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À La Une - Révolte

Damas et les rebelles s’engagent à une trêve pour l’Adha

La communauté internationale souhaite que les promesses ne soient pas un « vœu pieux ».

Le régime et les rebelles syriens ont accepté hier d’observer à partir d’aujourd’hui et pendant les quatre jours de la fête musulmane de l’Adha une trêve âprement négociée par l’émissaire international Lakhdar Brahimi, chaque partie se réservant toutefois le droit de riposter en cas de violations. L’armée a annoncé en soirée qu’elle suspendrait ses opérations militaires pour la fête du sacrifice, mais qu’elle répondrait « si les groupes terroristes armés continuent à tirer sur les civils et les forces gouvernementales (...) ou à utiliser des voitures piégées et des bombes ». De leur côté, les insurgés, qui avaient déjà donné leur accord au cessez-le-feu, se sont engagés à « respecter la trêve si l’armée syrienne en fait autant. Mais si elle tire une seule balle, nous répondrons avec cent balles », selon les dires du général Moustapha al-Cheikh, chef du commandement militaire supérieur de l’Armée syrienne libre (ASL). Il a toutefois admis ne pas parler au nom de tous les mouvements insurgés. De fait, le Front islamiste al-Nosra, qui a revendiqué de nombreux attentats en Syrie, avait rejeté la trêve dès mercredi.

 

(Lire aussi : Carla Del Ponte veut trouver les « hauts responsables » des crimes)


Face au succès incertain du cessez-le-feu au vu de la « méfiance » entre les deux camps, l’ONU a dit espérer « de tout cœur » qu’il tienne, selon Martin Nesirky, porte-parole du secrétaire général Ban Ki-moon. « Le monde attend de voir ce qui se passera », a-t-il ajouté, en soulignant que M. Ban a « accueilli avec satisfaction » les annonces du gouvernement syrien et des rebelles. M. Nesirky a en outre réitéré l’appel lancé par M. Ban « à ceux qui ont de l’influence dans la région, afin qu’ils usent de cette influence sur toutes les parties (au conflit) pour que le cessez-le-feu tienne » et qu’un processus de transition politique puisse commencer en Syrie. « Nous espérons et nous nous attendons à ce qu’ils ne se contentent pas de parler de cessez-le-feu, mais que cela s’accompagne d’actes, à commencer par le régime », a pour sa part déclaré la porte-parole du département d’État américain, Victoria Nuland. « Nous avons vu beaucoup de promesses du régime d’Assad (...). Nous n’en avons vu aucune appliquée », a-t-elle insisté. Allié régional majeur du régime syrien, l’Iran a salué la trêve, la qualifiant de « pas positif ».

Un « petit pas »
S’il est effectivement mis en place, il s’agira du premier cessez-le-feu respecté en Syrie. Le 12 avril dernier, un cessez-le-feu négocié par Kofi Annan, le prédécesseur de M. Brahimi, avait volé en éclats au bout de quelques heures, même si les combats avaient baissé en intensité. S’adressant mercredi par vidéoconférence aux ambassadeurs des 15 membres du Conseil de sécurité, M. Brahimi a souligné qu’un cessez-le-feu serait un « petit pas » pouvant mener à l’ouverture d’un dialogue politique et à un meilleur accès humanitaire. Mais, M. Brahimi a également déclaré « ne pas pouvoir être sûr que la trêve tiendra », selon un de ces diplomates. Un arrêt des combats et des bombardements apporterait un peu de répit à une population déjà durement éprouvée par les violences. Le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) s’est dit prêt à envoyer, en cas de trêve, des colis d’aide à des milliers de familles dans des endroits jusqu’à présent inaccessibles.

Avancée rebelle à Alep
En attendant, les rebelles ont gagné du terrain hier à Alep, en pénétrant dans le quartier d’Achrafiyé, contrôlé par les forces kurdes et où jusqu’ici, par un accord tacite, ni les rebelles ni l’armée n’entraient. Selon les résidents, près de 200 insurgés se sont déployés à l’aube dans ce secteur jusqu’à présent épargné par les combats et où vivent de nombreux réfugiés. « Des tireurs embusqués se sont installés dans des immeubles et une cinquantaine d’hommes armés, vêtus de noir et portant sur le front des bandeaux avec des mots d’ordre islamiques, sont entrés dans une école près de chez moi », a affirmé un habitant. « Je les ai entendus dire à des habitants : Nous sommes venus pour passer l’Aïd chez vous », a-t-il ajouté.

 

(Reportage : Dévastée, Alep ne fêtera pas l’Aïd al-Adha)

 

À environ 200 km à l’est d’Alep, les rebelles se sont également emparés d’une position de l’armée à Raqa, tuant trois soldats et récupérant des armes ainsi qu’un char, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Dans la province de Damas, l’armée, qui tente de reprendre du terrain, a bombardé Harasta et ses environs, tandis que des combats se déroulaient dans le sud de la capitale. En soirée, une forte explosion a secoué le quartier d’al-Safsaf à Homs, selon des militants, alors que l’armée bombardait le quartier de Bab Houd dans la même ville. À travers le pays, les violences ont fait 100 morts hier – 43 civils, 37 soldats et 20 rebelles –, a encore rapporté l’OSDH.


Enfin, neuf organisations de défense des droits de l’homme ont demandé que l’amnistie décrétée mardi par M. Assad inclue tous les militants pacifistes.

 

 

Tribune

Réunifier la Syrie, par Volker Perthes, président et directeur du Stiftung Wissenschaft und Politik, l’Institut allemand pour la politique internationale et la sécurité.

Le régime et les rebelles syriens ont accepté hier d’observer à partir d’aujourd’hui et pendant les quatre jours de la fête musulmane de l’Adha une trêve âprement négociée par l’émissaire international Lakhdar Brahimi, chaque partie se réservant toutefois le droit de riposter en cas de violations. L’armée a annoncé en soirée qu’elle suspendrait ses opérations...

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