La saison estivale n’a pas encore commencé que déjà, elle semble menacée par les tensions à caractère explosif qui traversent le Liban.
Pourtant cette année, le ministère du Tourisme a lancé une offensive pour des plages exemplaires. Des plages sûres, sans accidents, propres, où les piscines ne tiendraient plus du bouillon de culture. Et surtout, des plages sans discrimination auxquelles les employés de maison étrangers peuvent avoir accès comme tout le monde.
Tel est le plan du ministère. Et il l’a fait savoir aux propriétaires de piscines et de plages privées, via une circulaire envoyée le 25 avril dernier par Nada Sardouk, directrice générale des affaires touristiques. Tous ne l'ont pas encore reçue, certains établissements n’ayant pas encore ouvert leurs portes.
En neuf points, le ministère fixe les nouvelles règles : garantir la présence obligatoire de maitres-nageurs diplômés ; assurer l’hygiène des locaux, des cuisines et de la piscine au moyen d'examens réguliers ; mettre à disposition des clients de l’eau potable gratuite ; une infirmerie, des bouées de sauvetage et des tours de garde pour les sauveteurs ; afficher la liste des prix à l'entrée après l'avoir fait certifier par le ministère du Tourisme ; disposer d'une entrée et d'une sortie indépendantes pour les jets-ski s'il y en a ; et enfin, recevoir les clients "sans discrimination de race, de nationalité, ou de handicap".
Le texte comprend également une mise en garde aux éventuels contrevenants : "Tout ce qui est mentionné doit être appliqué, et le ministère du Tourisme sera sévère dans l’application de la circulaire et prendra des mesures fermes".
Ola Gerges, chargée de la presse au ministère, reconnaît néanmoins que faire respecter la non-discrimination ne sera pas chose aisée. "Chaque établissement balnéaire a ses propres règles et veut respecter les sensibilités de ses clients pour ne pas les perdre, surtout si l’établissement est de haut standing. Ce sont souvent les clients eux-mêmes qui ne veulent pas que les domestiques se baignent dans les piscines. Le problème tient avant tout à la mentalité libanaise", confie-t-elle à lorientlejour.com.
Pour faire appliquer les mesures de la circulaire, 80 agents de la police touristique et 30 inspecteurs du ministère du Tourisme vont faire des tournées dans les plages et piscines à partir du 1er juin. Les effectifs devraient toutefois augmenter rapidement.
Les propriétaires qui ne respecteraient pas ces nouvelles directives écoperont d'avertissements et d'amendes, dont le montant sera fixé par le juge. S'ils récidivent, alors ce sera la fermeture pure et simple.
Une fermeture, c'est précisément ce qu'attend le Mouvement antiracisme, qui lutte depuis trois ans maintenant contre toutes les formes de discriminations envers les travailleurs migrants au Liban. Et il y a de quoi faire, face aux nombreuses atteintes que subissent les 150.000 salariés étrangers, venus principalement d'Afrique et d'Asie.
Pour Farah Salka, coordinatrice du mouvement, la parution de la circulaire constitue un premier pas bienvenu. "Nous sommes très heureux que le ministère du Tourisme exprime sa volonté d'interdire la ségrégation dans les plages privées, mais le texte n'est pas une véritable loi, et surtout, il faut voir son application sur le terrain. Nous avons besoin de voir un établissement balnéaire fermé pour en faire un exemple et que les autres propriétaires respectent les injonctions. Sans pression financière, rien ne va changer", déplore-t-elle.
A l'annonce de l'envoi de la circulaire, la jeune femme et ses collègues ont décidé d'appeler les gérants de plages et de piscines privées du pays pour faire un bilan de la situation. La majorité des 30 plages contactées n'étaient pas encore ouvertes. Mais au responsable de chacune, les activistes ont posé deux questions.
La première : les travailleurs migrants peuvent-ils entrer dans l'établissement ?
La seconde : les travailleurs migrants peuvent-ils nager dans la piscine ?
Un seul responsable a répondu non aux deux questions.
La moitié des responsables interrogés ont répondu oui à la première question, et non à la seconde. Donc pas de piscine pour les travailleurs migrants étrangers.
Farah Salka explique que dans les cas où les travailleurs migrants sont autorisés à se baigner, c'est pour pouvoir surveiller les enfants dans l'eau. "Personne n'a envisagé la possibilité qu'un travailleur migrant puisse passer sa journée de congé à se détendre à la plage", explique-t-elle.
Au-delà des politiques inhérentes à chaque établissements, les prix d’entrée établissent une véritable barrière sociale. Des tarifs dont se plaignent aussi les Libanais d’ailleurs.
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Pourtant cette année, le ministère du Tourisme a lancé une offensive pour des plages exemplaires. Des plages sûres, sans accidents, propres, où les piscines ne tiendraient plus du bouillon de culture. Et surtout, des plages sans discrimination...
Ces bronzoirs pour tarées du tan n'ont rien à voir avec les plages....malheureusement,le Saint Michel,le saint Simo,l'Acapulco ont été réquisitionnés et ravgés par qui on sait....reste les plages du Sud...les plus belles...mais là,le problème est différent....faudrait être partisan de l'apartheid pour y aller...
07 h 46, le 29 mai 2012