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À La Une - Répression

Damas grondé par l'Iran

Trois civils tués par les forces de l'ordre dimanche; Assad nomme deux nouveaux gouverneurs dans les provinces de Damas et d'Idleb.

MM. Ahmadinejad et Assad, à Damas, en septembre 2010. Photo archives/

Les militants pro-démocratie qui se sont félicités du sort du dirigeant libyen déchu Mouammar Kadhafi capturé et tué jeudi après huit mois d'insurrection en Libye, ont appelé à de nouvelles manifestations dimanche dans tout le pays sous le slogan "C'est ton tour", en référence à M. Assad.

 

Le président Assad, de son côté, a promulgué un décret nommant deux nouveaux gouverneurs : Yasser Salmane el-Choufi dans la province d’Idleb (nord-ouest) et Hussein Makhlouf Makhlouf dans la province de Damas, selon la télévision gouvernementale.

 

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé en Grande-Bretagne, la répression du régime s’est poursuivie dimanche. "Deux civils ont été tués dimanche à l'aube par les tirs des forces de sécurité dans la localité d'al-Madiq, dans la province de Hama, et leurs funérailles se sont transformées en une manifestation massive appelant à la chute du régime", a annoncé l'OSDH dans un communiqué. Parallèlement, à Mayadine près de Deir Ezzor, un civil a été tué et deux autres ont été grièvement blessés par les tirs des agents de sécurité, selon la même source.

Des forces militaires et de sécurité sont également entrées dimanche dans des villages de la région de Deraa (sud), berceau de la contestation. "Les forces militaires ont entrepris de lever les barricades posées par les habitants dans les localités de Daël et Ibtaa", a indiqué l'OSDH qui a annoncé que la région de Deraa connaît une grève générale depuis quatre jours.

Samedi, 12 personnes ont péri en Syrie dans la répression de la contestation et dans des accrochages entre militaires et déserteurs présumés. La répression de la révolte populaire, lancée mi-mars, a fait plus de 3.000 morts selon l'ONU.

 

Sur le plan international, l'Iran a durci le ton à l'égard de son allié syrien en "condamnant" explicitement pour la première fois "les morts et les massacres" dus à la répression en Syrie, dans une interview du président Mahmoud Ahmadinejad à la chaîne américaine CNN.

"Nous condamnons les morts et les massacres en Syrie, que les victimes appartiennent aux forces de sécurité, à l'opposition ou à la population", a déclaré M. Ahmadinejad selon une transcription écrite partielle de cette interview en persan diffusée samedi par le site internet de la télévision d'Etat iranienne.

"Nous avons une solution claire pour la Syrie, c'est que toutes les parties s'assoient ensemble autour d'une table et trouvent un accord", a réaffirmé le président iranien qui a appelé à de nombreuses reprises à un tel dialogue au cours des derniers mois. "Toutes ces morts ne peuvent apporter aucune solution, et à long terme elles ne feront que conduire à une impasse", a insisté M. Ahmadinejad.

 

Le durcissement de ton de M. Ahmadinejad intervient alors que la Turquie, autre partenaire important de l'Iran, a coupé les ponts avec les autorités syriennes et insiste pour que Téhéran infléchisse son soutien au régime de Damas.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a indiqué en septembre avoir personnellement évoqué cette question avec M. Ahmadinejad, puis avec un émissaire envoyé à Ankara par le président iranien, à la suite de quoi selon lui "il y a eu un changement dans l'attitude" des dirigeants iraniens.

 

M. Ahmadinejad a toutefois réaffirmé à CNN que la crise syrienne devait être réglée "sans interférence étrangère".

A cet égard, a-t-il souligné, "la position des Etats-Unis n'aidera pas à régler le problème", dans une allusion à la multiplication des déclarations américaines exigeant le départ du président Assad et un "transfert du pouvoir répondant aux aspirations des Syriens".

"Le président Assad doit partir maintenant", a réaffirmé début octobre la Maison Blanche, en soulignant sa volonté de "continuer à essayer de mobiliser la communauté internationale pour soutenir les aspirations démocratiques des Syriens, et faire pression sur le régime Assad avec leurs alliés et leurs partenaires".

 

Téhéran critique depuis longtemps à mots couverts l'incapacité de la Syrie à régler pacifiquement la crise l'opposant à une partie de sa population, mais c'est la première fois que M. Ahmadinejad condamne aussi nettement la violence qui a fait plus de 3.000 morts en sept mois dans ce pays, selon l'ONU.

La Syrie est le principal allié arabe de l'Iran depuis la révolution islamique de 1979, et Téhéran ne cache pas depuis plusieurs mois son inquiétude devant le risque de voir le régime du président Bachar el-Assad emporté par la contestation populaire selon le scénario qui s'est déjà produit en Tunisie, en Egypte et en Libye. Tout en accusant les Occidentaux d'attiser et d'exploiter les troubles en Syrie, Téhéran a plusieurs fois appelé le président Assad à faire les réformes nécessaires pour éviter d'être renversé.

 

Par ailleurs, l'Union européenne va de nouveau appeler dimanche le président Assad à "quitter le pouvoir pour permettre une transition politique", en condamnant la "brutale répression" menée par son régime depuis la mi-mars d'après un projet de déclaration finale, qui doit être adoptée à l'issue d'un sommet des dirigeants européens réunis à Bruxelles.

Les militants pro-démocratie qui se sont félicités du sort du dirigeant libyen déchu Mouammar Kadhafi capturé et tué jeudi après huit mois d'insurrection en Libye, ont appelé à de nouvelles manifestations dimanche dans tout le pays sous le slogan "C'est ton tour", en référence à M. Assad.
 
Le président Assad, de son côté, a promulgué un décret nommant deux nouveaux gouverneurs...

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