S’il est un fait certain, aux yeux d’un responsable sécuritaire, c’est qu’en dépit de l’ambiance quasiment de chaos que le Liban a vécue depuis la mi-août, la sécurité au Liban reste sous contrôle et n’est pas appelée à connaître une détérioration.
Les états-majors politiques sont, en effet, conscients du fait que tout dérapage est susceptible de conduire à la guerre civile. Or personne n’est disposé à aller jusque-là et c’est la raison pour laquelle tout le monde dresse des garde-fous pour empêcher que la situation n’échappe totalement au contrôle.
Cela pousse ce responsable à certifier qu’il n’y aura pas d’élargissement de l’aire des incidents qui se produisent, le point maximal ayant été atteint par les affrontements de Tripoli.
Cela étant dit, la situation reste extrêmement tendue sur le plan politique et l’on voit les divers protagonistes se livrer à des campagnes virulentes les uns contre les autres.
C’est ainsi que les milieux de l’opposition accusent la Syrie et ses alliés au Liban de tenter de mettre le feu aux poudres dans ce pays pour différentes raisons, et en particulier afin de réduire la pression internationale que subit le régime syrien. Pour ces milieux, il y a en ce moment une campagne en règle, mue par commande à distance, contre le pouvoir libanais. Cette campagne vise le président de la République, Michel Sleiman, le Premier ministre, Nagib Mikati, et le chef du PSP, Walid Joumblatt, accusés tous trois d’agir conformément au projet politique du 14 Mars, soutenu par l’Occident et dirigé initialement contre la Syrie.
Aux yeux de l’opposition, les divers incidents qui se sont produits ces dernières semaines sur le territoire libanais – routes bloquées, pneus brûlés, enlèvements et affrontements provoqués – ne sont que la traduction d’une volonté syrienne, dans la mesure où l’on considère désormais à Damas que le pouvoir libanais en place est hostile à la Syrie.
Face à cette situation, le 14 Mars a décidé de reprendre l’initiative sur le terrain dans le but évident de remobiliser ses troupes. Il devrait, notamment par le biais de ses organisations estudiantines, adopter une série d’actions susceptibles de créer un mouvement revendicatif. Et sur le plan strictement politique, l’opposition s’apprête à agir sur deux fronts : tout d’abord elle compte soumettre au Parlement un mémorandum réclamant la dénonciation du traité libano-syrien et l’abolition du Conseil supérieur formé entre les deux États. Ensuite, sur le front international, on se prépare à envoyer une plainte contre le régime syrien à l’ONU et aux ONG des droits de l’homme sur la question de la privation de liberté de nombreux Libanais détenus dans les prisons syriennes depuis des décennies. Il est question aussi de réclamer la création d’une commission d’enquête internationale sur ce dossier.
Les milieux du 8 Mars, pour leur part, s’en prennent certes à l’opposition, accusée de mettre en péril le Liban par son inimitié envers le régime en place en Syrie. Mais ils s’attaquent aussi au président de la République, à qui il est reproché d’avoir changé de politique depuis son discours du 1er août, prononcé à l’occasion de la fête de l’Armée.
Pour certains responsables du 8 Mars, les propos tenus par Sleiman dans ce discours et ultérieurement montrent un alignement sur les positions du 14 Mars et un abandon de sa part de neutralité et d’indépendance. Ces milieux accusent M. Joumblatt, de par sa virulence contre le régime syrien, d’avoir influencé le chef de l’État et d’être à l’origine de cette nouvelle orientation du pouvoir.
Il est clair que cette campagne contre Baabda et les centristes du gouvernement ne va pas s’arrêter. L’attitude du président Sleiman à la suite de l’affaire Samaha n’a fait que conforter cette tendance. On sait, en effet, que le comportement présidentiel vis-à-vis de cette affaire a suscité la colère de la Syrie et de ses alliés qui espéraient que le chef de l’État escamoterait le dossier et empêcherait les fuites à ce sujet.
Certaines sources ministérielles ne cachent pas leur étonnement à l’égard des critiques adressées au président. Elles y voient une absence de sens national. Un ministre souverainiste se dit surpris de constater que certains s’en tiennent à des questions de pure forme et ignorent délibérément le fond de l’affaire. On a découvert un certain nombre d’engins explosifs dans la voiture de Michel Samaha, souligne ce ministre. La question qui se pose est de savoir qui a posé ces bombes et pourquoi et si M. Samaha était au courant ou pas. Le reste est secondaire.
D’autres sources ministérielles reprochent à certains hommes politiques proches de la Syrie de s’en prendre au président Sleiman et à la politique consistant à tenir le Liban à l’écart de la crise syrienne, tout en s’abstenant d’évoquer la moindre responsabilité de la part de la Syrie dans les violations qui se sont produites à la frontière libanaise.
Pour ces sources, il faudrait que les leaderships politiques, qu’ils soient du 14 ou du 8 Mars, resserrent les rangs derrière le pouvoir et les institutions afin de sauver le pays de toute tentative visant sa sécurité et sa stabilité.
Les états-majors politiques sont, en effet, conscients du fait que tout dérapage est susceptible de conduire à la guerre civile. Or personne n’est disposé à aller jusque-là et c’est la raison pour laquelle tout le monde dresse des garde-fous pour empêcher que la situation n’échappe totalement au contrôle.Cela pousse ce responsable à certifier qu’il n’y aura pas d’élargissement de l’aire des incidents qui se produisent, le point maximal ayant été atteint par les affrontements de Tripoli.
Cela étant dit, la situation reste extrêmement tendue...