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Le 50e voyage

Par Josiane BOULOS
Depuis quelques jours déjà cet hommage trotte dans ma tête. Depuis que les médecins nous ont avertis que la santé de papa s’était détériorée, je l’ai écrit dans ma tête. Je pensais que j’avais cet hommage. Et puis papa est parti. Et un flot d’amour nous a envahis, maman, mon frère, ma sœur, nos enfants et toute la famille. Un amour incommensurable. Qui m’a fait comprendre que papa n’était pas juste pour nous. Papa, c’est aussi Jean-Claude Boulos. Un géant. Je pensais, peut-être naïvement, que nous, les trois enfants et puis les six petits-enfants, avions le privilège immense et unique de nous épanouir à son ombre. Après son départ, je me suis rendu compte que papa ne nous appartenait pas. Et que des milliers s’étaient épanouis sous son ombre. Des étudiants, des collègues, des spectateurs et, bien sûr, des amis. Les messages qui nous sont arrivés par tous les moyens technologiques modernes nous ont prouvé, même si nous n’en avions pas besoin, qu’être la progéniture de ce géant était un cadeau du ciel, une chance inouïe. Il nous a donné plus que de l’amour. Il nous a accompagnés. Montré le chemin, ouvert les voies, encouragé, et nous a appris le véritable sens du mot liberté, tout en restant un homme humble et d’une profonde humanité.
Depuis hier, le Liban est orphelin d’une de ses plus belles âmes. C’est une intelligence vive, un humour irrésistible, une culture sans frontières et un cœur en or qui nous quitte.
Papa a visité 49 pays différents. Son désir ces dernières années était d’ajouter une 50e destination. La voilà. Un voyage vers l’inconnu, peut-être le plus formidable des voyages puisque personne n’en revient. Il s’en est allé faire la fête, inventer des jeux de mots et amuser tout le paradis qui a bien de la chance aujourd’hui.
C’est beau une vie comme celle de Jicebe. Une vie remplie jusqu’à la dernière minute qui laisse un souvenir indélébile. Une vie où on ne regrette rien puisqu’on a accompli ce qu’on voulait et qu’on part la tête haute, la conscience tranquille.
Je sais que ce n’est pas coutume. Mais je sais aussi que ce que je vais vous demander fera de lui le plus heureux des hommes. Ce serait formidable – un adjectif qu’il adorait – qu’il parte sous vos applaudissements, une standing ovation en hommage à cet amoureux de la scène, à ce géant.
Depuis quelques jours déjà cet hommage trotte dans ma tête. Depuis que les médecins nous ont avertis que la santé de papa s’était détériorée, je l’ai écrit dans ma tête. Je pensais que j’avais cet hommage. Et puis papa est parti. Et un flot d’amour nous a envahis, maman, mon frère, ma sœur, nos enfants et toute la famille. Un amour incommensurable. Qui m’a fait...