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Culture - Festival Bipod 2012

« Stocos » ou l’interaction des gestes corporels et sonores

Le son est une vibration. Une onde de molécules d’air résultant du mouvement d’un objet. Le son est donc geste. Corporel et de danse. C’est ce que cherche à démontrer le duo de chorégraphe-danseuse et compositeur ibériques Muriel Romero et Pablo Palacio.

Sur fond de scène, des lignes sonores qui se transforment suivant des trajectoires spatiales associées aux mouvements des danseurs.

Démonstration à l’appui dans Stocos, dernier volet d’une trilogie* entamée en 2007 par le duo espagnol et présentée sur la scène du Madina, dans le cadre du Festival Bipod.
Cette pièce conçue autour de «l’analyse et du développement de l’interaction entre geste sonore et corporel» associe «danse générative, synthèse stochastique du son (d’où le titre inspiré de Stochos) et de l’intelligence artificielle par le biais d’une simulation visuelle interactive du comportement d’essaim», dixit la note
d’intention.
En d’autres termes, moins savants, Stocos confronte le corps, dans son langage primaire, aux technologies numériques les plus futuristes et abstraites pour essayer d’accorder au plus près le mouvement humain et le son.

Abstraction et effets visuels
Intégrant sur scène des abstractions obtenues à partir d’autres disciplines, comme l’intelligence artificielle, la biologie, les mathématiques et la psychologie expérimentale, la succession de solos et duos interprétés par Muriel Romero et Ruth Maroto sont dès le départ sous l’emprise des effets visuels et sonores. Lesquels commencent par «fuser», en lignes noires et bruitages dynamiques, à une célérité impressionnante, sur l’écran blanc du fond de scène. Comme un écheveau qui délie ses fils, ces tracés sonores vont, tour à tour, dessiner des grilles, des échafaudages, des champs de ronces, avant de se rétracter en pelote sombre d’où vont surgir des formes bourdonnantes. Soutenues par des projections visuelles interactives simulant une circulation d’essaim, les mouvements des deux danseuses tentent de suivre le rythme du son et des trajectoires spatiales des petites formes noires.
Tentative de s’arrimer aussi aux faisceaux lumineux qui dessinent sur le sol, d’une blancheur immaculée, des formes encore plus rapides que le son.
Kaléidoscope de mouvements saccadés et souplement désaccordés des deux jeunes femmes pour essayer de capter, de traduire, d’incarner presque, la force sonique qui les traverse.
Jeux d’ombres chinoises, où les contours des silhouettes réelles et virtuelles sont retracés en simultanée.
Faisceau rouge qui, sur bruitage inquiétant de machine à scier, va et vient sur fond d’écran au niveau des têtes des danseuses.
Mouvement des corps qui, au son d’un souffle sonore tempétueux, vont se liquéfier progressivement dans les contours d’une projection de flaque noire qui va engloutir l’espace au sol.
Séquence robotique déglinguée, en gestuelles répétitives et saccadées, suivie d’une chape d’un noir absolu recouvrant l’intégralité de la scène sur un son fracassant et épouvantablement hypnotique.
Puis retour aux faisceaux filamenteux de lumière bleue et verte qui strient et habillent les corps en mouvement des danseuses, les étirent en ombres surdimensionnées dans des effets d’optique d’une absolue séduction. Une virtuosité technologique impressionnante mise au profit d’une performance abstraite d’une belle esthétique, malgré quelques longueurs et répétitions. Mais une pièce qui laisse, au final, peu de place à la danse en tant que telle !

*Avec « Acusmatrix » et « Catexis ».
Démonstration à l’appui dans Stocos, dernier volet d’une trilogie* entamée en 2007 par le duo espagnol et présentée sur la scène du Madina, dans le cadre du Festival Bipod. Cette pièce conçue autour de «l’analyse et du développement de l’interaction entre geste sonore et corporel» associe «danse générative, synthèse stochastique du son (d’où le titre inspiré...

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