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Économie - Analyse

La croissance vacille, mais l’Asie dispose de solides munitions

La Banque asiatique de développement estime désormais que le continent (45 pays) affichera une croissance de 6,1 % en 2012.

Des touristes à Hong Kong. La situation économique mondiale a poussé le FMI et d’autres organismes internationaux à abaisser leurs prévisions pour l’Asie. Dale de la Rey/AFP

La crise de la dette en Europe et la mollesse de l’économie aux États-Unis freinent la croissance en Asie depuis des mois, poussant le FMI et d’autres organismes internationaux à abaisser leurs prévisions. Mais, selon les analystes, la région dispose de solides munitions pour résister. « Ça ne devait pas se passer ainsi. Ces derniers mois, la croissance a de nouveau vacillé, à l’encontre des prévisions d’une reprise progressive », soulignent Qu Hongbin et Frederic Neumann, économistes chez HSBC, dans une note récente. « Parmi les responsables, la Chine, mais aussi les pays occidentaux (à l’économie) chancelante », ajoutent-ils.Dans son dernier rapport publié mercredi, la Banque asiatique de développement (BAsD) estime désormais que l’Asie (45 pays) affichera une croissance de 6,1 % en 2012, soit son taux le plus faible depuis 2009, année où elle avait plafonné à 6 %. En avril, la BAsD s’attendait à une croissance de 6,9 %. La banque pointe du doigt la crise de la dette en Europe et la reprise très hésitante aux États-Unis, deux régions-clés pour les exportations asiatiques. « L’Asie en développement ralentit bien plus que ce à quoi on s’attendait », a déclaré Changyong Rhee, le chef économiste de la BAsD. « L’époque de la croissance à deux chiffres touche à sa fin ». Pour 2013, l’institution, basée à Manille, prévoit une croissance à 6,7 %, contre 7,3 % attendu précédemment. La région a progressé de 7,2 % en 2011.
La BAsD a bien évidemment revu en baisse les estimations de croissance des deux poids-lourds de cette zone du globe : la Chine (+7,7 % prévu en 2012, après +9,3 % l’an dernier) et l’Inde (+5,6 % attendu en 2012, après +6,5 % en 2011). Des analystes s’interrogent sur l’attitude de la Chine, dont beaucoup attendent des mesures de relance afin d’éviter un atterrissage brutal. « La Chine se retient de proposer un programme de relance ambitieux, avec les implications évidentes pour l’ensemble de la région », notent les économistes de la HSBC, qui s’attendaient à une réaction plus tôt.
La réticence de Pékin à puiser dans ses réserves budgétaires pour redynamiser la croissance peut s’expliquer par le changement à venir au sommet de l’État, qui ne survient qu’une fois par décennie. Le XVIIIe congrès du Parti communiste chinois, qui s’ouvrira le 8 novembre, est destiné à renouveler la direction du parti et désigner les successeurs du président et chef du parti Hu Jintao et du Premier ministre Wen Jiabao. « Étant donné que la croissance est portée largement par les investissements, notamment dans le secteur public, tout changement au sommet aura forcément un impact sur l’activité, selon Qu Hongbin et Frederic Neumann. Et cette année, encore plus que lors des précédentes transitions, les incertitudes politiques ont pu peser sur les décisions d’investissement. »
Le Fonds monétaire international (FMI) devrait lui aussi revoir une nouvelle fois à la baisse ses prévisions de croissance pour l’Asie, lors de la publication de son rapport semestriel, en début de semaine. Nulle raison cependant de « paniquer », soulignent les économistes.
Pour Changyong Rhee, de la BAsD, « c’est un ajustement naturel à un rythme de croissance plus durable », et la région, longtemps considérée comme un îlot d’opportunité dans un paysage économique mondial morose, doit « se préparer à une période d’expansion modérée » après des années de croissance rapide. « L’Asie n’a pas encore perdu sa formule magique, mais il va falloir de la patience avant que la croissance accélère à nouveau », estiment les économistes de la HSBC, qui tablent sur un assouplissement de la politique monétaire début 2013 une fois la nouvelle direction bien en place.
Pour le cabinet de consultants Capital Economics, de toutes les régions du monde confrontées aux retombées des difficultés en Europe et aux États-Unis, l’Asie est sans doute celle qui dispose le plus de munitions. « L’Asie possède une marge de manœuvre significative pour assouplir ses politiques monétaire et budgétaire, selon Capital Economics. À la différence de la plupart des pays riches, les taux d’intérêt sont bien supérieurs à zéro en Asie, ce qui signifie qu’on peut les baisser dans la plupart des pays. »
Et si l’Inde et la Chine montrent des signes de fatigue, beaucoup des économies d’Asie du Sud-Est font preuve d’une belle résistance, ajoutent les analystes de la banque ANZ. Lors des derniers trimestres, la demande intérieure dans les pays de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) reste robuste, alors que la demande extérieure pour leurs exportations ralentit. Cela veut dire que les économies de ces dix pays (dont la Malaisie, l’Indonésie, la Thaïlande, le Vietnam...) « pourraient faire bonne figure », même si la conjoncture internationale continue de ralentir, selon ANZ.
(Source : AFP)
La crise de la dette en Europe et la mollesse de l’économie aux États-Unis freinent la croissance en Asie depuis des mois, poussant le FMI et d’autres organismes internationaux à abaisser leurs prévisions. Mais, selon les analystes, la région dispose de solides munitions pour résister. « Ça ne devait pas se passer ainsi. Ces derniers mois, la croissance a de nouveau...

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