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À La Une - L’éclairage

Des divergences internes retardent la tenue du 9e congrès du Hezbollah

La guerre civile qui fait rage en Syrie et l’incertitude sur son issue ont poussé le secrétaire général du Hezbollah et ses cadres dirigeants à repousser à une date indéterminée le 9e congrès du parti, qui devait se tenir en septembre dernier. Le congrès était d’autant plus important qu’il marquait le 30e anniversaire de la fondation de ce parti, au cours de l’occupation israélienne du Liban, en 1982. Sachant par ailleurs que l’annonce officielle de la fondation du Hezbollah devait attendre février 1985, année du retour de son exil en France, de l’ayatollah Khomeiny.
L’ajournement de l’échéance s’explique aisément par les incertitudes qui marquent un certain nombre de question, comme l’avènement des Frères musulmans en Égypte, l’instabilité à Tunis et le désordre en Libye. L’arrivée du « printemps arabe » en Syrie n’a pas été pour faciliter les choses, puisqu’il s’est accompagné d’une montée des groupes salafistes sunnites, sur le modèle de ce que voyons au Liban avec cheikh Ahmad el-Assir, à Saïda et cheikh Salem Rafeï à Tripoli.


Au milieu de ce brouillard, il vaut mieux n’avancer qu’au pas, fait-on valoir dans les milieux du Hezbollah concernés. Au pas, et sans risque de changement majeur, tant qu’on n’y verra pas plus clair.


Mais il y a plus, semble-t-il, que de la prudence, dans cet ajournement. Des sources politiques proches du Hezboillah assurent en fait qu’il y a deux ailes au sein du parti pro-iranien, et qu’elles sont en désaccord sur la politique à adopter. Le premier courant est radical. Il est conduit par cheikh Naïm Kassem, numéro deux actuel du Hezbollah, qui souhaite que le parti adopte une position pure et dure, en dépit de ce qui se passe en Syrie, quitte à user de la force pour s’imposer. Ce courant refuse que les développements en Syrie, quels qu’ils soient, aient une quelconque répercussion sur le parti ou l’amène à mettre de l’eau dans son vin.


Ce n’est pas ce que pense un courant considéré comme modéré au sein du Hezbollah, et dont le député Mohammad Fneich, serait l’un des échantillons. Ce courant réclame, au contraire, que le Hezbollah tienne compte des nouvelles réalités régionales et revoie sa stratégie en conséquence. En particulier, ce courant souhaite que le Hezbollah s’ouvre sur les courants sunnites modérés, pour ne pas avoir à négocier, plus tard, avec les salafistes. Au Liban, cela veut dire rétablir les ponts avec le courant du Futur et Saad Hariri.


Compte tenu de ces divergences au sein du Hezbollah, le secrétaire général de ce parti et des membres de la Choura consultative ont décidé de surseoir à l’organisation du 9e congrès, en attendant que se décante la situation en Syrie, que le dossier du nucléaire iranien s’éclaircisse d’avantage, que l’Arabie saoudite prenne plus clairement position, voire que les élections présidentielles s’achèvent aux États-Unis..


La courant modéré au sein du Hezbollah, pour peu qu’il existe vraiment, est également à l’œuvre au sein du mouvement Amal dont le chef, Nabih Berry, a entamé des contacts avec Fouad Siniora, chef du bloc parlementaire du Futur, en vue de « refroidir » la scène interne et de calmer le jeu entre sunnites.
M. Berry est également en contact téléphonique avec Saad Hariri et avec certains de ces lieutenants. Pour sa part, le chef du courant du Futur lui-même souhaite que la haïssable discorde entre sunnites et chiites s’apaise. C’est à cette fin que M. Hariri s’est imposé comme médiateur dans l’affaire des pèlerins chiites enlevés, et tout dernièrement encore a proposé de mettre son avion personnel à la disposition d’Awad Ibrahim, l’un des otages que le fantasque preneur d’otages syrien Abou Brahim a décidé de relâcher.


Ce bémol avait été entamé déjà il y a quelques mois, avec l’appel du souverain wahhabite Abdallah au dialogue entre les Libanais. On dit même que, par l’intermédiaire de l’ambassadeur d’Arabie saoudite au Liban, il y a plusieurs mois, M. Berry avait demandé à M. Hariri de rentrer au Liban et d’entamer un dialogue avec cheikh Hassan Nasrallah. Le courant du Futur avait jugé cet appel favorablement, tout en affirmant que le retour de M. Hariri était encore prématuré, en raison des dangers qui pèsent sur sa personne. Aujourd’hui, les réactions abruptes du Hezbollah aux propos tenus par le président Sleiman au sujet des armes de la résistance confirment les observateurs dans leurs craintes que le parti pro-iranien soit encore sous la coupe des radicaux, et ne se cabre sous la pression, plutôt qu’il ne s’assouplisse, ce qui signifierait en fin de compte la rupture du dialogue.

La guerre civile qui fait rage en Syrie et l’incertitude sur son issue ont poussé le secrétaire général du Hezbollah et ses cadres dirigeants à repousser à une date indéterminée le 9e congrès du parti, qui devait se tenir en septembre dernier. Le congrès était d’autant plus important qu’il marquait le 30e anniversaire de la fondation de ce parti, au cours de l’occupation...

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