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Les opposants en Syrie veulent éviter une dérive confessionnelle

Durant ses deux mois de captivité, l'opposant chrétien syrien qui se fait appeler Abou Jad a été violemment frappé par les agents de sécurité pour avoir rejoint la révolte que le régime s'efforce de présenter comme un mouvement islamiste et confessionnel.

Cet homme de 33 ans assure que la rébellion est portée par des Syriens de toutes les communautés tandis que le régime, selon militants et analystes, cherche à la confessionaliser et à se présenter comme la victime d'un complot islamiste dans le but de transformer la révolte en une guerre intercommunautaire.

Selon les opposants, les autorités traitent les détenus non-musulmans de manière aussi cruelle que les sunnites et cherchent à distiller la peur qu'une victoire des rebelles entraînera la disparition des minorités.

"En détention, tout le monde est frappé mais je dois dire que j'ai eu droit à un traitement spécial: ils (les tortionnaires) m'insultaient et injuriaient ma religion. Ils me frappaient sur les bras, spécialement sur celui où est tatouée une croix", assure Abou Jad, qui vit toujours en Syrie et que l'AFP a pu joindre par Skype.

Il a été arrêté, avec des camarades musulmans, après avoir placardé une affiche sur laquelle était écrit: "L'homme ne vit pas seulement de pain mais aussi d'un peu de dignité et de liberté".

En revanche, beaucoup de dignitaires religieux chrétiens ont fait récemment des déclarations en faveur du régime.

Selon le chercheur français Fabrice Balanche, 80% des Syriens sont sunnites, environ 10% sont alaouites dont le chef de l'Etat Bachar al-Assad, 5% chrétiens, 3% druzes et 1% ismaéliens.

Une grande partie de cette dernière communauté, une branche du chiisme comme les alaouites, aurait rejoint la révolution, selon les militants. Samedi, dans leur fief de Salamiyé (centre), les forces de sécurité ont ouvert le feu contre une procession funéraire, faisant des victimes, selon l'opposant ismaélien Iyad al-Salmouné.

"Nos mouvements de protestation visent à infirmer les allégations du régime sur le caractère salafiste du mouvement et c'est pourquoi il essaie d'éliminer toute contestation dans notre ville", assure-t-il.

Pour l'analyste Peter Harling d'International Crisis Group basé à Bruxelles, le conflit est devenu "principalement confessionnel dans le centre de la Syrie, où les alaouites vivent à côté d'autres communautés".

Selon lui, dans certains cas, le conflit peut prendre un caractère confessionnel car "l'appareil sécuritaire reste généralement aux mains des alaouites" et que la terrible répression peut pousser les protestataires à se réfugier dans leur appartenance religieuse.

Cependant, affirme-t-il, les minorités sont loin de soutenir en bloc le régime car ce dernier est incapable de leur offrir des solutions. Chrétiens et druzes sont ainsi divisés au sujet de la révolte, et la majorité des alaouites soutient toujours le régime.

Pour la journaliste et militante druze basée à Damas Mountaha al-Atrache, "le régime a cherché durant des décennies à détruire toute notion de citoyenneté et à pousser les gens à réfléchir de manière confessionnelle".

A Qousseir, dans la province de Homs, assure le militant chrétien Salem, la majorité des non-sunnites de la ville sympathisent avec la révolte, mais ils ont peur de s'exprimer. "Les minorités qui ont rejoint la révolte représentent une épine dans le flanc du régime", dit-il.

Salem admet avoir entendu des slogans confessionnels de la part de gens ayant perdu des proches à Qousseir, mais il cherche à en diminuer la portée, soulignant que "la colère peut conduire au confessionnalisme".

L'écrivain et metteur en scène de télévision Fouad Hmaire soutient que la majorité des alaouites, qu'il connaît, ne se sont pas retournés contre le pouvoir. "Ils ont peur du régime et des islamistes", explique-t-il à l'AFP.

Mais cet alaouite reste attaché à la révolution. "Je veux être traité comme citoyen et non pas comme membre d'une communauté", dit-il, soulignant que le régime cherche "à cantonner chacun dans sa communauté".
Durant ses deux mois de captivité, l'opposant chrétien syrien qui se fait appeler Abou Jad a été violemment frappé par les agents de sécurité pour avoir rejoint la révolte que le régime s'efforce de présenter comme un mouvement islamiste et confessionnel.Cet homme de 33 ans assure que la rébellion est portée par des Syriens de toutes les communautés tandis que le régime, selon...