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À La Une - France

À Marseille, Sarkozy accuse Hollande de ne pas aimer la France

Le candidat PS refuse de participer à « un pugilat de cour de récréation ».

Le président français Nicolas Sarkozy chantant « la Marseillaise » à Marseille lors d’un très gros meeting électoral où il a asséné que « quand on aime la France, on a l’obsession de ne pas l’affaiblir ». Éric Feferberg/AFP

Nicolas Sarkozy a durci le ton de sa campagne présidentielle dimanche à Marseille et accusé, sans jamais le nommer, François Hollande de ne pas « aimer la France » ou de mentir aux Français en se présentant en candidat du « peuple contre les élites ».


Devant plus de 10 000 partisans survoltés, le Premier ministre François Fillon, le patron de l’UMP Jean-François Copé, ainsi que son épouse Carla, le président candidat a repris le ton très offensif inauguré jeudi lors de sa première sortie à Annecy pour dénoncer pendant près d’une heure la « faiblesse », les « mensonges » et le manque de « courage » de son rival.


Même s’il a assuré souhaiter « un débat d’une certaine tenue », Nicolas Sarkozy a longuement opposé sa politique, expression de son « amour de la France », aux propositions de son rival socialiste, reflet d’un candidat qui ne l’aime pas. « Aimer la France, c’est refuser d’accepter les 35 heures (...) c’est refuser de promettre la retraite à 60 ans (...) c’est refuser d’augmenter les dépenses et d’augmenter les impôts en pleine crise de la dette (...) c’est refuser d’aborder l’immigration par la seule posture idéologique », a-t-il lancé. « Quand on aime la France, on n’est pas du côté de ceux qui, pour défendre leurs intérêts, bloquent le pays et prennent les Français en otages (...) On a l’obsession de ne pas l’affaiblir (...) on dit la vérité aux Français sur ce que l’on veut faire, sinon on jette le discrédit sur la parole publique », a poursuivi le chef de l’État sous les applaudissements.


Comme il l’avait fait à Annecy, il a illustré son propos en accusant le candidat du PS de double discours sur la finance, d’avoir « fait semblant d’être Thatcher à Londres et Mitterrand à Paris ».


« Où est la vérité quand on dit tout et son contraire ? » a-t-il demandé, fustigeant également l’accord électoral PS/EELV sur la réduction de la part du nucléaire en estimant qu’il équivalait à « voler le travail des ouvriers » de la centrale de Fessenheim « pour glaner quelques voix sur le tapis vert ».
À l’inverse, il a insisté sur son bilan « courageux » face aux crises qui ont marqué son mandat.
« La France a résisté, la France a tenu, et les Français ont fait face (...) Nous avons réussi à éviter la catastrophe », a-t-il répété à plusieurs reprises en renvoyant ceux qui en doutent aux situations de l’« ouvrier grec » ou du « chômeur espagnol ».
S’il a reconnu que leurs effets avaient été « masqués par les dégâts de la crise », le président a également assuré que ses nombreuses réformes avaient permis à la France de « renouer avec ses valeurs », énumérant « travail », « effort », « courage », « intelligence », « responsabilité et autorité ».


Nicolas Sarkozy est également revenu sur sa volonté d’imposer, en cas de victoire, un référendum sur l’indemnisation et la formation des chômeurs et la lutte contre l’immigration illégale.
« Je veux être le candidat du peuple de France. Je ne serai pas le candidat d’une petite élite contre le peuple », a-t-il affirmé, fustigeant « ceux qui pensent que se tourner vers le peuple c’est du populisme ». Parmi ces élites, il a critiqué les banquiers et patrons qui ont « trahi » les valeurs qu’ils devaient défendre en s’accordant des rémunérations qui « défient le sens commun ».


Au nom de ce respect du « peuple », il s’est aussi prononcé pour ajouter « à la marge » d’une dose de proportionnelle pour les législatives, jugeant que le mode de scrutin actuel, majoritaire à deux tours, tenait « à l’écart (...) de grands courants de notre vie politique », allusion au Front national.

 « Un État UMP »
Un « nouveau leurre », a jugé le candidat centriste François Bayrou, pendant que la chef du Front national, Marine Le Pen, résumait l’ensemble du discours du président en reprenant la chanson Paroles de Dalida. « Encore des mots, toujours des mots... », a-t-elle fredonné, avant de lui infliger un « carton rouge ».


Quant au principal intéressé, François Hollande, il a dénoncé la « violence » et l’« agressivité » de M. Sarkozy, traitant les propos de ce dernier par le mépris. « La violence et l’insulte (sont) un signe de faiblesse », a-t-il répliqué sur BFMTV. « Ce n’est pas parce qu’il y en a un qui veut vous chercher dans la cour de récréation que vous êtes obligé d’aller le suivre dans ce pugilat, je m’y refuse », a-t-il asséné, moquant chez le locataire de l’Élysée « une espèce d’obsession, une espèce d’obnubilation par rapport à ma propre candidature. C’est dire s’il y a un peu d’agitation, c’est dans son tempérament, et un peu de légèreté ou d’inquiétude », en a-t-il conclu.


« Moi, je fais en sorte de présenter mon programme, mes idées, ma démarche, ma volonté, mon chemin pour la France. C’est le seul objectif que je me fixe », a assuré M. Hollande, soucieux de se placer au-dessus de la mêlée, tout en n’épargnant pas son adversaire. « Le bilan de Nicolas Sarkozy, les Français le connaissent : son projet, c’est son bilan (...) ce qu’il a dit encore cet après-midi (à Marseille), c’est la justification de ce qu’il avait fait et aucune proposition nouvelle », a-t-il notamment relevé, accusant le chef de l’État d’avoir mis en place « un État UMP », « un vrai système » aussi bien « au niveau du ministère de l’Intérieur, avec un certain nombre d’excès dont les tribunaux sont aujourd’hui saisis », que dans la justice avec « des nominations de procureurs qui ont été des amis du pouvoir ».
« Eh bien nous aurons, sans qu’il y ait de brutalité, sans qu’il y ait d’excès, à remettre l’État républicain à sa place », a promis le candidat PS s’il était élu le 6 mai. « Aucun de ceux qui aujourd’hui exercent des responsabilités et qui sont loyaux n’ont à s’inquiéter mais, en revanche, ceux qui sont liés à ce système auront forcément à laisser la place à d’autres », a-t-il clairement prévenu. La porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, a aussitôt contre-attaqué en accusant M. Hollande de vouloir mener « une chasse aux sorcières », une « purge » chez les hauts fonctionnaires.


Le député de Corrèze s’en est pris également à la proposition de Nicolas Sarkozy d’introduire une part de proportionnelle, soulignant qu’elle « arrive au moment où elle ne peut pas se traduire » avant la fin de son quinquennat. « Il a été président pendant 5 ans, il aurait parfaitement pu introduire la proportionnelle, il ne l’a pas fait. Pire encore, il a fait voter une réforme constitutionnelle en 2008 où il a écarté la proportionnelle. Il a fait un redécoupage des circonscriptions sans introduire de proportionnelle », a-t-il accusé. Mettant en doute la « sincérité » de M. Sarkozy, il l’a soupçonné de vouloir « envoyer des signes » en direction des centristes et du Front national.
Cible de menaces de mort, M. Hollande a aussi affiché sa détermination à ne se laisser « intimider par rien » et à continuer à « aller vers les Français » sans « rien changer ».

Nicolas Sarkozy a durci le ton de sa campagne présidentielle dimanche à Marseille et accusé, sans jamais le nommer, François Hollande de ne pas « aimer la France » ou de mentir aux Français en se présentant en candidat du « peuple contre les élites ».
Devant plus de 10 000 partisans survoltés, le Premier ministre François Fillon, le patron de l’UMP Jean-François...

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