Des plus discrets pendant la trêve estivale, le chef du gouvernement, hâlé, combatif, parfois mordant, a été interrogé pendant près d’une demi-heure sur BFMTV-RMC, avant le premier Conseil des ministres d’après-vacances où il a détaillé le calendrier des réformes des prochaines semaines.
Vantant ensuite sur le perron de l’Élysée la capacité du gouvernement à « agir sur toutes les situations d’urgence », il a annoncé que le Parlement rependrait ses travaux « plus tôt que prévu », vraisemblablement dès le lundi 24 septembre, pour une session extraordinaire consacrée à deux projets de loi, sur la création des contrats d’avenir et celle de logements sociaux.
Alors que l’exécutif a été pilonné par la droite et par Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) qui l’accusent d’inaction face aux urgences – principalement sur la Syrie pour la première, sur le social pour le second –, M. Ayrault a fait front.
Au plan intérieur, le Premier ministre a annoncé une diminution, « modeste » et « provisoire », des taxes sur les carburants perçues par l’État, pour faire baisser les prix à la pompe « en attendant de mettre en place un mécanisme » de régulation.
Ce geste, a-t-il dit, permettra au gouvernement « de demander aux producteurs et aux distributeurs leur propre part d’effort ».
Le blocage des prix promis par François Hollande avant son élection ? « Si vous gelez les prix pendant trois mois et que vous les laissez repartir après, vous n’avez rien résolu », a observé M. Ayrault.
En revanche, il a annoncé un doublement du plafond du Livret développement durable, actuellement fixé à 6 000 euros, pour financer les PME, et un relèvement immédiat de 25 % du plafond du Livret A (15 300 euros aujourd’hui). Ce relèvement sera effectif mi-septembre, a précisé à la mi-journée le ministre de l’Économie Pierre Moscovici, et une deuxième hausse de 25 % du plafond est attendue d’ici à la fin de l’année.
Le travail « s’inscrit dans la durée », « le mandat du président de la République c’est cinq ans, c’est pas cent jours », a martelé Jean-Marc Ayrault hier.
Une manière de répondre notamment à Jean-Luc Mélenchon qui avait pourfendu dimanche un bilan, qualifié par lui de « creux », du début du mandat hollandais. Le leader du Front de gauche « devrait avoir un peu plus de lucidité », a suggéré M. Ayrault, se plaisant à rappeler qu’il « n’a même pas été élu député ».
Autre voix critique, sans surprise, celle de Jean-François Copé. Le numéro un de l’UMP a dénoncé les « mesurettes inefficaces » annoncées par le Premier ministre.
De son côté, l’ancien ministre UMP du Logement Benoist Apparu a qualifié de « quasi inexistant » le lien établi entre le relèvement du plafond du Livret A et la construction de logements sociaux. Pour lui, « toucher aux taux d’intérêt aurait une utilité, augmenter les ressources disponibles (du Livret), déjà sous-utilisées, est un non-sens ».
S’agissant du traité budgétaire européen, il a annoncé qu’il serait examiné le 19 septembre en Conseil des ministres et a appelé à la discipline ceux de ses amis qui veulent voter contre le texte : « Je crois que ce n’est pas possible », a-t-il lancé à leur intention.
À la sortie du Conseil, Alain Vidalies, ministre des Relations avec le Parlement, a précisé que ce texte serait débattu « dans la session ordinaire, soit immédiatement le 1er et le 2 (octobre) ou le 8 et le 9. »
Après ce Conseil de rentrée, où a aussi été présenté le décret sur la réduction de 30 % des rémunérations des membres de l’exécutif, la réunion interministérielle consacrée aux Roms à Matignon vise à rééquilibrer l’image du gouvernement sur cette question sensible, après des démantèlements de camps qui ont choqué à gauche.
Le soir, la quasi-totalité du gouvernement devait se rendre à Matignon sous l’œil des caméras pour un dîner de travail destiné à préparer la feuille de route des prochains mois.
(Source : AFP)
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