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À La Une - Crise

Pas de répit pour la Libye : les pro-Kadhafi reprennent Bani Walid

Le ministre de l'Intérieur dément et parle de "problèmes internes" à la ville.

Il s'agit des violences les plus graves à Bani Walid depuis la "libération" en octobre 2011 de la Libye après huit mois d'un conflit meurtrier. Photo archives. Joseph Eid/

Des partisans lourdement armés du régime libyen déchu de Mouammar Kadhafi ont pris lundi le contrôle de la ville symbolique de Bani Walid, replongeant le pays dans la violence.


Des fidèles au défunt colonel Kadhafi, armés de mitraillettes et de RPG, ont attaqué en plein jour la base de "la brigade du 28-Mai, la plus importante à Bani Walid et la seule qui dépende du ministère de la Défense", a affirmé à l'AFP un responsable local sur place, M'Barek al-Fotmani. Ils ont ensuite "pris le contrôle de toute la ville", à 170 km au sud-ouest de Tripoli, après l'attaque contre la base, encerclée par des pro-Kadhafi brandissant les drapeaux verts de l'ex-régime, selon lui. Cinq ex-rebelles, dont le commandant de la brigade, y ont péri et une trentaine ont été blessés. 

 

"Les assaillants crient 'Allah, Mouammar, la Libye et c'est tout'! La veille, ils avaient distribué des tracts disant: 'Nous reviendrons bientôt, nous allons mettre les rats dehors'", a affirmé M. al-Fotmani. "J'appelle les thowars de Libye à sauver d'urgence les thowars de Bani Walid. Leurs munitions sont bientôt terminées", a-t-il dit. D'après lui, les blessés n'ont pas pu être évacués car les ambulances n'ont pas été en mesure de les approcher, "des snipers étant positionnés sur l'école et la mosquée" situées à proximité.

 

 

Confirmant le bilan des tués, le ministre libyen de l'Intérieur a toutefois démenti que les violences à Bani Walid soient le fait de partisans de Kadhafi, affirmant qu'il s'agissait de "problèmes internes" à la ville. Le ministre a expliqué que les violences étaient liées à la question des compensations destinées aux personnes affectées par la guerre et qu'"il y a un différend entre deux parties dans la ville sur cette question". "J'espère que les thowars (révolutionnaires) ne vont pas s'engouffrer derrière les informations diffusées par certaines stations" et attendront "la publication d'un communiqué officiel", a-t-il ajouté.

 

Une colonne de fumée s'élevait au-dessus de Bani Walid sans qu'il soit possible de déterminer son origine.
Interrogé sur la situation, un commerçant a affirmé: "Ca y est, nous avons mis les rats dehors", reprenant la terminologie utilisée par Mouammar Kadhafi pour décrire les rebelles.
Un checkpoint tenu à l'entrée de la ville par une dizaine d'hommes armés, équipés d'un canon anti aérien, arborait le drapeau noir, rouge et vert de la révolution mais il n'était malgré tout pas clair s'il s'agissait de partisans des nouvelles autorités ou des anciennes. Ce n'est qu'à 70 km de la ville qu'un barrage des "thowars" (révolutionnaires) a été installé. Aucune autre présence des nouvelles autorités n'était visible.


Selon un membre du Conseil national de transition (CNT), au pouvoir en Libye, les autorités "discutent de la question de Bani Walid". Des forces de l'armée sont en route pour la ville, a indiqué une source militaire.

Le porte-parole du conseil local de Bani Walid, Mahmoud el-Werfelli, a dit à l'AFP craindre "un massacre". "Nous avons demandé l'intervention de l'armée mais le ministère de la Défense et le Conseil national de transition nous ont trahis, ils nous ont laissés entre le marteau et l'enclume. Cela fait deux mois que nous leur demandons de trouver une solution".

 

Il s'agit des violences les plus graves à Bani Walid depuis la "libération" en octobre 2011 de la Libye après huit mois d'un conflit meurtrier. La ville n'était tombée que quelques jours avant la mort dans la ville de Syrte de l'ancien dirigeant, capturé par les révolutionnaires ou thowars.

Elles interviennent au moment où le CNT fait face à la crise politique la plus grave depuis son arrivée au pouvoir. Dimanche, son vice-président, Abdelhafidh Ghoga, a dû démissionner sous la pression de la rue. M. Ghoga, accusé d'être un "opportuniste" et d'avoir fait partie de l'ancien régime, avait été agressé jeudi dernier par des étudiants en colère à l'université de Ghar Younès, à Benghazi. "Nous ne voulons pas que notre pays glisse vers le chaos (...) car cette étape est critique, pas moins critique que celle qui l'a précédée", a-t-il dit à l'AFP après avoir présenté sa démission.


Le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, a exclu une démission du Conseil en mettant en garde contre "une guerre civile".
Le CNT a dû se résoudre à se réunir en secret et à reporter l'adoption de la loi électorale qui régira l'élection d'une assemblée constituante en juin après le saccage samedi de son siège à Benghazi, le berceau de la révolution dans l'est du pays.

Les armes prolifèrent en Libye depuis la fin du conflit, et des incidents banals se transforment régulièrement en affrontements armés. Au moins une personne a ainsi été tuée dans la nuit de dimanche à lundi dans des heurts à Tripoli entre un ex-prisonnier et d'anciens rebelles.


Par ailleurs, la Cour pénale internationale a démenti avoir pris une décision sur la tenue d'un procès de Seif el-Islam Kadhafi en Libye devant un tribunal libyen, contrairement à ce qu'avait annoncé le ministre libyen de la Justice. Fils de Mouammar Kadhafi, Seif el-Islam a été arrêté le 19 novembre 2011 et fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI.

Des partisans lourdement armés du régime libyen déchu de Mouammar Kadhafi ont pris lundi le contrôle de la ville symbolique de Bani Walid, replongeant le pays dans la violence.
Des fidèles au défunt colonel Kadhafi, armés de mitraillettes et de RPG, ont attaqué en plein jour la base de "la brigade du 28-Mai, la plus importante à Bani Walid et la seule qui dépende du...

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