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Culture - Concert

Embruns et fièvre nocturne avec Astor Piazolla

Une revigorante bouffée d’air venue de Buenos Aires. La musique d’Astor Piazzolla, sans le bandonéon, a soufflé dans ses rythmes, ses cadences et ses mélodies sur Beyrouth.

Trio à l’harmonie heureuse et à l’indépendance éloquente et convaincante. Photo Hassan Assal

Embruns, nostalgie, sensualité, liberté et fièvre nocturne sont là en caressantes vagues sonores sous les doigts de trois musiciens des concerts des mardis soir présentés par le Conservatoire national supérieur de musique à l’amphithéâtre Aboukhater (USJ).
Public maigre, mais fidélisé pour ce concert d’une exceptionnelle beauté sonore et d’un choix plus que judicieux, entièrement dédié à Astor Piazzolla, maître du tango argentin.
Sous les feux de la rampe, pour cette intense narration échappée aux plages de Mar del Plata et aux pérégrinations de l’un des plus brillants bandonéonistes, Ondin Brezeanu au violon, Magdalena Sokola au violoncelle et Olga Bolun au piano.
Trio à l’harmonie heureuse et à l’indépendance éloquente et convaincante.
Pour cette randonnée sonore dans les sentiers du monde, les pages les plus vibrantes d’Astor Piazzolla. Des pages considérées aujourd’hui comme culte pour avoir fait les quatre coins de la planète et dont le public a plébiscité la force évocatrice, le lyrisme puissant, la modernité poétique et l’esprit innovateur.
Ouverture en tons rouges pour ce Revolutionario, authentique poing levé, tout en phrases combatives, saccadées et véhémentes. Esprit révolutionnaire qui fond telle une lame de fond et balaye tout sur son passage en des rythmes éruptifs et embrasés.
Avec Oblivion, les effluves des souvenirs se noient avec délice, fragilité et tourmente dans les mémoires encombrées et fatiguées. Oubli lancinant, comme cette musique qui traîne ses mesures sur les traces des gens que la vie blesse. Cette mélodie sinueuse et fluide traîne son sillage comme des pas sur le sable des plages désertes, aux premières lueurs de l’aube, après une nuit de bringue, de came et d’alcool.
Vif et pertinent est cet Escuado qui précède cet Adios Nonino aux tristesses veloutées, palpables comme une poudre d’ailes de papillons. Avec Fuga y misterio zones d’ombre et labyrinthe noir pour des sensations et des impressions difficilement gérables...
Et l’on émerge vers ce lumineux Libertango tissé d’un lyrisme torrentiel et inspiré des mesures à danse, mais où la danse n’est guère une préoccupation majeure. Hymne à la liberté sur une mélodie à la fois chaloupée, prenante et sensuelle.
Pour terminer ce petit tour d’horizon d’un musicien prolifique, élève de Nadia Boulanger et féru aussi bien de jazz que de Jean-Sebastien Bach, une version bien «piazzollaienne» des quatre saisons à Buenos Aires. Un Estaciones portenas qui inclut un somptueux automne roux, un hiver peu frileux, un été torride dardé d’un soleil de plomb et un printemps à la sève exubérante avec glissando sur le clavier, trémolo sous l’archet du violon et chant charnu d’un violoncelle aux tonalités drues.
Passion et irrévérence sont les atouts de cette musique aux lignes d’horizons insaisissables, qui a des rigueurs insoupçonnées dans ses rythmes et cadences et des libertés à faire pâlir tous les «afficianados» du tango. La verve populaire prend ici un sacré coup de jeune et le lifting est décoiffant. Chez Astor Piazzolla et sa musique, les étroites frontières d’un genre confiné à un certain style débordent généreusement dans un concept neuf, évolué et contemporain.
Pas de bis, mais une grande et heureuse salve d’applaudissements pour des musiciens non moins grands et heureux dans leur interprétation parfaitement réussie.
Embruns, nostalgie, sensualité, liberté et fièvre nocturne sont là en caressantes vagues sonores sous les doigts de trois musiciens des concerts des mardis soir présentés par le Conservatoire national supérieur de musique à l’amphithéâtre Aboukhater (USJ).Public maigre, mais fidélisé pour ce concert d’une exceptionnelle beauté sonore et d’un choix plus que judicieux,...

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