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Moyen Orient et Monde - Interview

Suu Kyi optimiste mais prudente sur les réformes en Birmanie

La lauréate du prix Nobel de la paix a jugé sincères les efforts du président Thein Sein, sans pouvoir présager de sa réussite à long terme.

Après un demi-siècle de pouvoir militaire, la Birmanie semble entrer dans une ère de réformes prometteuses, estime la célèbre opposante Aung San Suu Kyi, mais la route vers une démocratie authentique et pérenne sera longue et ne passera pas, selon elle, par la violence.
Dans un entretien exclusif avec l’AFP à Rangoun, la lauréate du prix Nobel de la paix a jugé sincères les efforts du président Thein Sein, sans pouvoir présager de sa réussite à long terme. « Il y a eu des changements, mais je ne pense pas que nous soyons encore tous libres ou complètement libres. Il reste pas mal de chemin à parcourir, mais je pense qu’il y a eu des évolutions positives », a-t-elle expliqué dans les locaux délabrés de la Ligue nationale pour la démocratie (LND, dissoute), avec laquelle elle est entrée en politique il y a plus de vingt ans. « J’ai toujours dit que j’étais une optimiste prudente et je le demeure. Je crois vraiment que le président voudrait provoquer des changements positifs, mais savoir à quel point il parviendra à ses fins reste à examiner. »
Rappelons qu’en mars dernier, la junte du redouté généralissime Than Shwe, au pouvoir depuis 1992, s’est autodissoute et a transmis le pouvoir à Thein Sein, l’un des nombreux hauts responsables militaires à avoir abandonné l’uniforme pour diriger ce régime « civil ». Le Parlement issu des élections controversées de novembre a été convoqué, sourd aux critiques qui dénonçaient les irrégularités du vote et l’exclusion de Mme Suu Kyi, libérée seulement une semaine après le scrutin, à la suite de sept ans consécutifs de résidence surveillée. Mais ces dernières semaines, le pouvoir s’est ouvert vers l’opposition.
Thein Sein a reçu Aung San Suu Kyi à Naypyidaw, posant sous une photo du père de l’opposante, le général Aung San, héros de l’indépendance, assassiné en 1947 et unique figure du pays à faire l’unanimité. Rien n’en a filtré. Mais « nous avons beaucoup, beaucoup de choses en commun sur ce que nous voudrions qu’il advienne de notre pays », a-t-elle convenu.
Fidèle à son culte de la non-violence, qui lui a valu d’être comparée au Mahatma Gandhi, l’opposante exclut toute forme de mouvement qui ne serait pas rigoureusement pacifique. « Ce dont nous avons besoin, c’est d’une révolution de l’esprit. Avant que ne changent les attitudes, avant que ne change la perception (des autorités) sur les problèmes qu’ils affrontent, il n’y aura pas de vrai changement. » Une insurrection de type moyen-orientale est donc, pour elle, inadaptée. « Chacun sait que les problèmes en Libye vont durer longtemps. Même s’ils arrivent à se débarrasser de tous les membres de l’ancien régime et établir un nouveau gouvernement, il y aura tellement de difficultés – l’aigreur qui va rester, les plaies qui resteront ouvertes si longtemps. » « Le type de changements que nous souhaitons prend du temps. Et je préférerais que nous réussissions à y parvenir de façon pacifique, par la négociation. »
Celle que ses admirateurs appellent respectueusement la « Dame » se présentera-t-elle en 2015 ? Il est trop tôt pour le dire, a-t-elle tranché. Mais elle est prête à tout. « Je ne réfléchis pas à mon rôle politique en m’imaginant devenir présidente, mais je crois que ces choses-là doivent être décidées par le peuple et non par des individus, ni même par leurs partis. » Le ferait-elle si le peuple le lui demandait ? « Eh bien, je crois que si vous n’êtes pas prêt à ça, si c’est nécessaire, il faut commencer par ne pas entrer en politique. »
             (Source : AFP)
Après un demi-siècle de pouvoir militaire, la Birmanie semble entrer dans une ère de réformes prometteuses, estime la célèbre opposante Aung San Suu Kyi, mais la route vers une démocratie authentique et pérenne sera longue et ne passera pas, selon elle, par la violence.Dans un entretien exclusif avec l’AFP à Rangoun, la lauréate du prix Nobel de la paix a jugé sincères les efforts du président Thein Sein, sans pouvoir présager de sa réussite à long terme. « Il y a eu des changements, mais je ne pense pas que nous soyons encore tous libres ou complètement libres. Il reste pas mal de chemin à parcourir, mais je pense qu’il y a eu des évolutions positives », a-t-elle expliqué dans les locaux délabrés de la Ligue nationale pour la démocratie (LND, dissoute), avec laquelle elle est entrée en politique il y a...
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