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À La Une - Environnement

Nuage toxique au-dessus de Beyrouth : y aura-t-il, cette fois, des arrestations ?

Vendredi, un épais nuage noir assombrissait le ciel de la capitale et de plusieurs banlieues. Il provenait de l’incendie de centaines de pneus usagés dans un dépôt en plein air près de la décharge de Bourj Hammoud (voir notre édition du samedi 28-dimanche 29 avril). La Défense civile a mis plusieurs heures à venir à bout du sinistre. L’incident a scandalisé la population, mais il est loin d’être isolé. Des habitants interrogés par Greenpeace hier ont assuré que « ces incendies volontaires ont lieu souvent et depuis plusieurs années ». L’organisation précise dans son communiqué que « cette pratique est motivée par l’extraction de fer des pneus incendiés, dans l’objectif de le vendre ».


Le responsable de campagne de Greenpeace au Liban, Rayan Makarem, a estimé que « c’est un exemple scandaleux des crimes écologiques perpétrés au Liban ». « Il est vrai que nous avons évité le pire puisque les flammes n’ont pas atteint les réservoirs de fuel et de pétrole tout proches, a-t-il ajouté. Mais cet incendie n’en demeure pas moins un acte criminel qu’il faut pénaliser comme prévu dans la loi n° 444. »


Abondant dans le même sens, le Congrès national permanent pour l’environnement, représentant officiel de la société civile auprès du ministère de l’Environnement, a publié un virulent communiqué dans lequel il affirme « ne plus vouloir permettre que de tels actes restent impunis ». Le Congrès rappelle que la liste des catastrophes écologiques s’allonge ces derniers mois (incendies d’usines, polluants dans les fleuves...) sans qu’aucun suspect ne soit jamais arrêté et pénalisé. « Cette fois, nous ne voulons pas croire que cet incident est dû au hasard et que le coupable n’a pas de nom, dit le communiqué. Nous voulons connaître les raisons, l’identité des coupables et les conséquences de tels incidents. »
À l’agence al-Markaziya, le ministre de l’Environnement Nazem Khoury a estimé quil y a effectivement « négligence au niveau de la surveillance des sites avant que n’éclatent les incendies ». Il a appelé « les autorités et les organisations locales à rester vigilantes, puisque ces pneus sont jetés dans la décharge depuis longtemps et qu’ils sont incendiés de temps en temps ». « Les habitants des alentours doivent notifier les responsables des irrégularités qu’ils observent avant que l’incendie n’éclate, car il ne sert à rien de demander au ministère d’intervenir après coup », a-t-il souligné.
Le ministre a par ailleurs révélé qu’à partir d’aujourd’hui, lundi, il travaillerait à la création d’un comité ministériel pour les urgences écologiques, si le Conseil des ministres approuve la proposition.

Une pollution très toxique
Entre-temps, l’incendie de vendredi, comme tous ceux qui l’ont précédé, a pollué de manière significative l’atmosphère déjà polluée de la capitale. À cette occasion, il est utile de rappeler combien la fumée qui se dégage de pneus qui brûlent est toxique. Selon une étude publiée par l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis (EPA), intitulée « Émissions atmosphériques résultant de la combustion de pneus usagés », il est écrit que « brûler des pneus constitue une sérieuse menace pour la santé humaine ». Et d’ajouter : « L’étude a montré que les émissions résultant de la combustion des pneus sont extrêmement mutagènes (un agent qui change le génome – en général l’ADN – d’un organisme et élève ainsi le nombre de mutations génétiques au-dessus du taux naturel – les mutagènes sont en général des composés chimiques ou des radiations), bien plus que lors de la combustion d’autres types de déchets. Ces émissions contiennent une quantité significative d’agents carcinogènes (capables de provoquer des cancers) tels que le benzène, le butadiène et le benzopyrène. »


D’autres sources soulignent également que la chlorine contenue dans le fer des pneus libère, lors de la combustion, des dioxines (substances cancérigènes) et des furanes, des substances chimiques extrêmement toxiques (voir www.energyjustice.net/tires).

Vendredi, un épais nuage noir assombrissait le ciel de la capitale et de plusieurs banlieues. Il provenait de l’incendie de centaines de pneus usagés dans un dépôt en plein air près de la décharge de Bourj Hammoud (voir notre édition du samedi 28-dimanche 29 avril). La Défense civile a mis plusieurs heures à venir à bout du sinistre. L’incident a scandalisé la...

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