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Moyen Orient et Monde - Crise

La Grèce à la recherche d’un gouvernement introuvable

Le pays pourrait être contraint d’organiser de nouvelles élections dès le mois de juin.

En Grèce, menacée de paralysie politique, la gauche radicale antiaustérité s’est vue confier hier le casse-tête de former un gouvernement, après l’échec des conservateurs à rallier une majorité favorable à la rigueur dans le nouveau Parlement issu des urnes dimanche.
Au vu de la composition arithmétique de la nouvelle Assemblée, cette mission semble impossible, et le pays, qui continue de s’enfoncer dans la crise, pourrait être contraint d’organiser de nouvelles élections dès juin, estiment la plupart des commentateurs. Et, sur les marchés, les investisseurs craignent que cette instabilité politique ne débouche sur l’arrêt de la poursuite du plan de sauvetage international accordé au pays, et un défaut de paiement à court ou moyen terme.
Inquiétude relancée par les déclarations du président de la Commission européenne José Manuel Barroso qui n’a laissé aucune marge de manœuvre hier à ceux qui, en Grèce, veulent renégocier le « mémorandum » d’accord conclu entre le pays et ses créanciers : les pays les plus en difficulté de la zone euro doivent se plier à une stricte discipline budgétaire sinon c’est le « défaut de paiement », a-t-il dit, après un message de même teneur en provenance de Berlin lundi.
À Athènes, où les deux partis qui avaient consenti à appliquer les mesures d’austérité dictées par UE et FMI sont sortis exsangues de l’élection législative de dimanche, le chef du parti de gauche radicale Syriza Alexis Tsipras s’est vu remettre hier, ainsi que le prévoit la Constitution, un mandat exploratoire de formation d’un gouvernement pour trois jours. Émergeant des urnes comme deuxième parti de Grèce et principal parti antiaustérité après un quasi-quadruplement de son score par rapport à 2009, le Syriza a mené une campagne entièrement opposée aux efforts demandés à la Grèce par ses créanciers, notamment les nouvelles baisses de salaires et retraites attendues. Toutefois, il demande un arrêt d’une partie du paiement de la dette. Sa percée surprise de dimanche traduit de plus une nette poussée à gauche du pays, malgré l’entrée concomitante et fracassante au Parlement d’un ex-groupuscule d’extrême droite d’obédience néonazie, Aube Dorée (Chryssi Avghi). Et, hier, M. Tsipras, qui rejette les conditions « barbares » d’accès aux prêts internationaux fixés par les créanciers du pays UE et FMI, a une nouvelle fois exclu de gouverner avec les deux ex-grands partis Nouvelle Démocratie et Pasok qui avaient accepté la cure d’austérité.
L’autre scénario majoritaire possible, celui d’une association de tous les antiaustérité – qui réunissent 151 sièges, soit la majorité absolue – est de facto exclu aussi, car il impliquerait de gouverner avec Aube Dorée, hypothèse rejetée par tout le monde.
Par ailleurs, M. Tsipras a posé hier le Syriza en fédérateur d’un pôle de gauche. Selon lui, une convergence devra s’axer sur le rejet de nouvelles réductions de salaires et retraites, « l’annulation » des mesures de dérégulation du travail récemment votées, « la mise en place d’un contrôle public sur le système bancaire » et la « création d’une commission internationale de contrôle de la dette ».
Jusqu’à présent, les divisions entre les trois partis de gauche qui détiennent au total 97 sièges freinent aussi la possibilité d’une alliance à gauche toute, la dirigeante historique du KKE, l’un des derniers partis communistes staliniens en Europe, ayant d’emblée exclu toute participation à un gouvernement. « Le pays se dirige vers la catastrophe. S’il n’y a pas un gouvernement d’unité nationale dans les prochains jours, de nouvelles élections semblent inévitables (...) en juin et la victoire du bloc extrême antirigueur de Tsipras est évident », mettait en garde le journal libéral Kathimérini dans son éditorial hier.

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"Aube dorée" néonazie au parlement grec : "L'heure de la peur a sonné"

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