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Nos Lecteurs ont la Parole - Opinion - Autour du 13 avril

Une guerre qui ne veut pas dire son nom

Ce 13 avril comme chaque année depuis trente-sept ans, le Liban commémore le début de sa guerre civile et régionale, une guerre qui ne veut toujours pas dire son nom.


Certes les initiatives de la société civile fort louables se multiplient, notamment la plus importante, celle d’Offre-joie présidée par le dynamique et dévoué Melhem Khalaf, qui a à cœur chaque année de célébrer de manière symbolique un rituel de paix et de fraternité. Toutefois, la guerre du Liban a été et demeure un choc des cultures religieuses et politiques car le Liban, comme l’a souligné à plusieurs reprises et à juste titre le patriarche Raï, est le pays du « pluralisme culturel, religieux et politique ». Nous ne pouvons évoquer le dialogue des cultures sans envisager parallèlement le choc des cultures, puisque ce sont les deux faces d’une même médaille.


Néanmoins pour lever dès le départ toute ambiguïté, la culture ne se réduit pas à la religion, pas plus que la religion ne se réduit à la culture. La religion est un des quatre piliers anthropologiques de la structuration identitaire collective (Hérodote), mais elle comporte également une dimension métaphysique qui va au-delà de la culture. D’ailleurs, à un certain niveau de transcendance, toutes les religions se retrouvent, dans des versions différentes, autour d’un même message divin, la finalité de la vie étant la même pour tous les humains.


Certes les Libanais ont un patrimoine culturel commun, qui ne se limite pas à leur patrimoine religieux, puisqu’ils partagent par ailleurs une même langue et des mœurs transcommunautaires plus ou moins identiques (usages et coutumes). La difficulté d’une identité pluriculturelle est d’être un conciliateur, entre des aspects divergents et des aspects convergents, de telle manière à ce que la diversité (communautaire) ne menace pas l’unité (nationale).


Il serait bien sûr utopiste, voire absurde, de penser que le conflit libanais d’une rare violence, qui a fait plus de 200 000 morts et tellement de dégâts, serait uniquement le fruit de la manipulation politique et de la culpabilité d’autrui. Le Liban a vécu et continue à vivre sur son sol un choc (et un dialogue) des cultures, avec des divisions intracommunautaires et des alliances transcommunautaires parfois transnationales. Ce qui se déroule actuellement, dans les pays arabes avoisinants et même au sein de l’Occident, accentue cette ambivalence. Les acteurs non arabes régionaux (Turquie, Iran, Israël) renforcent cette tension et participent au rapport de forces. Nous ne pouvons plus exclure avec la mondialisation le fait du choc des cultures, mais nous pouvons par le dialogue tenter de le négocier et de l’aménager. Les relations entre les hommes et les peuples se construisent au quotidien et s’établissent dans la durée.


Il y a un espace à partager, et cela se fait soit par l’appropriation, la négation de l’autre et son élimination, soit par la reconnaissance de l’intégrité émotionnelle et culturelle et le compromis sans cesse renouvelé. Certes le rapport démographique influe sur le rapport géographique, mais une société privée de diversité culturelle et politique ne peut plus évoluer et se verrouille à l’intérieur d’elle-même. Tout processus d’identification réussi est dans la négociation aboutie des paramètres identitaires. C’est une question à la fois éthique et surtout rationnelle.


Le Liban a eu une guerre civile, et une résistance contre la mainmise armée palestinienne, qui a débuté le 13 avril 1975. Le retrait des forces palestiniennes s’est achevé le 3 septembre 1982. Le pays a également connu une résistance contre l’occupation israélienne, qui s’est achevée avec la libération du Sud le 25 mai 2000, ainsi qu’une résistance contre la dictature syrienne, qui s’est achevée le 26 avril 2005. Que ce soit contre la force armée palestinienne, l’armée israélienne ou l’armée syrienne, à chaque fois une violence s’est exercée sur une partie des Libanais, avec parfois l’aval, l’assentiment tacite sinon la complicité tue ou déclarée d’une autre partie des Libanais.
Quelles sont les valeurs culturelles, que tous les Libanais défendent en commun, qui leur appartiennent à tous et les différencient de leur environnement immédiat et lointain ?


Il faudrait relier le 13 avril 1975 au 3 septembre 1982 (retrait palestinien), au 25 mai 2000 (retrait israélien), au 26 avril 2005 (retrait syrien), pour que ce pays commence à se définir, afin de pouvoir enfin se reconstruire.

Ce 13 avril comme chaque année depuis trente-sept ans, le Liban commémore le début de sa guerre civile et régionale, une guerre qui ne veut toujours pas dire son nom.
Certes les initiatives de la société civile fort louables se multiplient, notamment la plus importante, celle d’Offre-joie présidée par le dynamique et dévoué Melhem Khalaf, qui a à cœur chaque année de célébrer de...

commentaires (1)

La dernière phrase de cet article est l'idée majeure. Et c'est cette idée qui permettra d'écrire l'histoire du Liban, juste et objective.

Saleh Issal

03 h 34, le 13 avril 2012

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Commentaires (1)

  • La dernière phrase de cet article est l'idée majeure. Et c'est cette idée qui permettra d'écrire l'histoire du Liban, juste et objective.

    Saleh Issal

    03 h 34, le 13 avril 2012

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