M. Brahimi a remplacé Kofi Annan, qui a démissionné le 2 août en reconnaissant l’échec de sa mission et en l’attribuant à un manque de soutien des grandes puissances à ses efforts pour mettre un terme au conflit. Le Conseil de sécurité de l’ONU reste très divisé sur la situation en Syrie. La Chine et la Russie ont bloqué trois résolutions condamnant Damas. M. Brahimi a lui-même tenu à ne pas soulever trop d’espoirs, allant jusqu’à se dire « effrayé » par la tâche qui l’attend, tout en tenant à souligner qu’il abordait sa médiation sans idées préconçues.
« La mission de M. Brahimi a peu de chances de réussir », estime également Neil Partrick, spécialiste du Moyen-Orient. « Le gouvernement syrien va parler à M. Brahimi car il a besoin de montrer qu’il est intéressé par les efforts diplomatiques. Cependant, aucune des parties en conflit en Syrie ne semble vouloir de compromis », ajoute-t-il. Pour M. Partrick, une transition négociée à la yéménite semble difficile à atteindre. « Je suis convaincu qu’on est arrivé à la conviction (dans les cercles internationaux) que l’issue du conflit sera décidée sur le terrain et non par la négociation », affirme M. Majed.
Pour le politologue Abdel Wahab Badrakhan, M. Brahimi va pâtir de « l’échec de son prédécesseur Kofi Annan à mettre fin à la violence et à engager un processus de négociation ». « L’arrêt de la violence n’apparaît plus comme une priorité ou une nécessité car tout le monde juge cela désormais impossible », souligne-t-il. Le travail de l’émissaire international « pourrait prendre beaucoup de temps », car M. Brahimi doit « convaincre les parties en conflit de la nécessité d’une solution politique, ce qui semble dans les conditions actuelles extrêmement difficile ». Depuis sa nomination, le diplomate algérien n’a cessé de répéter que l’avenir de la Syrie serait « déterminé par son peuple et par personne d’autre ». Déplorant le nombre « ahurissant » de victimes en Syrie, il a néanmoins demandé le « soutien de la communauté internationale ». Reste, selon M. Badrakhan, la possibilité d’un changement de situation sur le terrain, comme un effondrement de l’appareil répressif syrien, ou dans les positions de pays comme la Russie et la Chine. « Il n’est pas totalement exclu qu’un jour M. Brahimi aille voir le président Assad pour lui dire : il est temps de partir et on est prêt à vous trouver une porte de sortie », dit-il.
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Pourquoi a-t-il accepté une mission qu'il qualifie lui-même d'impossible ?
12 h 10, le 08 septembre 2012