À contre-courant
Né à Tartous, en Syrie, en 1976, Kaïs Salman, licencié de la faculté des Beaux-Arts de Damas, a participé à plusieurs expositions collectives en Syrie avant d’obtenir le premier prix à la 4e Exposition annuelle des jeunes artistes et à l’exposition inaugurale du Musée d’art moderne de Damas.
Considéré comme un des talents émergents de la scène artistique arabe, il a participé récemment à des événements tels que le «Soulèvement des Shabab» et «Damascus Calling», une exposition qui a eu lieu à Park Avenue Armory à New York, en 2008. En 2010, le profil de l’artiste paraît dans l’édition de la version européenne du Wall Street Journal le présentant comme une personnalité à suivre de la scène artistique contemporaine du Moyen-Orient.
Son travail s’articule sur cette recherche constante de ce que la peinture peut véhiculer comme messages sociaux et humains. «À l’heure où la parole échoue, l’art peut être plus éloquent», précise Salman. Et pour reprendre La Rochefoucauld: «La véritable éloquence consiste à dire tout ce qu’il faut et à ne dire que ce qu’il faut.» Encadrant ainsi ses toiles grand format à l’encre («car l’encre raconte des histoires, il est volubile et dense»), d’autres larges canevas composites, faits de petits dessins à la manière des caricatures, sont un portrait de sociétés malades ou infectées.
«La notion du “beau” ne se retrouve pas nécessairement dans la beauté esthétique d’un travail artistique et plus précisément en matière de peinture», pense Kaïs Salman. L’histoire de l’art a réussi à le démontrer au fil des années. Ainsi, la laideur a pu être reproduite de différentes manières et emprunter divers visages. De «La Méduse» sur les vases antiques grecs aux femmes de Willem de Kooning, en passant par Le Jardin des délices de Jérôme Bosh, l’art a réussi à sublimer la laideur.
Pour Kaïs Salman, si l’art se nourrit de technologies modernes, la peinture demeure, elle, la plus authentique, la plus sincère. D’ailleurs dans ses portraits, il semble que le peintre se loge dans un détail ou même au coin de la toile. «Je suis toujours quelque part dans le tableau, dans l’espace que j’utilise, dit Willem de Kooning. Je suis toujours présent, on pourrait dire que j’y circule.» Il semblerait que ceci s’applique également à Kaïs Salman.
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