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À La Une - Un peu plus de...

Plaisirs solitaires

Dans un pays où les communautés régissent à peu près tout, où la société est assez intrusive, où la sollicitation est omniprésente, il est de plus en plus difficile d’être seul(e). De se retrouver seul. Sans coup de fil, sans voix, sans personne. Les maisons grouillent de monde, le téléphone sonne sans cesse. Un coup un message, un autre un mail. Les enfants piaillent, les conjoints demandent, exigent, ordonnent. Les enfants gémissent, le conjoint crie, le patron stresse. Les nouvelles technologies n’aidant pas, on se retrouve très vite assailli par des «T’es où?». Bien lové sous sa couette, on n’a pas forcément envie de répondre. Sauf que WhatsApp ou BBM ont marqué que le message a été lu.
Eh, oui... L’être humain a beau vivre en communauté, il a besoin de solitude. D’être en présence de lui-même. De réfléchir, de se remettre en question, de se poser. Certains ont peur de ces moments-là qui les amènent à confronter leurs angoisses, leurs (vieux) démons. C’est probablement une des principales raisons qui les poussent à sortir, à voir des gens, à socialiser. Mais bon, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux. Le boucan intérieur n’a rien d’équilibrant. Et pour avoir un intérieur zen et reposé, il faut que l’extérieur soit propice. Mais comment être seul quand le contexte s’y prête si peu? Quand peut-on trouver une brèche dans la journée pour œuvrer en solo? Comment faire quand on vit à deux, à trois, à quatre ou à sept? Qu’on travaille à vingt? Il y a des gens qui prennent le volant. Font de longs trajets. Longent la mer, vont en montagne, roulent, roulent, roulent, les fenêtres ouvertes, la musique à fond, le téléphone éteint. Ceux qui vont au cinéma l’après-midi. Ceux qui se cachent au fond de leur lit. Heureusement qu’il y a des moments où tout se vide autour. Le matin très tôt quand les enfants sont partis à l’école, le soir quand tout le monde dort. Mais il faut pouvoir veiller tard et surtout ne pas être invité à un quelconque dîner. Dîner qu’il faut zapper avec courtoisie. Comme ça, c’est l’autre qui y va et sans aucune culpabilité, on peut se lover dans le canapé et regarder en solitaire un DVD, du genre Crazy Stupid Love, avec le très sexy Ryan Gosling. Ce moment-là est jouissif, mater un film dans le silence, sans interruption. Et si le téléphone sonne ou qu’il bippe, on répond par un gentil «je suis occupé(e), je te rappelle/je parle avec l’étranger». On est souvent obligé de mentir parce qu’on comprend difficilement qu’au lieu de faire une virée shopping avec des copines, vous préférez rester en pyjama à la maison. Pour ne rien faire que de savourer le silence. Comme quand toute la famille est au ski et qu’on profite de la ville plus calme que d’habitude. Pas besoin de jouer dans la neige pour respirer. Le grand air, c’est surtout le nôtre. On sort seul, accompagné peut-être, mais seul. Parce que, malheureusement, une fois qu’on s’est passé la bague au doigt, on perd très souvent son individualité. Ça ne s’appelle pas ma7bass pour rien. On fait tout à deux. On sort à deux, on déjeune à deux, on dort à deux. Et quand la famille s’agrandit, on fait tout à plusieurs. Tout le temps. Ce n’est pas qu’il faut s’isoler de ses amis ou de sa famille, c’est juste que de temps en temps on n’a pas nécessairement envie de barboter en meute dans la piscine. Seul sous le soleil exactement. Un livre à la main, une musique dans la tête et le soleil sur la peau. De la musique pour s’écarter un peu. Un morceau (en boucle) dans les oreilles quand on travaille dans un open space. S’accorder un petit plaisir (en) solitaire, un voyage au Grand Canyon, une promenade dans les rues de Paris, un déjeuner en terrasse, une nuit devant la cheminée, une virée dans la Békaa, un avant-midi au Sporting, s’asseoir devant les Iris de Van Gogh, prendre son petit déjeuner sur le balcon à 5 heures du matin quand Beyrouth s’éveille, danser sous la douche, végéter sous la couette toute une journée, surfer sur le Net en ne pensant à rien, prendre un verre sur le zinc d’un bar... tout ça est essentiel. Vital. Faut juste se foutre des autres, ne penser qu’à soi. Sans être obligé de dire qu’on est malade quand on n’a pas envie de sortir.
On dit souvent à tort qu’un être seul est en mauvaise compagnie. Être seul est une bénédiction... quand on le choisit.
Dans un pays où les communautés régissent à peu près tout, où la société est assez intrusive, où la sollicitation est omniprésente, il est de plus en plus difficile d’être seul(e). De se retrouver seul. Sans coup de fil, sans voix, sans personne. Les maisons grouillent de monde, le téléphone sonne sans cesse. Un coup un message, un autre un mail. Les enfants piaillent,...

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