Le Conseil de sécurité de l'ONU examine l'envoi d'observateurs pour surveiller l'application du plan de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan en Syrie, où les troupes ont été maintenues en force dans les villes, contrairement au plan.
Mais la Russie, alliée de Bachar el-Assad, s'oppose au projet de résolution présenté par l'Occident, rendant difficile un vote vendredi. Le Conseil de sécurité espérait adopter rapidement une résolution envoyant jusqu'à 30 observateurs militaires dès la semaine prochaine en Syrie.
Le plan Annan prévoit, outre la cessation des hostilités, le retrait de l'armée des villes, le "droit de manifester pacifiquement" et un dialogue entre l'opposition et le pouvoir.
Sur le terrain, et plus de 24 heures après l'instauration du cessez-le-feu dans le pays, des dizaines de milliers de Syriens ont défilé, vendredi, contre le régime syrien.
Après l'entrée en vigueur de la trêve, jeudi à 03h00 GMT, conformément au plan Annan, le régime a annoncé cesser toutes ses opérations militaires, mais prévenu qu'il riposterait contre toute attaque de "terroristes". Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a, pour sa part, appelé à poursuivre la mobilisation pour obtenir la chute du président Assad, seul chef d'Etat contesté dans le cadre du Printemps arabe toujours en place.
Pour les militants comme pour les experts, ce vendredi, jour traditionnel de manifestation contre le pouvoir depuis un an, avait valeur de test pour le régime, qui a réprimé pendant plus d'un an la contestation dans le sang. "Dès lors que les troupes sont obligées d'alléger la pression, les Syriens peuvent décider par eux-mêmes de se joindre ou pas à cette révolution populaire", estimait Karim Bitar, chercheur associé à l'IRIS, spécialiste du Proche et Moyen-Orient.
Aujourd'hui, vendredi, l'appel à manifester à été entendu. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a fait état de manifestations dans plusieurs quartiers de Damas, qui ont essuyé des tirs, et de manifestations "massives" dans la région d'Idleb et dans la province de Deraa, berceau de la contestation, dans le sud du pays.
"Le peuple veut la chute du régime", "Nous allons voir les promesses d'Assad de cessez-le-feu", ont scandé des manifestants, qualifiant l'armée de "traître", selon des vidéos mises en ligne par des militants.
L'OSDH a fait également état de la mort de quatre manifestants tués par les forces de sécurité à Hama (centre), ainsi que dans les régions d'Idleb (nord-ouest) et de Deraa (sud). Deux autres civils ont péri, l'un dans la banlieue de Damas par des tirs des troupes et l'autre à Homs (centre) par des obus, selon l'organisation basée en Grande-Bretagne. Deux militaires ont en outre été tués à Alep (nord) et Hama.
Jeudi, l'OSDH avait fait état de 10 morts, dont sept civils, un bilan marquant néanmoins une nette rupture avec ces derniers mois, au cours desquels l'ONG recensait chaque jour plusieurs dizaines de morts.
Par ailleurs, après une journée relativement calme jeudi, des combats à l'arme lourde ont eu lieu vendredi dans la province d'Idleb, à la frontière avec la Turquie, selon l'OSDH, fragilisant un peu plus la trêve. Hier, les combattants de l'Armée syrienne libre (ASL), composée de militaires dissidents et d'opposants armés, s'étaient dits "engagés à 100%" à respecter le cessez-le-feu.
M. Annan a ainsi estimé que Damas n'avait techniquement pas respecté son plan mais que le cessez-le-feu était "une chance à saisir". L'émissaire international a en outre réclamé un "accès humanitaire" en Syrie, le général norvégien Robert Mood, chargé de préparer la mission des observateurs, ayant évoqué un besoin pressant d'"aide humanitaire massive" pour un million de Syriens qui manquent de nourriture, de couvertures et d'eau.
Sur la scène internationale, le scepticisme reste toutefois de mise. Le président français Nicolas Sarkozy a assuré ne pas croire à la "sincérité" de M. Assad, accusé par l'Occident d'avoir failli à ses engagements depuis le début de la crise.
Les Etats-Unis ont pour leur part une nouvelle fois appelé Damas à se conformer à tous les points du plan de transition de Kofi Annan, soutenu par les Nations unies, et ont qualifié le cessez-le-feu de "fragile".
Depuis près de 13 mois, les violences ont fait plus de 10.000 morts, selon l'OSDH, et poussé des dizaines de milliers de Syriens à fuir vers les pays voisins -Turquie, Jordanie et Liban. La Turquie a commencé à recevoir de l'aide internationale pour les réfugiés sur son territoire et la France a annoncé qu'elle envisageait d'envoyer une aide humanitaire à ceux réfugiés en Jordanie.
La Russie a quant à elle annoncé qu'elle allait déployer "en permanence" des navires de sa flotte près des côtes syriennes.
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commentaires (5)
A M. Andre Jabbour, j'use de cette rubrique car il n'y a plus de place dans celle qui concerne les Libanais disparus en Syrie. Je vous remercie de votre gentillesse concernant les compliments que vous me faites et je trouve que vous avez tout a fait raison: M. Wassim Henoud est tres eloquent et convaincant dans ses multiples reponses. Il se base sur la logique et les faits historiques et surtout, il est tres poli et courtois envers ceux qui le contredisent. Bravo!
Michele Aoun
13 h 38, le 13 avril 2012