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Économie - Éclairage

L’Argentine est sortie de la crise en rejetant les mesures d’austérité

Nestor Kirchner avait mis en place une politique de relance par la consommation en encourageant le crédit à taux réduits et en multipliant les subventions.
L’Argentine, qui déclarait il y a 10 ans le pire défaut de paiement de l’histoire, est sortie de la crise en rejetant les mesures d’austérité appliquées aujourd’hui dans la zone euro pour sauver la monnaie commune.
« Qu’avons-nous fait alors ? »
a demandé la présidente argentine Cristina Kirchner il y a une semaine, estimant que la crise de la dette européenne était « un miroir de l’Argentine de 2001 ». « Nous avons dit que les morts ne paient pas leurs dettes et que, pour les honorer, il fallait d’abord nous permettre de renouer avec la croissance », a-t-elle dit, rappelant la politique de son prédécesseur et mari Nestor Kirchner (2003-2007), décédé en octobre 2010.
M. Kirchner avait alors mis en place une politique de relance par la consommation en encourageant le crédit à taux réduits et en multipliant les subventions. Cette politique porte ses fruits : depuis 2003, la croissance de l’économie se situe à 8 % en moyenne. À l’exception de l’année 2009 (0,9 %) marquée par la crise internationale. Le taux de chômage est stabilisé autour de 7 %.
« La crise européenne a des similitudes avec la crise de l’Argentine », estime Belen Olaiz, de Abeceb, un institut d’analyses économiques, ajoutant que « les mesures d’austérité et la déflation n’ont montré aucun résultat positif chez les pays de la périphérie de l’Union européenne ». La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a quant à elle réfuté la comparaison, rappelant que les pays européens en crise sont soutenus par leurs partenaires européens. « L’arrimage au dollar est fort différent que le fait d’être dans une union monétaire profondément intégrée », a-t-elle considéré.
Mais pour les analystes, la comparaison demeure intéressante. « Tout comme aujourd’hui les pays de la périphérie européenne, l’Argentine n’avait plus alors le moyen de se financer, ni de quitter le taux de change fixe », souligne Marina Dal Poggetto, directrice chez Bein & Associés. Comme les pays de la zone euro essayent aujourd’hui de sauver leur union monétaire, le pays sud-américain a d’abord tenté de garder une parité instaurée par la loi : 1 peso = 1 dollar. Il a accepté les plans d’austérité du FMI, une longue récession et un chômage en hausse. Mais, le 1er décembre 2001, un gel de tous les dépôts décidé pour stopper les retraits bancaires et empêcher la chute des établissements financiers déclenche la plus grave crise économique et sociale du pays. Lorsque le 5 décembre 2001 le FMI refuse à l’Argentine un prêt de 1,26 milliard de dollars, le pays ne peut plus assumer ses obligations. Le gouvernement déclare le 23 décembre le défaut de paiement le plus important de l’histoire : 100 milliards de dollars.
Plus étonnant encore, l’Argentine écarte ensuite toute négociation avec ses créanciers et impose ses conditions. Elle parviendra à obtenir, en restructurant sa dette, une réduction de 75 %. Or, cette politique de sortie de crise, opposée à celle mise en œuvre dans la zone euro, est difficilement applicable aux pays en difficulté en Europe. « Ce modèle a été possible parce que le monde a changé radicalement, a fait valoir Mme Dal Pogetto. Les prix des matières premières comme le soja (dont l’Argentine est l’un des principaux producteurs au monde) ont quadruplé, le dollar est devenu faible et les taux d’intérêt sont restés bas. »
En outre, ces mesures ont un coût : l’Argentine est devenue un paria sur les marchés et elle a été contrainte de s’autofinancer, puisant dans différentes « caisses » nationales (retraites privées nationalisées, Sécurité sociale, Banque centrale). La politique de subventions se traduit par une augmentation de 35 % par an des dépenses publiques et par une inflation annuelle supérieure à 25 %, difficilement viable à long terme.
(Source : AFP)
L’Argentine, qui déclarait il y a 10 ans le pire défaut de paiement de l’histoire, est sortie de la crise en rejetant les mesures d’austérité appliquées aujourd’hui dans la zone euro pour sauver la monnaie commune.« Qu’avons-nous fait alors ? » a demandé la présidente argentine Cristina Kirchner il y a une semaine, estimant que la crise de la dette européenne...

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