Depuis quelques jours, les réunions se multipliaient au niveau du commandement du Hezbollah. Le principal sujet de débat portait sur la nécessité ou non de répondre à la vaste campagne qui vise actuellement le parti. Les avis étaient partagés. Pour certains, il valait mieux garder le silence et ignorer les attaques d’autant qu’elles atteignent des sommets de violence ; et dans le contexte actuel, quoi que dise le Hezbollah il ne parviendra pas à convaincre ceux qui ne veulent rien entendre. Pour d’autres, au contraire, il faut éclairer l’opinion publique et même si on ne peut convaincre tout le monde, il y aura certainement des gens qui seront amenés à réfléchir et à remettre en question les accusations portées contre le parti.
Pour le commandement de la résistance, ce n’est pas par pure coïncidence si, brusquement, la campagne contre l’implication du Hezbollah dans les combats aux côtés du régime syrien devient systématique dans les médias saoudiens, qataris et ceux qui gravitent dans cette orbite, alors qu’en même temps, des soi-disant documents sont apparus montrant l’implication du Hezbollah dans l’assassinat de Gebran Tuéni, et que le TSL semble avoir retrouvé un regain de dynamisme.
Face à ces données, le Hezbollah estime faire l’objet d’une attaque sur plusieurs fronts simultanément dans le but de le discréditer et de le déstabiliser, en le mettant au pied du mur.
La nouvelle vague de critiques a commencé avec l’enlèvement des onze pèlerins chiites destiné à monter la population chiite contre le Hezbollah. Ce dernier ayant réussi à contenir la colère de la rue, c’est Hassan Moqdad qui a été enlevé pour soulever l’un des principaux clans chiites contre le parti. Celui-ci se trouvait devant un grand défi : maintenir sa position de principe vis-à-vis du dossier syrien et contenir la rue, touchée par la douleur des familles des onze pèlerins étalée dans les médias, alors que les ravisseurs se répandaient en critiques contre le parti, exigeant des excuses de la part de sayyed Hassan Nasrallah. Le parti a préféré éviter la confrontation en demandant à l’armée de prendre en main la situation sur le terrain, tout en essayant de montrer que la vague d’enlèvements constitue une nouvelle étape du complot contre la résistance. D’ailleurs, dès que l’affaire commence à se tasser, les ravisseurs et ceux qui se tiennent derrière eux trouvent moyen de la relancer, soit par une vidéo, soit par un reportage ou encore par la libération d’un des otages. Toujours dans le même objectif : coincer le Hezbollah devant ses propres partisans.
Ce dossier n’ayant pas réussi à écorner l’image de la résistance auprès des siens, d’autant que les deux pèlerins relâchés n’ont plus fait parler d’eux une fois dans leurs familles, une campagne médiatique a commencé autour de la participation du Hezbollah dans les combats en Syrie aux côtés du régime syrien. Brusquement, les reportages sur ce sujet se sont multipliés sur les chaînes comme al-Jazira, al-Arabiya, Future TV et dans les quotidiens évoluant dans la même mouvance. L’insistance sur ce sujet a, selon les cadres du Hezbollah, deux objectifs : le premier vise à aiguiser les tensions entre sunnites et chiites en montrant que le Hezbollah chiite combat aux côtés du régime alaouite contre les sunnites et le second a pour but d’entraîner une intervention étrangère aux côtés des rebelles sous prétexte que les forces du régime bénéficient d’une aide extérieure venant du Liban et de l’Iran.
En même temps, le TSL a commencé à refaire parler de lui, avec l’annonce du début du procès par contumace des inculpés le 24 mars 2013, c’est-à-dire à deux mois des élections législatives libanaises, dans le but évident de réveiller les tensions communautaires et les rancœurs à la veille du scrutin contre le parti chiite qui aurait, selon ses détracteures, assassiné le leader sunnite. De même, l’apparition soudaine de prétendus documents montrant l’implication du Hezbollah dans l’assassinat de Gebran Tuéni vise non seulement à criminaliser le parti de la résistance, mais aussi à discréditer ses alliés chrétiens, notamment le CPL et les Marada, dont la position deviendra intenable en appuyant le tueur d’une grande figure chrétienne.
Tous ces éléments, qui, selon les cadres du Hezbollah, ont pratiquement la même origine et plus ou moins le même but, ont donc fait l’objet de longs débats au cours des réunions intensives du commandement du parti.
À l’issue de toutes ces réunions, un consensus a été réalisé autour de la nécessité de reporter le congrès général du parti (qui se tient tous les trois ans et devait donc se réunir le mois prochain) et de la formation d’une cellule de crise pour suivre les développements. Quant à la décision de s’adresser ou non à l’opinion publique, elle a été laissée au sayyed. Ce dernier a finalement choisi de prononcer un discours jeudi soir, misant sur la franchise et la transparence. Il a commencé par ce qu’il considère comme un aspect positif, c’est-à-dire la possession de la résistance de drones sophistiqués qui ont réussi à dérouter les radars israéliens. C’est aussi pour Hassan Nasrallah une façon de rappeler d’une part que la priorité reste à la résistance contre Israël et d’autre part que cette résistance est plus forte qu’on ne le croit et plus performante aussi, réussissant à prendre de court l’ennemi et à le plonger dans la confusion.
Face à de telles réalisations, impensables il y a quelque temps encore, les accusations portées contre le Hezbollah, qui sont, aux yeux du parti, dénuées de tout fondement, paraissent secondaires. En jouant la carte de la communication directe et de ce qu’il considère être celle de la franchise, sayyed Nasrallah a voulu rééditer l’expérience de l’acte d’accusation du TSL, dont il a tellement parlé avant sa publication au point que la bombe que celui-ci aurait pu provoquer sur la scène interne a été désamorcée.
Pour le Hezbollah, toutes les accusations portées contre lui ne sont qu’un nouvel épisode de la guerre déclarée contre l’axe de la résistance, qui commence en Iran et passe par la Syrie.
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commentaires (8)
Pour ce "haut?" commandement de ce hézébbbllàh, il y a un Complot-là. Preuve, la campagne d’attaques atteignant des "sommets!?" de violence ; si, si ; qui vise ce groupement-là. Qui, atteint d’un sentiment de persécution, ya hassértééhh, est persuadé que quoi qu’il dise, il ne parviendra pas à convaincre ceux qui ne veulent rien entendre. Sauf, bien sûr, des gens qui seront amenés à réfléchir mahéék et remettre en question les accusations portées contre ce 'bien-aimé" làh ! Et pour ce "commandement?"-là, ce n’est pas par pure coïncidence si la campagne contre son implication aux côtés du régime syrien devient systématique, alors que des "soi- disant?!" documents sont apparus montrant son implication dans l’assassinat de Gebran Tuéni, et qu’en sus le Tribunal retrouve son dynamisme. D’où, "Complot" ! Re-cqfd. Le dossier Mokdad et celui des Pseudo-"pèlerins" n’ayant pas réussi à écorner son image uniquement auprès des siens, une "immonde!" campagne a commencé autour de sa participation dans les combats en Syrie.
Antoine-Serge KARAMAOUN
04 h 53, le 14 octobre 2012