Le président yéménite a affirmé dimanche lors d'un discours à la nation diffusé par la télévision qu'il était prêt à une transition conformément à l'initiative des monarchies du Golfe. YEMEN TV/
Il a également invité "ceux qui chercher à prendre le pouvoir de s'adresser aux urnes" et s'en est violemment pris à ses détracteurs, "des hors-la-loi" et "des seigneurs de la guerre" qui apportent "un soutien financier et militaire" à el-Qaëda, actif dans le sud du Yémen.
Le président yéménite a toujours refusé de signer lui-même le plan du Golfe, élaboré en concertation avec les États-Unis et l'Union européenne, qui prévoit sa démission en échange d'une immunité et formation par l'opposition d'un gouvernement de réconciliation.
M. Saleh a proposé dans son discours d'organiser à la fois des élections "présidentielle, législatives et locales" en cas d'accord avec l'opposition. Il s'agissait du premier discours télévisé de M. Saleh depuis son retour surprise vendredi à Sanaa, après une absence de plus de trois mois pour des soins en Arabie saoudite à la suite d'une attaque contre son palais.
Les ministres des Affaires étrangères du Conseil coopération du Golfe (CCG), réunis vendredi à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avaient pressé le président yéménite, au pouvoir depuis 33 ans, et qui est confronté depuis janvier à un mouvement de contestation qui réclame son départ et, désormais, sa comparution en justice, de signer "immédiatement" leur plan.
A New York, le Conseil de sécurité des Nations Unies a réclamé un "processus de transition démocratique". Les États-Unis ont également appelé le Yémen à mettre en place "immédiatement" la transition vers la démocratie. La porte-parole du département d’État, Victoria Nuland, a exhorté "le président Saleh à entamer un transfert complet du pouvoir sans retard et à organiser des élections présidentielles avant la fin de l'année dans le cadre de l'initiative du Conseil de coopération du Golfe" (CCG) qu'il refuse de signer.
Dans la capitale, les combats entre les troupes fidèles au président Saleh, notamment la garde républicaine, et les militaires ralliés au mouvement de contestation, ainsi qu'entre tribus loyales et hostiles au chef de l’État, ont fait 174 morts depuis leur déclenchement il y a une semaine à Sanaa. Mais les armes se sont tues samedi après-midi même si les forces militaires rivales étaient toujours fortement déployées à Sanaa.
Des dizaines de milliers de jeunes ont profité de l'arrêt des combats pour organiser dimanche une manifestation visant à réclamer le jugement de M. Saleh. "Liberté, Liberté", "le peuple veut le jugement du boucher", répétaient les manifestants partis de la Place du Changement, épicentre de la contestation à Sanaa, où des jeunes réclamant le départ de M. Saleh campent depuis huit mois.
L'un des meneurs de la manifestation, qui se trouvait sur une camionnette à l'avant du cortège et répétait des slogans dans un haut-parleur, a été tué d'une balle à la tête. Dix-sept autres manifestants ont été blessés et la manifestation s'est dispersée, selon le correspondant de l'AFP.
Par ailleurs, à Taëz (270 km au sud-ouest de Sanaa), trois hommes, dont deux combattants tribaux, ont été tués lors d'affrontements entre des tribus hostiles à M. Saleh et les forces militaires qui lui sont fidèles, selon des sources tribales et médicales. Quatre personnes ont en outre été blessées lorsqu'un obus a touché leur voiture dans le centre de Taëz, qui a été bombardé par l'armée, selon des témoins. La garde républicaine, commandée par Ahmed, fils aîné de M. Saleh, a renforcé ses positions dans cette ville, l'une des premières à s'être soulevées contre le chef de l’État en janvier, et déployé des armes lourdes sur les collines entourant Taëz, selon des habitants.