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Lifestyle - Festival de Cannes

Sur la Croisette, l’« amour » jusqu’au bout...

Le cinéaste Michael Haneke présente un film d’une rare puissance émotive servi par un duo d’acteurs exceptionnels.

De gauche à droite : l’acteur Alexandre Tharaud, la comédienne Emmanuelle Riva, le cinéaste Michael Haneke et le comédien Jean-Louis Trintignant.

Michael Haneke est l’un des quatre cinéastes en compétition déjà paré d’une Palme d’or à être revenu à Cannes cette année et il a apporté dans son bagage un film d’une rare puissance émotive, Amour, servi par un duo d’acteurs dont dire qu’ils sont exceptionnels relève du doux euphémisme.
Cet amour est celui que se portent un homme et une femme, deux professeurs de musique à la retraite, à l’hiver de leur vie. Il va être éprouvé par la maladie. Anne va faire deux AVC. Il est hors de question pour Georges qu’elle aille à l’hôpital ou dans une maison de retraite médicalisée. Il va donc s’occuper d’elle. Pour camper les deux octogénaires, Michael Haneke a choisi deux figures historiques du cinéma français, Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant. Le nom d’Emmanuelle Riva restera à jamais lié à Hiroshima mon amour, film d’Alain Resnais, qui avait été montré à Cannes en 1959. Jean-Louis Trintignant a servi aussi bien le cinéma français que le cinéma italien durant son âge d’or. Il obtint le prix d’interprétation masculine à Cannes en 1969 avec Z de Costa Gavras. Mais il se faisait rare sur l’écran noir depuis quelques années.
« Je n’avais pas tourné depuis le film de (Patrice) Chéreau en 1998 (Ceux qui m’aiment prendront le train) et je ne voulais plus faire de cinéma », a-t-il expliqué dimanche en conférence de presse. « C’est parce que Haneke m’a proposé un film (que je suis revenu). C’était une chose trop exceptionnelle. Je pense que Michael Haneke est l’un des plus grands metteurs en scène du monde », a-t-il ajouté. Mais Trintignant a également évoqué un autre motif à son retour devant la caméra. « Je pense que je suis meilleur au théâtre parce que dans les films on se voit. J’ai tourné dans plus de cent films mais c’est peut-être la première fois que je suis content de m’être vu », a-t-il dit, sur le ton de l’humour dont il ne s’est pas départi durant toute la conférence de presse.
Pour Emmanuelle Riva, il n’était pas question de ne pas interpréter ce rôle, en dépit de ses difficultés, ne serait-ce que le fait d’apparaître nue dans l’une des séquences où une aide-soignante lui fait sa toilette. « Sans prétention aucune, j’ai eu la conviction que je pouvais me mettre à la place d’Anne », a-t-elle dit. « Ce fut pour moi un travail d’un grand, grand bonheur, j’ose à peine dire voluptueux, même dans les choses les plus difficiles », a-t-elle ajouté.
Amour est bel et bien un film dont l’objet est tout entier défini par le titre. Il n’est en rien une critique sur le statut des personnes âgées dans la société et la manière dont celle-ci les traite. « Je n’écris jamais un film pour montrer quelque chose », a affirmé le cinéaste, titulaire d’une Palme d’or remportée en 2009 avec Le ruban blanc. « Comment gérer la souffrance », c’est là le thème réel du film, « mais je ne voulais rien dire de particulier sur la société », a-t-il ajouté.
Haneke a longtemps eu la réputation d’un cinéaste traumatisant pour le spectateur. Cette réputation n’est pas usurpée si l’on songe à Funny Games, montré à Cannes en 1997, ou à La pianiste, qui lui valut le Grand Prix en 2001, ainsi qu’un prix d’interprétation féminine à Isabelle Huppert, une habituée de Haneke, qui interprète ici la fille du couple. Mais, selon l’intéressé, elle n’est pas totalement justifiée non plus. « Je ne me pose pas la question de savoir si je peux montrer la violence », a-t-il observé. « Je fais avec la violence la même chose qu’avec l’amour et les autres sentiments », a-t-il ajouté. « Je dois me défendre contre cette opinion voulant que je sois spécialiste de la violence. »
Mise en scène pudique mais très étudiée, sans effet de racolage visuel ou sonore, interprétation à la fois raffinée et profonde, servie par des timbres de voix envoûtants, presque d’un autre âge, concourent à faire d’Amour un pur moment de cinéma, ponctué de passages de Schubert et de Beethoven au piano. Par certains côtés, Amour ressemble à un journal filmé des journées de douleur qui s’égrènent. Mais un cauchemar de Georges et, brusquement, le fantastique s’invite. Un pigeon curieux et peu farouche vient apporter lui une touche d’incongruité. Soulignant à quel point Michael Haneke peut être un réalisateur méticuleux et exigeant, Jean-Louis Trintignant a dit que la scène avait été tournée avec deux pigeons, le premier ayant « craqué », provoquant un vrai fou rire dans la salle de presse.

(Source : Reuters)
Michael Haneke est l’un des quatre cinéastes en compétition déjà paré d’une Palme d’or à être revenu à Cannes cette année et il a apporté dans son bagage un film d’une rare puissance émotive, Amour, servi par un duo d’acteurs dont dire qu’ils sont exceptionnels relève du doux euphémisme.Cet amour est celui que se portent un homme et une femme, deux professeurs...

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