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À La Une - Crise

Force arabe, immunité... à Tunis, les "Amis de la Syrie" préparent la fin d'Assad

La déclaration finale appelle à l'arrêt "immédiat" des violences ; Pour le CNS, la réunion "n'a pas répondu aux attentes du peuple syrien".

Rencontre entre Hillary Clinton et Saoud el-Fayçal en marge de la conférence de Tunis. Jason Reed/

La communauté internationale, à l'exception de Beyrouth, Moscou et Pékin, s'est réunie aujourd'hui vendredi à Tunis au chevet de la crise syrienne. Les pays de la Ligue arabe, l'Union européenne, les Etats-Unis, la Turquie et différentes composantes de l'opposition syrienne participent à la conférence qui a lieu dans un hôtel de la banlieue nord de la capitale tunisienne. Selon le Conseil national syrien (CNS), une nouvelle réunion des "Amis de la Syrie" se tiendra dans trois semaines à Istanbul.

 

Dans la déclaration finale de la réunion, le groupe de 60 pays a appelé la Syrie à "cesser immédiatement toute forme de violence" afin de permettre l'accès de l'aide humanitaire et s'est "engagé à prendre des mesures pour appliquer et renforcer les sanctions sur le régime". Parmi les sanctions proposées contre le régime de Damas figurent "l'interdiction de voyage des membres du régime, le gel de leurs avoirs, l'arrêt de l'achat des hydrocarbures syriens, la réduction des liens diplomatiques avec le régime syrien".


Le groupe "prend note de la demande faite par la Ligue arabe au Conseil de sécurité de l'ONU de former une force conjointe arabe et des Nations unies de maintien de la paix (...) et a décidé de poursuivre les discussions sur les conditions du déploiement d'une telle force", selon le texte.

Le groupe reconnaît en outre le Conseil national syrien comme " un représentant légitime des Syriens qui cherchent un changement démocratique pacifique" et l'encourage à former un groupe "représentatif" et incluant toutes les sensibilités.
Il s'engage à fournir "un soutien effectif" à l'opposition, sans plus de précisions.

 

 

L'immunité et un refuge à Assad

 

A l'ouverture de la conférence, le ministre tunisien des Affaires étrangères Rafik Abdessalem a déclaré que la communauté internationale va "transmettre un message fort et clair" à Bachar el-Assad pour "arrêter les crimes en Syrie".


Prenant ensuite la parole, le président tunisien Moncef Marzouki a répété à trois reprises son opposition à toute intervention militaire. Il a déclaré que "la situation exige une intervention arabe dans le cadre de la Ligue arabe, une force arabe pour préserver la paix et la sécurité et pour accompagner les efforts diplomatiques pour convaincre Bachar (el-Assad) de partir". M. Marzouki a en outre demandé que soit accordée "l'immunité judiciaire" au président syrien et sa famille, et évoqué un éventuel refuge en Russie pour Assad.

 

Même son de cloche pour le chef de la diplomatie qatarie, Hamad ben Jassem al-Thani. , qui a déclaré qu'une force arabe devrait être créée pour imposer la paix en Syrie et permettre l'acheminement de l'aide humanitaire.

 

Cette proposition doit recevoir l'aval du Conseil de sécurité, a rétorqué le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, indiquant que le sujet n'avait pas été évoqué lors des travaux à huis clos de la conférence internationale sur la Syrie.

 

"Cette conférence devrait prendre des décisions pratiques et donner la priorité à une résolution urgente du Conseil de sécurité sur un cessez-le-feu", a de son côté réclamé le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Elarabi.

 

 


 

Après la réunion de Tunis, les "Amis de la Syrie" se retrouveront

dans 3 semaines à Istanbul. Fethi BELAID/AFP

 

 

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a prévenu ensuite le régime syrien qu'il paierait le "prix fort" s'il s'obstinait à ignorer la voix de la communauté internationale, et offert 10 millions de dollars pour soutenir l'aide humanitaire en Syrie.

Moscou et Pékin "doivent comprendre qu'ils ne se mettent pas seulement en travers des aspirations du peuple syrien, mais également du Printemps arabe", a dit Mme Clinton devant la presse à l'issue de la Conférence.

 

Le président américain Barack Obama s'est lui déclaré prêt à prendre "tous les outils disponibles pour empêcher les massacres" en Syrie, tout en se disant "encouragé" par l'unité internationale qui s'est manifestée à la conférence de Tunis.

 

Le chef de la diplomatie saoudienne Saoud el-Fayçal a estimé par ailleurs que la solution à la crise en Syrie était un transfert du pouvoir "de gré ou de force", comparant le pouvoir du président syrien à un "régime d'occupation".

La délégation saoudienne s'est par ailleurs retirée de la conférence, selon la chaîne al-Arabiya.

 

 

L'autonomie aux kurdes

 

 

Déçu par la réunion des "Amis de la Syrie", Burhan Ghalioun, chef du CNS, a estimé vendredi soir qu'elle n'a pas répondu aux attentes du peuple syrien.

 

Plus tôt, le CNS a promis, si le régime syrien est renversé, d'instituer un conseil présidentiel à la tête de la Syrie et d'accorder à la minorité kurde un gouvernement autonome et une reconnaissance de son identité.

"La nouvelle Syrie sera dotée d'un gouvernement décentralisé, permettant de fait aux autorités locales de prendre le contrôle de leurs affaires", a dit Burhan Ghalioun, selon le texte de son discours devant le groupe des "Amis de la Syrie".

Vivant essentiellement dans l'est de la Syrie, aux confins de la Turquie et de l'Irak, la communauté kurde de Syrie représenterait selon les estimations 10 à 15% des 22 millions d'habitants.

 

 

Parallèlement, le chef de la diplomatie français Alain Juppé a déclaré qu'il considérait le CNS comme "l'interlocuteur légitime" de la communauté internationale. Il a insisté toutefois pour que "toutes les sensibilités soient représentées" dans l'opposition syrienne, notamment les communautés chrétienne et alaouite.

 

 

Pour Damas, ce sont "les ennemis de la Syrie" qui se sont retrouvés à Tunis. "Réunion des ennemis du peuple syrien", "Amis de l'Amérique et d'Israël", "Réunion de soutien au terrorisme en Syrie", pouvait-on lire sur le bandeau de la télévision syrienne qui a diffusé très brièvement l'ouverture de la réunion.

 

Des dizaines de manifestants syriens et tunisiens, mécontents eux-aussi, ont été repoussés par les policiers tunisiens à coups de matraque alors qu'ils tentaient de pénétrer dans l'hôtel où se tient la conférence.

 

 

 Des manifestants prosyriens et la police tunisienne, face à face. FETHI BELAID


 

Des blessés évacués de Homs, les journalistes attendent toujours

 


Des négociations étaient en cours vendredi soir entre le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), les autorités et les opposants syriens pour faire sortir de la ville de Homs deux journalistes occidentaux blessés, la journaliste française Edith Bouvier et le photographe indépendant britannique Paul Conroy, ainsi que les corps de deux autres tués mercredi, L'Américaine Marie Colvin, grand reporter du Sunday Times, et le Français Rémi Ochlik, photographe à l'agence IP3 Press.


Alors que le CICR et le Croissant rouge arabe syrien (CRAS) ont réussi pour la première fois à évacuer sept blessés syriens, le pouvoir syrien a accusé les rebelles d'entraver l'évacuation de la journaliste française blessée, Edith Bouvier, ainsi que les dépouilles des reporters américain et français. Néanmoins le CICR a affirmé que les négociations continuaient sur place à Baba Amr, quartier anti-régime où les journalistes ont péri mercredi dans un bombardement qui a touché un appartement transformé en centre de presse.

 

"Les ambassades de France, de Grande-Bretagne et de Pologne travaillent durement et en étroite collaboration pour sortir du pays les blessés et les corps des deux journalistes tués", avait affirmé dans la matinée à l'AFP un diplomate sous couvert de l'anonymat.

L'ambassadeur de France, Eric Chevallier, a par ailleurs regagné d'urgence son poste jeudi soir, plus de deux semaines après avoir été rappelé pour consultations en raison de la répression, selon un diplomate contacté par l'AFP, qui n'a toutefois pas voulu lier son retour aux tentatives de rapatriement et d'évacuation.

 

Sur le terrain, au moins 53 personnes en majorité des civils ont été tuées dans les violences vendredi en Syrie, où des manifestations antirégime ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes à travers le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

 

Lire aussi :

Le PM du Hamas salue la quête du peuple syrien pour la "liberté"

Les rebelles syriens recevraient déjà des armes en contrebande

La communauté internationale, à l'exception de Beyrouth, Moscou et Pékin, s'est réunie aujourd'hui vendredi à Tunis au chevet de la crise syrienne. Les pays de la Ligue arabe, l'Union européenne, les Etats-Unis, la Turquie et différentes composantes de l'opposition syrienne participent à la conférence qui a lieu dans un hôtel de la banlieue nord de la capitale tunisienne....

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"l'Assadiot" ? Mais les Sains Syriens vont essuyer le sol avec !

Antoine-Serge KARAMAOUN

13 h 54, le 24 février 2012

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Commentaires (2)

  • "l'Assadiot" ? Mais les Sains Syriens vont essuyer le sol avec !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    13 h 54, le 24 février 2012

  • - -Tintarella di luna . Conjuguons le verbe préparer ...

    JABBOUR André

    11 h 26, le 24 février 2012

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