’ici à la fin 2014. L’opposition socialiste, cosignataire des engagements pris par le Portugal auprès de ses créanciers, s’est toutefois démarquée de ce renforcement de la politique de rigueur accusant le gouvernement de s’aligner aveuglément sur les positions allemandes.
« La stratégie de l’austérité à tout prix détruit l’économie sans même atteindre ses objectifs budgétaires », a souligné le chef du Parti socialiste, Antonio José Seguro, dans une tribune publiée lundi.
Dans la rue, la contestation contre les coupes budgétaires ne cesse de croître avec d’importantes manifestations de policiers puis de militaires ces derniers jours, même si le pays n’a jusqu’ici pas connu d’affrontements violents. Mercredi, la journée européenne contre l’austérité sera marquée au Portugal par une grève générale convoquée par la CGTP, la première confédération syndicale du pays.
(Source : AFP)
La chancelière allemande Angela Merkel a accordé hier un soutien sans faille aux efforts de redressement économique du gouvernement portugais de centre-droit au moment où sa politique de rigueur suscite un mécontentement populaire croissant. Le Portugal, qui bénéficie depuis mai 2011 d’un plan de sauvetage international de 78 milliards d’euros, est tenu d’appliquer un...

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