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À La Une - Mali

« Trop, c’est trop ! » : des Maliennes expriment leur ras-le-bol des salafistes

Gao, une des principales villes du vaste Nord, est contrôlée depuis fin mars-début avril par plusieurs groupes jihadistes, dont AQMI.

Les femmes doivent se voiler et dissimuler leur corps sous un vêtement ample. Issouf Sanogo/AFP

« Je déteste comme je suis actuellement, voilée de la tête aux pieds. C’est comme si j’étais en prison », murmure Aïcha, 15 ans, habitante de Gao, ville du nord du Mali sous le joug de salafistes armés qui imposent une application rigoriste de la charia, la loi islamique. « Je déteste ça », insiste-t-elle, assise sur un tabouret, parmi un groupe de jeunes filles dans un quartier de Gao, une des principales villes du vaste Nord contrôlé depuis fin mars-début avril par Ansar Dine, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), el-Qaëda au Maghreb islamique (AQMI), des groupes armés jihadistes.


Toutes les jeunes filles affirment vivre un calvaire depuis l’arrivée de ces salafistes. Au nom de Dieu, elles doivent se voiler, ne laissant paraître que l’ovale du visage, et dissimuler leur corps sous un vêtement ample. Elles ont aussi, comme les hommes, interdiction de fumer, de boire de l’alcool, d’avoir des relations sexuelles hors mariage, d’écouter de la musique occidentale. Une série de nouvelles « règles de vie ». Les « contrevenants » risquent la flagellation, l’amputation ou encore la lapidation.

 

« Nous sommes absolument contre l’application de la charia. Mais on ne peut pas le dire comme ça, publiquement, pour des raisons de sécurité », déclare Mimi, les yeux cachés derrière un voile noir. Sa jeune voisine a fui Gao « parce qu’elle ne supporte plus cette situation. Même à 45 degrés, on est obligé de s’habiller comme s’il faisait froid. Trop, c’est trop ! » s’énerve-t-elle. Fatoumata indique que les jeunes fille de Gao s’envoient des textos pour s’encourager. « Tenons bon, grâce au même Dieu, ça va finir » ou « Nos frères du Sud doivent venir ici nous libérer », lit-on sur des téléphones.


Zénab est encore plus en colère : cette adepte de basket-ball ne peut plus pratiquer son sport depuis près de six mois. « Comment on peut accepter ça dans un pays ? Ces islamistes sont des sauvages ! » s’emporte-t-elle. Toula se souvient du temps où elle pouvait aller avec ses amies laver le linge dans le fleuve Niger, dans la périphérie sud de Gao, et ensuite s’y baigner. « C’était tellement bien ! Aujourd’hui, ces barbares ont tout refusé. Ils ne veulent pas voir les filles se baigner », lance-t-elle. « Nous ne sommes plus libres. C’est tout. Et personne ne peut pour le moment venir nous libérer. (...) Moi, je ne veux pas la charia. Le Mali est un pays laïc, il doit le rester », ajoute-t-elle.
« La non-assistance à personne en danger est aussi un crime », lâche une autre jeune fille anonyme, en s’interrogeant : « Combien de temps ça va durer ? »


À Gao, auparavant une des villes les plus cosmopolites et animées de la région, les habitants n’expriment leur colère qu’en privé par crainte d’un bain de sang face à des occupants armés et prêts à tout. Les islamistes sont accusés par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme d’exactions, dont des viols, esclavage sexuel de jeunes filles et enrôlement de mineurs comme enfants-soldats.

Planification et préparation
Les abus et les violences commis par ces islamistes qui prônent l’application de la charia ont poussé Bamako à demander à l’ONU un feu vert au déploiement de troupes ouest-africaines qui l’aideraient à reconquérir le nord du pays. Le ministère français de la Défense a néanmoins réfuté hier toute idée de « planification militaire » d’une intervention dans le nord du Mali, et réaffirmé que Paris attendait une résolution de l’ONU. Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian avait redit la semaine dernière que la France était prête à apporter « un soutien logistique » à une telle opération, une position à laquelle s’est tenu hier le porte-parole adjoint du ministère, le général Martin Klotz. « Ce sont les autorités militaires de la Cédéao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) qui travaillent sur une planification de leur opération qui devrait aboutir à la Micema », la Mission de la Cédéao au Mali, a-t-il ajouté.


En attendant, le Mali « se prépare » à la guerre, qu’elle soit imminente ou lointaine, pour libérer le Nord : c’est en tout cas le message que faisait passer Bamako hier, malgré la réticence de certains de ses voisins, comme l’Algérie, la Mauritanie ou encore le Niger, d’après une source proche du président Dioncounda Traoré.


(Source : AFP)

« Je déteste comme je suis actuellement, voilée de la tête aux pieds. C’est comme si j’étais en prison », murmure Aïcha, 15 ans, habitante de Gao, ville du nord du Mali sous le joug de salafistes armés qui imposent une application rigoriste de la charia, la loi islamique. « Je déteste ça », insiste-t-elle, assise sur un tabouret, parmi un groupe de jeunes filles dans un...

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