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Lifestyle - Histoire

Plus de 100 ans après, l’Allemagne restitue à la Namibie les crânes de ses guerriers

Le massacre des indigènes hereros et namas en 1904 est considéré comme le premier génocide du XXe siècle.

Hier, à Windhoek, en Namibie, deux cercueils recouverts du drapeau national ont été accueillis à l’aéroport au son du clairon et encadrés par une haie d’honneur. Brigitte Weidlich/AFP

Plusieurs milliers de Namibiens, dont le Premier ministre, ont accueilli émus hier à Windhoek les crânes de guerriers hereros et namas massacrés en 1904 et rapatriés d’Allemagne après plus de cent ans. Une foule d’environ 4 000 personnes, principalement d’ethnie herero et nama, attendait depuis l’aube sur le tarmac, agitant des drapeaux et des banderoles souhaitant la « bienvenue aux ancêtres, nos héros ».
Lorsque l’avion s’est posé sur la piste hier, les femmes ont poussé des youyous et les hommes des cris de guerre traditionnels. Sur le tarmac, deux cercueils recouverts du drapeau national namibien ont été descendus de l’avion au son du clairon encadrés par une haie d’honneur. Alors que les cercueils étaient chargés sur un véhicule militaire, un petit groupe de Hereros s’est approché pour parler aux ancêtres et leur souhaiter la bonne arrivée. La foule a suivi à bord de centaines de véhicules roulant au pas vers Windhoek, en lente procession derrière les cercueils qui ont été exposés dans les jardins du Parlement pour un dernier hommage de la population. Ils seront veillés par des représentants hereros et namas avant d’être conduits au Carré des héros pour une cérémonie officielle, aujourd’hui, en présence du président Hifikepunye Pohamba.
Le Premier ministre namibien Nahas Angula, venu avec plusieurs ministres, a souligné à l’aéroport que « ces restes humains étaient le témoignage des horreurs de la colonisation et de la cruauté de l’Allemagne envers notre peuple ». « La nation namibienne accepte ces restes pour refermer symboliquement ce chapitre tragique », a-t-il ajouté. L’ambassadeur allemand, présent à l’aéroport, a mis en doute les déclarations d’un chef herero, Kuiama Riruako, qui s’était plaint de l’accueil réservé la semaine dernière par Berlin à la délégation officielle namibienne. « Venir à l’aéroport et se plaindre ne correspond pas toujours à la réalité des faits », a dit Egon Kochanke, qui assistait à la cérémonie d’accueil. La délégation namibienne avait reproché à l’Allemagne de ne pas avoir envoyé de haut représentant lors du service religieux, ainsi que d’avoir refusé de signer un document attestant de la remise des crânes. Elle aurait aussi aimé avoir comme interlocuteur une ministre plus haut placée que la ministre déléguée au Affaires étrangères, Cornelia Pieper.
Les crânes font partie de quelque 300 têtes emportées à des fins « scientifiques » par l’Allemagne, après le massacre d’indigènes namibiens qui avait suivi un soulèvement en 1904 contre les colons allemands dans ce qui était appelé l’Afrique du Sud-Ouest, dominée par Berlin de 1884 à 1915. Beaucoup considèrent ce massacre comme le premier génocide du XXe siècle. Sur 80 000 Hereros vivant alors dans la région, 15 000 ont survécu. Vendredi, en les restituant, Mme Pieper avait exprimé les « profonds regrets » de son pays. En 2004, lors d’une commémoration en Namibie du centenaire, la ministre allemande de la Coopération, Heidemarie Wieczorek-Zeul, n’avait pas hésité à dire que les atrocités « seraient appelées aujourd’hui génocide ». Un mot que Mme Pieper n’a pas prononcé vendredi. Pas plus qu’elle n’a parlé de réparations comme l’ont réclamé une poignée de manifestants qui ont perturbé la cérémonie de remise des crânes, et comme l’a demandé à nouveau hier le chef nama David Frederick.
L’Allemagne verse 600 millions d’euros d’aide annuelle au développement à la Namibie. « Prenez la main tendue par le gouvernement allemand, c’est la main officielle », a déclaré hier l’ambassadeur Kochanke.
              (Source : AFP)
Plusieurs milliers de Namibiens, dont le Premier ministre, ont accueilli émus hier à Windhoek les crânes de guerriers hereros et namas massacrés en 1904 et rapatriés d’Allemagne après plus de cent ans. Une foule d’environ 4 000 personnes, principalement d’ethnie herero et nama, attendait depuis l’aube sur le tarmac, agitant des drapeaux et des banderoles souhaitant la « bienvenue...

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