Les morceaux s’enchaînent, mélange de musiques jazz, classique, orientale, néoromantique, tantôt d’une violence extrême, tantôt d’une délicatesse exquise. Soudain, s’élèvent les premières notes célestes d’un prélude de Jean-Sébastien Bach qui, petit à petit, va se déformer et devenir une sorte de mécanique grinçante, comme s’il s’agissait d’un jouet cassé que l’on essaye de remonter. Mais la musique universelle de Bach s’accommode de tout et ce duo hallucinant, en symbiose absolue, s’empare des notes, les tord, les malaxe et les restitue avec un brio extraordinaire à un public maintenant bouche bée et totalement conquis.
Les deux interprètes n’hésitent pas à « violenter » leurs pianos, s’en servant comme des percussions, pinçant les cordes sans ménagement, inventant des sons, des couleurs, des rythmes, dialoguant, s’amusant, mais toujours avec une rigueur musicale extrême et une précision redoutable.
Dans le monde musical, Rami Khalifé a réussi à se faire un prénom. Et ce n’est pas chose aisée quand on est le fils de l’immense Marcel. Ce jeune compositeur éclectique, né en 1981, a été l’élève de Abdel Rahman el-Bacha et il est lauréat de nombreux prix internationaux. Il se produit régulièrement à travers le monde, donnant à entendre ses propres œuvres ainsi que celles d’autres compositeurs.
C’est à la Julliard School of Music de New York que Rami Khalifé rencontre Francesco Tristano, avec qui il se produit en duo de pianos. Les deux jeunes interprètes s’y feront remarquer pour la longueur et la virtuosité de leurs improvisations, véritables joutes pianistiques qui, aujourd’hui, trouvent un aboutissement dans le cadre de Pop’Art.
On ne peut que s’émerveiller de la créativité et de la vitalité des compositeurs et des interprètes libanais éparpillés à travers le monde, véritables vecteurs du dialogue entre les différents genres musicaux et les cultures.
Zeina SALEH KAYALI
Chargée de mission à la Délégation du Liban auprès de l’Unesco
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