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À La Une - Syrie

Homs entre espoir et scepticisme

Les observateurs arabes accueillis par près de 70 000 personnes dans la "capitale de la révolution" syrienne.

Selon des vidéos YouTube, nombre de manifestants ont supplié hier les observateurs arabes de se rendre dans certains quartiers de Homs. En vain. Photo al-Jazeera / YouTube

Les observateurs de la Ligue arabe ont débuté hier leur mission en Syrie en se rendant à Homs, désormais surnommée la « capitale de la révolution ». Ils ont commencé leur visite par une rencontre avec le gouverneur, a rapporté la chaîne de télévision syrienne Dounia, prorégime. De source proche de la Ligue, on a indiqué qu’ils comptaient lui dire où ils souhaitaient se rendre, en fonction des demandes d’habitants. Dounia n’a diffusé aucune image des observateurs, qui ont conclu dans l’après-midi leur première journée de visite à Homs en disant vouloir la poursuivre aujourd’hui. La télévision a toutefois affirmé qu’ils s’étaient rendus dans le quartier de Bab Sebaa, « où ils ont évalué les dégâts faits par les groupes terroristes », et qu’ils devaient se rendre plus tard à Hama et Idleb. Les observateurs se sont, eux, déclarés « satisfaits » de leur visite et ont affirmé que « toutes les parties se sont montrées coopératives ».

Il n’en reste pas moins que les opposants craignent que les observateurs dirigés par un général soudanais, Moustafa Dabi, ne soient utilisés pour redonner un zeste de respectabilité à un régime qui cache l’ampleur des violences. Les équipes d’observateurs vont utiliser au cours de leur mission des moyens de transport mis à leur disposition par le gouvernement syrien, a dit le général Dabi. Cette disposition laisse penser à l’opposition que la tâche de ces hommes est entravée et faussée d’entrée de jeu. À la Ligue arabe, on insiste cependant sur le fait que les observateurs comptent maintenir un « élément de surprise » et seront en mesure d’aller où ils le veulent sans préavis.

 

En attendant, ces observateurs ont été accueillis à Homs par quelque 70 000 personnes qui ont manifesté aux quatre coins de la ville, observant notamment un sit-in dans le quartier de Khalidiyé, pour « dénoncer les crimes du régime » Assad, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui a fait état d’autres rassemblements dans les quartiers de Bab Dreib et Jab al-Jandali. Une vidéo diffusée sur YouTube a montré des observateurs, parmi lesquels le chef de la mission, pris à partie par quelques habitants essayant de les convaincre de venir voir ce qui se passe dans leur quartier. Les 70 000 manifestants ont ensuite tenté de pénétrer sur la place al-Saa, la grande place du centre de Homs, mais des agents de la sécurité les ont dispersés en tirant des gaz lacrymogènes. Les forces de l’ordre ont aussi tiré à balles réelles dans une rue menant à la place, a ajouté l’OSDH.

Selon Rami Abdel Rahmane, président de l’OSDH, 11 chars et des véhicules blindés se sont retirés hier du quartier de Baba Amro, théâtre d’intenses bombardements les jours précédents, avant l’arrivée des observateurs. « La délégation des observateurs est entrée à Baba Amro, accompagnée de représentants du gouvernement, mais n’a pas rencontré d’habitants », a-t-il ajouté. Mais le repli des blindés n’est qu’une « ruse », les bombardements pouvant reprendre « en quelques minutes », ont dénoncé M. Abdel Rahmane et les militants de la page Facebook The Syrian Revolution 2011.

Les violences, qui ont fait au moins 5 000 morts en neuf mois selon l’ONU, ont encore coûté la vie à au moins 15 civils, tombés hier sous les balles des forces de l’ordre : six personnes tuées à Homs intra muros, a précisé l’OSDH ; deux, dont un adolescent de 14 ans, dans la province de Homs, un dans celle d’Idleb, deux à Deraa et deux à Douma, près de Damas. L’OSDH n’a pas précisé où ont été tuées les deux dernières victimes.

 

Washington et Paris haussent le ton

Dans le même temps, Tal al-Mallouhi, une blogueuse emprisonnée depuis deux ans, a entamé une grève de la faim pour réclamer sa libération, a annoncé le Centre syrien de la presse et de la liberté d’expression. Et à Damas, relativement épargnée par la contestation jusqu’à présent même si un attentat sans précédent depuis le début de la révolte a fait 44 morts la semaine dernière, un étudiant a ouvert le feu dans l’université, faisant un mort et quatre blessés, a rapporté l’agence SANA. Selon des militants prodémocratie, l’attaque a été le fait de plusieurs étudiants prorégime. SANA a aussi rapporté une attaque « terroriste » contre un gazoduc dans la région de Homs. Toujours selon SANA, à la frontière avec la Turquie, les forces syriennes ont abattu plusieurs individus appartenant à un « groupe terroriste armé » cherchant à s’introduire en Syrie. En Allemagne, un élu vert de Berlin, militant contre le régime syrien, a été attaqué et blessé à son domicile. Son parti a accusé les services secrets syriens et l’affaire est suivie par le ministère allemand des Affaires étrangères. La police de Berlin a également confirmé qu’une plainte pour agression avait été déposée.

Enfin, réagissant hier aux événements des derniers jours, les États-Unis ont accusé le régime syrien d’avoir accru la répression juste avant l’arrivée des observateurs arabes dans le pays. « La situation a été effroyable pendant plusieurs jours durant lesquels la violence a flambé. Bien évidemment, nous condamnons l’escalade de la violence », a indiqué Mark Toner, porte-parole du département d’État. « Ces actes ne sont pas conformes aux conditions énoncées dans le plan de sortie de crise de la Ligue arabe (...) », a-t-il souligné, espérant que les observateurs « se montrent audacieux dans leurs recherches pour établir la vérité quant à ce qui se passe sur le terrain ». Les États-Unis, a-t-il poursuivi, « exigent que les autorités syriennes leur permettent d’avoir accès sans restriction aux Syriens afin de remplir leur mission ».

« L’arrivée de ces observateurs n’est naturellement pas une fin en soi : c’est bien l’ensemble du plan de la Ligue arabe qui doit être mis en œuvre », a prévenu de son côté la France, mettant en garde contre « toute tentative de dissimulation et de manipulation » de la part des autorités syriennes.

(Sources : agences et rédaction)

Les observateurs de la Ligue arabe ont débuté hier leur mission en Syrie en se rendant à Homs, désormais surnommée la « capitale de la révolution ». Ils ont commencé leur visite par une rencontre avec le gouverneur, a rapporté la chaîne de télévision syrienne Dounia, prorégime. De source proche de la Ligue, on a indiqué qu’ils comptaient lui dire où ils souhaitaient...

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