Citer cette phrase exprimant certaines réalités est, à cent ans près, toujours d’actualité autant au Liban que dans les autres pays. Rosa Luxembourg était une révolutionnaire qui luttait pour des idées bien précises. Pourtant, dans une prison, symbole en soi de malheur et de déprime, elle trouve le moyen d’être heureuse. C’est ce chemin que nous devons suivre, nous Libanais, loin des humeurs politiciennes et de la cruauté de notre quotidien. Vous me direz, certes, que c’est difficile quand on voit la situation actuelle et la dérision dans laquelle nous vivons. Mais il ne faut pas désespérer. Sinon, où cela nous mènera-t-il ? Nous avons maintes fois prouvé que, malgré les guerres et les conflits qui nous entourent, nous sommes capables, par notre volonté de vie, de lutter et de renaître tel le Phoenix de nos cendres.
Regardez les reportages hautement élogieux sur le Liban dans les médias étrangers : nous n’avons jamais été autant au faîte de notre gloire, n’étaient parfois quelques exagérations mal placées sur notre environnement sécuritaire. Je ne dis pas que nous vivons dans une sphère hautement sécurisée, loin de là. Mais nous devons imaginer ce que ça pourrait donner ailleurs. Nous sommes beaucoup mieux lotis que beaucoup de zones dans le monde, même dans les pays dits développés.
Si, comme Rosa Luxembourg, nous analysons notre petitesse face au monde, nous remarquerons que notre bonheur (ou notre malheur), c’est nous qui le construisons et nous ne devons pas attendre pour cela les humeurs partisanes ou les coups de tête de tribus où la loi du talion est de mise. Nous sommes faits pour vivre et pour espérer, et non pas pour geindre continuellement. C’est à nous de prouver au monde combien nous sommes combatifs et non de nous contenter de pointer du doigt les responsables des catastrophes. Car les premiers fautifs ne sont pas ceux que l’on croit, mais bien ceux qui les ont portés aux nues. Donc c’est à nous de voir comment recréer notre bonheur.
Si mes souvenirs sont bons, durant la guerre qui a miné notre pays, notre seule joie était de nous réunir et de constater que nous étions encore vivants. Notre bonheur se limitait à cela, même si l’avenir nous semblait improbable. Pourtant, nous y sommes et il nous incombe de raviver la flamme de vie.
Honnête et touchant, M. Moubarak ; comme l'était Rosa Luxembourg.
01 h 49, le 14 septembre 2012