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À La Une - Rencontre

Le rapport de haine et d’amour pour le chant de Simon Alaimo

Pétillant et débordant de vitalité. Allure à la Falstaff mais regard bleu Méditerranée à la Paul Newman, avec cheveux blancs dégarnis pour Simon (en italien, ça s’écrit Simone) Alaimo, un baryton basse. Prix Maria Callas en 1980 pour ce chanteur lyrique sicilien, usant exclusivement la langue de Dante, volubile et chantante, il a triomphé dans Rossini et a campé un époustouflant Attila de Verdi.

Simon Alaimo, une voix qui joue en toute aisance et charme de ses graves et de ses basses. Photo Michel Sayegh

Rencontre avec un chanteur très «Italiano vero», entre deux masters class à Beyrouth, pour quelques bribes de confidences où profession et quotidien ont le vent en poupe...
Invité conjointement par l’Université antonine, le Conservatoire national supérieur de musique, l’Institut culturel italien à Beyrouth et la NDU, Simon Alaimo a sous sa férule, actuellement, un groupe d’élèves (six participants à la parité mixte) qui donneront un concert belcantiste le 12 mai à 20 heures, à l’église Saint-Élie (Kantari).
«Très bonne qualité vocale de ces jeunes, dit le professeur, avec une autorité toute sicilienne. Le plus surprenant, c’est qu’ils sont plus motivés que mes élèves en Italie... »
Par-delà une barbichette d’un blond gris et d’un sourire ravageur, s’enclenche facilement la discussion, à travers une voix qui joue en toute aisance et charme de ses graves et de ses basses, avec un «maestro» qui dit en toute simplicité «avoir toujours chanté, même dans le ventre de ma mère dont toute la famille chante aussi »... Éclat de rire « falstaffien » et flot de paroles pour cerner une carrière de plus d’un tiers de siècle où s’articulent succès et quête pour les rôles les plus convoités.
« Tous les rôles que j’ai voulu interpréter, je les ai faits, dit-il dans un sourire. Il ne reste que Rigoletto, mais il n’est pas de mon registre vocal... »
Pour cette voix puissante qui a donné la réplique ou accompagné plus d’un grand ténor ou diva (Pavarotti, Carreras, Domingo, Montserrat-Caballet, Joan Sutherland), petit retour en arrière pour survoler les premiers concerts, les premières découvertes, les premiers applaudissements.
« De Villabate, près de Palerme, où je suis né, enchaîne Simon Alaimo, j’ai toujours cultivé la musique et le chant, entre gammes de piano et direction de chorale d’église. Mais je précise, j’ai toujours été le soliste du chœur (exquise coquetterie)... jusqu’au jour où un Ave Maria de Schubert lors d’un mariage m’a ouvert les portes de la gloire et de la reconnaissance. J’ai hésité alors pour une carrière entre chant et enseignement. Mais très vite, avec le Don Pasquale de Rossini (je suis aujourd’hui absolument “rossinien”), les rôles se sont succédé et dans mon répertoire il y a aussi bien du Bellini que du Mozart, du Verdi que du Cimarosa, de la musique contemporaine que du baroque ou du romantique. »

Courtisé et invité par les plus grandes scènes internationales
Covent Garden, Opéra de Bastille, San Francisco, Chicago, Dallas, Baltimore, Berlin et Vienne... Simon Alaimo déclare «faire le métier que j’aime et dont j’ai toujours rêvé». «Chanter, pour moi, poursuit-il, est un rapport d’amour et de haine. Amour parce que je satisfais ma passion pour la musique et haine parce que cela me tient éloigné de ma famille... »
Diplômé aussi en littérature italienne, il avoue son plaisir à lire. Ses amis de livres sont ceux d’Annunzio, Pirandello, Verga et Shakespeare. Mais pour en revenir au chant, puisque nous sommes au cœur de la houlette de l’enseignement, quelles sont pour Simon Alaimo les qualités à avoir, pour un postulant, de mériter, sous les ovations, un lever ou une fermeture du rideau de l’art lyrique ?
Sourire carnassier, œil étincelant et index pointé, le baryton-basse lâche ses paroles qui tombent comme un coup de sabre :
« Il faut avoir les quatre as du poker. Primo, avoir de la musicalité ; secondo, la théâtralité; tertio, savoir gérer la carrière à travers médias et collègues ; et quattro, avoir de la voix! La voix est le dernier élément et non le premier ! » À bon entendeur, salut, et oyez, oyez, élèves du monde qui tendez aux sources du savoir...
Rencontre avec un chanteur très «Italiano vero», entre deux masters class à Beyrouth, pour quelques bribes de confidences où profession et quotidien ont le vent en poupe...Invité conjointement par l’Université antonine, le Conservatoire national supérieur de musique, l’Institut culturel italien à Beyrouth et la NDU, Simon Alaimo a sous sa férule, actuellement, un groupe...

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