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Liban - Le commentaire

Les armes en dehors de l’État : un risque de nouvelle guerre interlibanaise

Peut-on désormais dire que le Liban a complètement exorcisé ses démons de la guerre? Les raisons qui ont poussé les Libanais à la belligérance ont-elles complètement disparu des esprits, à la lumière surtout des divisions qui existent sur des sujets internes aussi bien qu’externes ?


Il est utile de rappeler que les accords de Taëf ont arrêté les guerres menées au Liban et contre le Liban mais n’y ont pas mis un terme final pour la simple raison que cet accord n’a pas été appliqué à la lettre de manière à permettre l’émergence d’un État fort, juste et équitable, après la dissolution des mini-États qui se partageaient le pouvoir dans les différentes régions.


La transition de Taëf n’a pas permis non plus le démantèlement de l’ensemble des milices libanaises et autres, ni la remise de leurs armes à l’État, encore moins l’adoption d’une loi électorale qui puisse permettre une représentation politique juste et équitable de l’ensemble des parties, ou encore le déploiement de l’armée et des forces de l’ordre sur l’ensemble du territoire. Il n’a pas été possible non plus de parvenir à une entente pour l’abolition du confessionnalisme politique, de même que la décentralisation n’a jamais été appliquée et la révision des curriculums pédagogiques ne s’est pas fait, empêchant ainsi la définition d’une politique éducative susceptible de renforcer l’appartenance et de consolider la coexistence par le biais notamment d’un livre d’histoire et d’éducation civique unifié. Ceci, sans mentionner le fait que le Sénat devant représenter les familles communautaires prévu par la nouvelle Constitution n’a jamais vu le jour.


Point n’est besoin de rappeler que l’application de l’accord de Taëf, qu’on espérait voir démarrer dès l’élection du président René Moawad, a été en quelque sorte suspendue après son assassinat et à l’ombre de la tutelle syrienne qui devait s’achever deux ans plus tard, et qui a fini par s’autoproroger sur une période de trente ans, sans que la nouvelle Constitution ne soit totalement appliquée, notamment pour ce qui est du démantèlement des milices.


Il faut également rappeler que la présence palestinienne armée au Liban n’était pas la seule cause du déclenchement de la guerre destructrice, mais plutôt la difficulté de l’émergence d’un État capable de mettre fin à cette présence armée.


À la résistance palestinienne est venue donc se substituer la résistance du Hezbollah, qui se perpétue à ce jour avec pour justification l’occupation de Chebaa, des collines de Kfarchouba et d’une partie du Ghajar, l’État n’ayant toujours pas réussi à prendre en main la responsabilité de la libération et à remettre à l’armée l’arsenal du parti chiite.

 

Tout comme la présence palestinienne armée a fini par mener à une guerre au Liban, il est à craindre aujourd’hui que la persistance d’une résistance armée en dehors de l’État ne conduise un jour à relancer la guerre et à détruire ce qui reste de l’État. D’où la proposition d’un responsable ecclésiastique qui estime que les amis du Liban dans le monde et ceux parmi les Arabes qui sont attachés à l’émergence d’un État fort et solide devraient œuvrer à faire pression sur Israël pour qu’il se retire du reste des territoires libanais occupés. De cette manière, le Hezbollah n’aurait plus aucun prétexte pour garder ses armes et l’accord d’armistice entre les deux pays serait remis en vigueur. Le refus de son retrait prouve qu’Israël n’a aucun intérêt à voir l’État libanais consolidé, les armes du Hezbollah devenant ainsi le prétexte majeur justifiant d’éventuelles agressions contre le Liban.

Peut-on désormais dire que le Liban a complètement exorcisé ses démons de la guerre? Les raisons qui ont poussé les Libanais à la belligérance ont-elles complètement disparu des esprits, à la lumière surtout des divisions qui existent sur des sujets internes aussi bien qu’externes ?
Il est utile de rappeler que les accords de Taëf ont arrêté les guerres menées au Liban et contre...
commentaires (5)

Je suis peut-être un idiot...peut-être un naïf...peut-être tout simplement un Libanais de base...mais malgré son immense erreur de 2008(sans parler de celle de 2006,dont les tenants et les aboutissants sont partagés),je veux croire que le Hezbollah ou du moins ses troupes libanaises,ne se lanceront jamais dans une agression contre le peuple Libanais...je veux dire dans une agression globale...et çà me coûte de dire çà,puisque je ne suis pas un supporter du Hezb ou de Gma...Mais malgré le fakihisme et le programme officiel de ce parti,malgré les errements de Gma,et malgré les provocations salafisto-ekhwanistes de plus en plus patentes,je reste persuadé que l'esprit de Moussa Sadr reste présent....Veuille Dieu que je ne me trompe pas...et que le Hezbollah reste Libanais.(Au demeurant,il pourrait changer de nom et s'appeler Hezb Lebnéne)...Yalla ya Hezb...Lebnéne wou bass

GEDEON Christian

06 h 51, le 17 avril 2012

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Commentaires (5)

  • Je suis peut-être un idiot...peut-être un naïf...peut-être tout simplement un Libanais de base...mais malgré son immense erreur de 2008(sans parler de celle de 2006,dont les tenants et les aboutissants sont partagés),je veux croire que le Hezbollah ou du moins ses troupes libanaises,ne se lanceront jamais dans une agression contre le peuple Libanais...je veux dire dans une agression globale...et çà me coûte de dire çà,puisque je ne suis pas un supporter du Hezb ou de Gma...Mais malgré le fakihisme et le programme officiel de ce parti,malgré les errements de Gma,et malgré les provocations salafisto-ekhwanistes de plus en plus patentes,je reste persuadé que l'esprit de Moussa Sadr reste présent....Veuille Dieu que je ne me trompe pas...et que le Hezbollah reste Libanais.(Au demeurant,il pourrait changer de nom et s'appeler Hezb Lebnéne)...Yalla ya Hezb...Lebnéne wou bass

    GEDEON Christian

    06 h 51, le 17 avril 2012

  • Triste a dire mais nous y allons de plein pied et droit dedans!

    Pierre Hadjigeorgiou

    05 h 20, le 17 avril 2012

  • De l’impossible "libanisme" ! En ces temps d’épidémies de libertés qui partout s'entremêlent, le Libanais est sommé de prendre attitude, de se déterminer par rapport à cette contamination libertaire, voire de se mobiliser pour participer à tous ces credo et ces a priori assénés avec d'autant plus de conviction qu'ils sont éminemment précaires ! Car, qu'il s'agisse des avantages ou des périls des embardées déconcertantes du monde arabe, ou de l'imprédictible avenir de ce pays, il arrive souvent que la modestie de sa compétence en la matière, à ce Simple et Moyen indigène "post-araméen", n'ait d'égale que la véhémence certaine qu’il met à exprimer son avis ! Ce faisant, il tente, certes, de s’aligner sur les myriades d'experts dont les avis se croisent et se décroisent à l’envi ! Et comme ils se contredisent à l'envie, ils lui permettent et sitôt il en profite, de ne choisir dans l'abondance de leurs exégèses que ce qui lui l’arrange, et de négliger tout le reste ! Mais qu'est-ce donc qui fabrique son opinion et la rend si péremptoire, alors que c'est sa précarité en tant que Libanais qui devrait le préoccuper ? Sans doute un indistinct mélange d'intérêts et encore plus d’intérêts, s'inscrivant plus ou moins mais plutôt profondément dans ses gènes "d’Indigène", grand commerçant, certes repu, bedonnant et "rotant" alors que l'avenir de cette contrée crevassée serait plutôt plus qu’aléatoire et déconcertant !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    02 h 52, le 17 avril 2012

  • Ce n'est pas un risque de guerre, c'est la guerre inévitable, maudite soit-elle, qui serait imposée, de nouveau, si cela continue, et si on refuse le DIALOGUE ! Il ne faut pas être un Mnajem Moughrabi pour le comprendre.

    SAKR LEBNAN

    02 h 39, le 17 avril 2012

  • - - L'accord de tAEF qui était déjà mort né , a été bel et bien assassiné avec l'assassinat du président René Moawad , et enterré avec ses principaux architectes pour lesquels il avait été fait sur mesure ! Heureusement que la résistance n'a pas remis ses armes , et ne les remettra jamais , après le passage de Naher el Bared et d'autres identiques scénarios qui se jouent actuellement et depuis plus d'un an en Syrie contre les minorités , après les révolutions Sunnito-Salafisto-Wahabites qui ont réussis ailleurs .. !! Commencez par réclamer les armes aux envahisseurs Palestiniens , aux salafistes de Tripoli du Akkar de Saïda d'Iklim el Kharroub des Druzes de Joumblatt et même ailleurs et dans la capitale , avant de les réclamer à ceux qui ont libéré le pays d'un autre envahisseur !! Merci .

    JABBOUR André

    00 h 34, le 17 avril 2012

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