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Moyen Orient et Monde - Reportage

À Maarret el-Noomane, l’enfant à vélo écrasé sous les bombes

La colère, la rage et le désespoir des jeunes Syriens de Maarret al-Noomane, cible d'un sanglant bombardement, le 18 octobre 2012, de la part de l'aviation syrienne. AFP PHOTO/BULENT KILIC

Il venait juste de revenir à Maarret el-Noomane, une ville rebelle du nord-ouest de la Syrie, car ses parents pensaient que le danger était passé. Il s’amusait sur son vélo quand une bombe larguée par l’aviation l’a tué et enseveli sous des décombres. La partie supérieure de son tronc est encore ensevelie. Seules deux petites jambes horriblement mutilées et recouvertes de poussière sortent des décombres, les pieds potelés encore appuyés sur les pédales d’un vélo d’enfant. Le corps de ce bambin, sans tête, a été retiré des gravats et porté à bout de bras par ses proches, ravagés par la douleur. Face à l’horreur, ils imploraient Dieu.


Un autre enfant qui jouait dans la même rue a eu le corps déchiqueté. Une femme hébétée, encore en pyjama, sort péniblement à travers la fenêtre de son appartement au rez-de-chaussée, à quelques mètres de l’impact. C’est une miraculée : l’immeuble s’est écroulé comme un château de cartes, mais son salon a tenu bon.
Le raid meurtrier a pris par surprise les quelques habitants restés dans cette ville, la majorité des 125 000 résidents ayant déserté à cause des frappes incessantes de l’aviation sur la ville et sa périphérie depuis sa prise par les rebelles le 9 octobre. Hier, c’est dans le sud-ouest relativement épargné de la ville qu’a eu lieu l’hécatombe. C’est d’ailleurs en raison de ce faux sentiment de calme que les parents de l’enfant, réfugiés depuis dix jours dans la localité voisine de Kafar Noubol, ont décidé de rentrer mercredi.


Les bombes ont pulvérisé un immeuble de quatre étages, détruit partiellement un second et une mosquée où s’étaient réfugiés des femmes et des enfants, se croyant en sécurité dans ce lieu de culte.


Le bilan est particulièrement sanglant : 44 morts selon les secouristes, alors qu’un médecin exerçant dans un hôpital de fortune installé dans une école de la ville, Nader Jaafar Shardoub, a fait état de 20 morts et de 30 disparus. Dans les couloirs de l’hôpital, un journaliste de l’AFP a vu une dizaine de dépouilles enveloppées dans des linceuls blancs et des sacs en plastique sur lesquels est inscrit « Parties de corps ». « Il n’y a jusqu’à présent que trois survivants, dont un enfant de deux ans, retrouvé en vie dans les bras de son père mort », a ajouté le médecin. Les restes des victimes démembrées étaient sortis des décombres et posés à terre dans des couvertures puis évacués sur des pick-up. « Regardez ce que nous font ces chiens! », « Va en enfer Bachar pour avoir tué des enfants ! », hurlait la foule à l’adresse des journalistes, ou encore : « Que Dieu nous donne la force de vaincre ces ordures ! »


Soutenues par les épaules, des victimes au visage ensanglanté étaient également emportées vers l’hôpital voisin, aménagé dans les sous-sols d’un bâtiment public dans le quartier. Cette structure d’urgence, qui compte une dizaine de médecins pour une vingtaine de lits et deux blocs opératoires de fortune, est la cible régulière de l’artillerie et de l’aviation du régime


Des chasseurs-bombardiers de l’armée de l’air avaient survolé Maarret el-Noomane et sa région toute la matinée, faisant de brefs piqués à basse altitude pour larguer au moins dix bombes sur la ville et sa périphérie est, où les rebelles assiègent la base militaire de Wadi Deif, la plus importante de la région et qui se trouve encore sous le contrôle de l’armée. Maarret el-Noomane, ville stratégique dans la province d’Idleb car située sur la route reliant Damas à Alep, a été prise il y a près de deux semaines par les insurgés.
(Source : AFP)

Il venait juste de revenir à Maarret el-Noomane, une ville rebelle du nord-ouest de la Syrie, car ses parents pensaient que le danger était passé. Il s’amusait sur son vélo quand une bombe larguée par l’aviation l’a tué et enseveli sous des décombres. La partie supérieure de son tronc est encore ensevelie. Seules deux petites jambes horriblement mutilées et recouvertes...
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