Dans son allocution hebdomadaire radiophonique, Barack Obama a prévenu les Américains qu’il leur faudrait fournir « leur part d’efforts » pour réduire le déficit budgétaire. Cette proposition, au moment où les difficultés économiques du pays pèsent sur sa popularité, est de nature à resserrer les liens entre le président et la base électorale du Parti démocrate, mais les recettes tirées de cette taxe devraient être modestes. Dan Pfeiffer, directeur de la communication à la Maison-Blanche, a précisé que l’objectif était de faire en sorte que les contribuables les plus aisés soient au moins autant taxés que les foyers de la classe moyenne.
Le sénateur démocrate de l’Illinois Dick Durbin a estimé que cette proposition était bonne tant qu’elle visait « les personnes riches et aisées et celles qui ne la remarqueront même pas ». Ainsi que l’a souligné Warren Buffett cet été, les riches contribuables sont souvent moins imposés que les classes moyennes du fait de certaines dispositions du code des impôts.
Rappelons que les revenus du capital, comme les dividendes ou les intérêts perçus par les gestionnaires de fonds, sont taxés à 15 % ; les revenus du travail sont taxés, eux, entre 10 et 35 %.
« Alors que les classes pauvres et les classes moyennes se battent pour nous en Afghanistan, alors que la plupart des Américains luttent pour boucler leurs fins de mois, nous les mégariches continuons de bénéficier d’exemptions fiscales extraordinaires », écrivait Warren Buffett dans une tribune publiée le mois dernier dans le New York Times. Le patron du groupe Berkshire Hathaway a calculé que son taux d’imposition était de 17,4 % de ses revenus imposables en 2010, quand ses collaborateurs étaient taxés, eux, entre 33 et 41 %.
Le Parti républicain, majoritaire à la Chambre des représentants, a prévenu de son côté qu’il n’accepterait pas de hausses d’impôts. Le dirigeant républicain au Sénat Mitch McConnell et le président de la commission budgétaire de la Chambre des représentants, Paul Ryan, ont estimé que cette « taxe Buffett » limiterait la croissance et pèserait sur l’investissement des entreprises. « Cela ajoute encore de l’instabilité à notre système, davantage d’incertitude. Cela sanctionne la création d’emplois et ceux qui créent des emplois », a déclaré Ryan sur la chaîne conservatrice Fox News. « La lutte des classes peut être bonne en politique, elle est nulle en économie. »
En proposant l’introduction d’une taxe qui a donc peu de chance d’être retenue par un Congrès divisé, Barack Obama peut être tenté de jouer l’opinion publique contre les parlementaires, dont la popularité est à un niveau historiquement bas. Mais il doit aussi réaffirmer son « leadership » au moment où la note souveraine des États-Unis a été dégradée par l’agence Standard & Poor’s et où les investisseurs attendent des mesures concrètes de réduction de la dette et du déficit budgétaire.
« Si nous ne nous entendons pas sur un minimum (de réduction du déficit), nous jouerons avec le feu », relève William Galston, de la Brookings Institution de Washington. « Si nous ne pouvons pas obtenir au moins 1 200 milliards de dollars, ceux, hors des États-Unis, à qui nous sommes en dernière analyse redevables vont parvenir à des conclusions qui rendront nos emplois et nos vies encore plus difficiles », ajoute-t-il. Au terme de l’accord conclu in extremis cet été pour relever le plafond de la dette, une commission parlementaire spéciale formée de six démocrates et de six républicains doit déterminer au moins 1 200 milliards de dollars d’économies d’ici à la fin de l’année. À défaut de quoi s’appliqueraient des réductions automatiques de la dépense publique décidées dans le cadre de cet accord.
(Source : Reuters)