Rechercher
Rechercher

À La Une - Révolte

La Ligue pourrait examiner l’envoi de soldats arabes en Syrie

Assad annonce une troisième amnistie pour les manifestants.

Bachar el-Assad a promulgué hier une amnistie générale pour les personnes impliquées dans la révolte qui secoue la Syrie depuis 10 mois, alors que les manifestations et la répression se poursuivaient à travers le pays. Photo Reuters

Le président syrien Bachar el-Assad a promulgué hier une amnistie générale pour les personnes impliquées dans la révolte qui secoue le pays depuis 10 mois, suscitant le scepticisme sur la crédibilité de ce geste. C’est la troisième amnistie décrétée par M. Assad, après celles des 31 mai et 21 juin, en faveur des personnes détenues en lien avec le soulèvement. Cette amnistie concerne essentiellement des infractions à des lois sur les manifestations pacifiques, le port d’armes ou la désertion de l’armée.

« Les lois sont décrétées mais ne sont pas appliquées », a indiqué Rami Abdel Rahmane, le chef de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), ajoutant que l’organisation disposait de « preuves que plusieurs personnes qui devaient bénéficier de ces mesures sont toujours en détention ». Les Frères musulmans syriens ont également jugé que cette nouvelle annonce n’était « ni crédible ni sérieuse » de la part du régime qui « tente de rendre crédible son projet illusoire de réconciliation et de dialogue national ». Selon la confrérie, quelque 60 000 personnes au total ont été arrêtées depuis le début de la contestation. Ces dernières semaines, les autorités syriennes ont annoncé la libération de plusieurs milliers de détenus impliqués dans « les événements » mais n’ayant « pas de sang sur les mains ».

 

Au niveau diplomatique, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a dénoncé l’inaction de l’ONU : « Le massacre continue, le silence du Conseil de sécurité aussi. Cette situation devient intolérable. » « La Ligue arabe s’était donné jusqu’au 19 janvier pour apprécier la situation, je souhaite fortement qu’elle fasse un constat aussi objectif que possible et qu’elle puisse communiquer ce constat au Conseil de sécurité », a ajouté M. Juppé, redoutant un enlisement de la mission d’observation arabe.

Cette mission, entamée le 26 décembre, devait surveiller l’application du plan de sortie de crise défendu par la Ligue arabe et prévoyant en premier lieu l’arrêt des violences. Or, selon un responsable de l’ONU, 400 personnes ont été tuées dans les deux premières semaines de leur mission. Dans ce contexte, l’émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, s’est dit samedi favorable à l’envoi de troupes arabes en Syrie afin de « mettre fin à la tuerie », la première prise de position en ce sens d’un dirigeant arabe. Et hier, Amr Moussa, ex-secrétaire général de la Ligue arabe et candidat à la présidentielle égyptienne, a estimé que l’organisation devrait « étudier » l’idée d’envoyer des troupes en Syrie. Le nouveau secrétaire général de la Ligue, Nabil al-Arabi, a aussitôt indiqué que cette idée pourrait être examinée lors de la réunion du comité ministériel de la Ligue arabe le 21 janvier au Caire, au cours de laquelle la mission des observateurs, prévue au départ pour un mois, serait « réévaluée ». Le président tunisien, Moncef Marzouki, s’y est en revanche opposé, estimant qu’elle constituerait « un suicide » et conduirait à une « explosion » de tout le Moyen-Orient. De son côté, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a déclaré que les pays occidentaux n’envisagent pas d’intervenir militairement en Syrie. « Nous n’avons pas étudié la possibilité d’une zone d’exclusion aérienne », comparable à celle imposée l’an dernier en Libye, a-t-il dit, précisant que le régime syrien ne dépendait pas de sa force aérienne pour réprimer le mouvement de contestation.

 

Sur le terrain, au moins 11 personnes ont été tuées hier par des tirs des forces de sécurité, huit – dont une femme – à Homs et trois dans le village de Qorqos dans la province de Quneitra, selon l’OSDH. À Homs, un homme, qui était détenu par les services de sécurité depuis le 13 décembre, a été enterré et les corps de deux personnes enlevées, selon des habitants, la veille par des miliciens prorégime ont été découverts, selon la même source. Par ailleurs, six ouvriers ont été tués et 16 autres ont été blessés hier dans l’explosion d’une bombe au passage de leur bus dans la région d’Idleb, selon l’agence SANA. D’après la chaîne satellitaire al-Arabiya, le bilan des morts hier s’élèverait à 33 tués.

 

En outre, des milliers de manifestants ont accueilli les observateurs arabes à Zabadani (près de Damas) et à Maaret al-Naaman, en appelant à la chute du régime, selon l’OSDH. Les opposants syriens veulent que la Ligue arabe, incapable selon eux d’aider à protéger les civils, transmette le dossier à l’ONU. Parallèlement, un général déserteur de l’armée syrienne, qui s’est récemment réfugié en Turquie, va annoncer la création d’un Conseil supérieur militaire pour organiser les opérations contre le régime de Damas et les défections, a affirmé samedi l’un de ses conseillers. Le Conseil supérieur militaire syrien sera présidé par le général Moustapha al-Cheikh, en coopération avec l’Armée syrienne libre (ASL), a précisé le conseiller en communication du général, Fahad Almasri. Enfin, un membre du Parlement, Imad Ghalioun, a annoncé à la chaîne al-Arabiya qu’il a fait défection et rejoint les rangs de l’opposition. Il a espéré que son geste donnerait un élan nouveau au mouvement de contestation.

 

Le président syrien Bachar el-Assad a promulgué hier une amnistie générale pour les personnes impliquées dans la révolte qui secoue le pays depuis 10 mois, suscitant le scepticisme sur la crédibilité de ce geste. C’est la troisième amnistie décrétée par M. Assad, après celles des 31 mai et 21 juin, en faveur des personnes détenues en lien avec le soulèvement. Cette...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut