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À La Une - Exposition

Tanya Traboulsi, à une certaine distance de l’intimité...

Invitation à pénétrer dans l’univers intérieur de Tanya Traboulsi qui, à travers 7 séries photographiques présentées chez Art Factum*, ouvre des fenêtres sur ses pensées et émotions. Tout en gardant une certaine distance, intimité oblige !

Autoportrait de la série « You » (Inova Fine Art Paper ; 80 x 80 cm).

Elle a commencé par photographier les scènes musicales underground de Beyrouth et de Vienne avant de ressentir le besoin de s’exprimer de manière plus personnelle. De faire de la photo sur un mode plus intime. C’est-à-dire de consigner en images des sentiments et des impressions. Qu’elle veut bien partager avec le spectateur, mais avec une sorte de réserve pudique qui la porte à flouter le sujet de manière à ce qu’il ne dévoile que... ce que chacun peut en imaginer. 

Venue de la mode (sa formation première) à la photographie par le biais des événements de juillet 2006 – «J’avais instinctivement ressenti le besoin de prendre une caméra pour consigner ce qu’on vivait alors. C’est à partir de là que je me suis lancée dans le reportage photo», dit-elle –, Tanya Traboulsi, férue de musique, a braqué son objectif, durant quelques bonnes années, sur les musiciens en concerts, les foules en délire, les univers sonores de l’underground libanais ou autrichien avant de le tourner vers... elle-même. Et de réaliser ainsi deux séries d’autoportraits au sens propre (paradoxalement intitulées «You» et «Seules») et cinq autres qui, à travers paysages ou portraits de proches mais aussi d’objets, déclinent en «images» des facettes de son univers intérieur.


Sept séries photographiques, majoritairement de format carré moyen, réalisées au moyen de techniques toutes personnelles, tantôt avec un appareil digital, tantôt avec des caméras anciennes (Rolleiflex ou Mamiya), qu’elle présente, jusqu’au 19 octobre, chez Art Factum comme autant de fenêtres ouvertes sur ce qui lui occupe l’esprit. Et ce qui préoccupe beaucoup cette jeune artiste libano-autrichienne c’est, entre autres, la relation entre intimité et intrusion.
«Les gens, en général et partout dans le monde, ont envie de tout savoir sur les autres», relève-t-elle. «À quelle distance doit-on se tenir des autres pour ne pas interférer dans leur intimité? Être trop près ou trop loin change la vision qu’on a des personnes et des choses. De quelle distance faut-il regarder pour voir la réalité d’un sujet? Je veux déclencher, chez celui qui regarde mes photos, des doutes, des incertitudes sur ce qu’il observe», indique Tanya Traboulsi. Poursuivant: «Je voudrais qu’il prenne conscience qu’il est en train de s’interroger et qu’il ne voit dans mes images que ses propres interprétations. Tout cela pour l’amener à la conclusion que le regard n’est jamais objectif et qu’il y a des choses qui, en fin de compte, n’ont pas à être clarifiées. Car elles sont du domaine de l’intime.»
Une intimité qu’elle «explore» dans les sept séries d’œuvres composant cette exposition baptisée «From a Distance». Et qui, des brumeux et mystérieux paysages (Fog) aux poétiques photos abstraites (dans une série labellisée «Inscriptions sur le vide»), en passant par de vaporeuses silhouettes prises en intérieur ou d’énigmatiques et éthérés autoportraits en chrysalide, mais encore des doubles autoportraits (dans lesquels elle se met en scène en dédoublé), évoquent un univers intime, personnel, tout en délicatesse et en sensibilité.


Une douce mélancolie transparaît aussi des clairs-obscurs d’une série intitulée «La fenêtre» comme de «6:10 a.m.», une installation de petites photos tirées d’une séquence vidéo filmée en Super 8 au temps de son enfance et dont l’effet assombri symbolise les inévitables lacunes du souvenir. Et une lénifiante sérénité se dégage d’une suite de portraits d’objets «non aisément identifiables» à travers lesquels Tanya Traboulsi a voulu visualiser la blancheur immaculée du «Silence»!


À travers cet éventail d’œuvres qui privilégient, à la technicité formelle, l’aura et l’émotion, Tanya Traboulsi passe du registre de la photographie de reportage (elle a notamment collaboré avec de nombreuses publications internationales, dont le Chicago Tibune, le Los Angeles Times, le Daily Star ou encore Monocle...) à celui de l’expression artistique. Profonde et introspective.

*La Quarantaine (près Sleep Comfort). Horaires d’ouverture : du lundi au vendredi, de 12h à 19h ; samedi, de 14h à 17h. Tél. 01/443263.

Elle a commencé par photographier les scènes musicales underground de Beyrouth et de Vienne avant de ressentir le besoin de s’exprimer de manière plus personnelle. De faire de la photo sur un mode plus intime. C’est-à-dire de consigner en images des sentiments et des impressions. Qu’elle veut bien partager avec le spectateur, mais avec une sorte de réserve pudique qui la porte à...

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