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CD, DVD - Un peu plus de...

Mauvaise réputation

« Non, les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux. » Ça a toujours été comme ça et ce n’est sûrement pas maintenant que quelque chose va changer, particulièrement, au royaume du Cèdre. « Il/elle a mauvaise réputation. » Sa réputation le/la précède. C’est une salope, un goujat, un voleur, une langue de pute. Une fois que ça vous est tombé dessus, rien n’y fera. Ni votre gueule d’ange, ni un démenti, ni un mea culpa, ni même une visite en bonne et due forme à Mar Charbel, Rafka et Hardini dans la même journée.
Si vous avez mauvaise réputation, c’est généralement ad vitam aeternam. Seul le pedigree pourra vous sauver la face. « C’est un fils de bonne famille. » « C’est la fille d’untel. » Une espèce de Paris Hilton de la haute à qui on pardonnerait les moindres frasques parce qu’elle serait l’héritière d’un empire et parce qu’elle a beaucoup d’argent. Surtout parce qu’elle a beaucoup d’argent. Au Liban, le milieu compte. D’où tu viens, qui tu es, combien tu as, sont les critères de base pour l’exonération d’une mauvaise réputation à la Amy Winehouse. « Il fallait s’y attendre à ce qu’elle crève cette pauvre Amy, avec tout ce qu’elle se foutait dans le nez et dans le sang, elle ne pouvait que terminer comme ça. » Mauvaises langues qui font et défont une réputation. Amy Winehouse était une chanteuse qui s’est trop vite brûlé les ailes. Comme la plupart de ses consœurs, elle a pété un plomb. Y’avait de quoi. Sauf qu’elle n’était pas « fille de ». Si Amy avait été la fille d’un député bien de chez nous, on aurait tu l’histoire, on aurait plaint les parents (sans les blâmer) et on aurait dit que c’est une bien triste histoire. Un voyou planqué dans un costume de businessman, on lui pardonne vite. C’est un fils de... bonne famille. Sauf qu’aujourd’hui, c’est quoi une bonne famille? Et surtout, c’est quoi une mauvaise réputation ? On se base sur quoi ? Sur les interdits sociaux qui sont bravés? Sur une morale judéo-chrétienne somme toute totalement désuète ? Sur une marginalité assumée ? Ah ça, être différent, ça ne pardonne pas. Sauf si. Parce que ça dépend qui fait quoi. Si une jeune femme trompe son mari ou qu’elle le quitte et qu’elle est nantie et qu’elle fait partie de la high, on dira (peut-être) que c’est une jolie histoire d’amour et qu’on ne passe pas à côté d’une histoire d’amour. On l’excusera (peut-être), lui trouvera des prétextes et de bonnes raisons. Mais si c’est la fille du concierge, c’est sûr qu’elle sera cataloguée : femme aux mœurs légères. Il se drogue ? Mais à quoi? Au shit ? À la coke? À la vodka? C’est tour à tour abject ou séduisant, un ivrogne ou un artiste incompris. Tout dépend une fois de plus, qui se cache derrière son vice et/ou sa vertu. C’est dur une mauvaise réputation. Ça se construit en deux temps, trois mouvements. L’origine est parfois fondée, parfois pas. Il peut s’agir d’envie et de jalousie, de commérages et de médisances, de malhonnêteté. De « judgmentalisme », cette attitude qui fait qu’on s’érige en juge à propos de quelqu’un. Intraduisible et pourtant si juste. Ce peut être aussi une e-reputation, due à Facebook entre autres. Photos d’une soirée un peu trop imbibée, un doigt d’honneur (genre gagnant du Loto) au portrait de son boss avec tag à l’appui ou un instantané de nous les pieds dans l’eau alors qu’on s’est fait porter malade. Et puis, on change. On peut avoir déconné dans sa jeunesse, fait de « mauvaises choses », pris la tangente et retrouver ensuite le « droit chemin ». Ahaha. Le droit chemin. C’est « chiant » un chemin droit. Voilà pourquoi il faut savoir jouer et jouir d’une mauvaise réputation. Se dire que ça peut être sexy. Attirant. Intriguant. Les femmes aiment les bad boys, les hommes conquérir les femmes volages. Ça peut même être très bien une mauvaise réputation. Mieux qu’une bonne. Parce qu’une bonne réputation, ça leurre... souvent. Et puis ça met la pression. Elle est gentille, il est bon, c’est une bosseuse, un fils de bonne famille (tiens, impression de déjà-vu). Et puis c’est quoi au juste une bonne réputation? Ça tient sur quoi ? Les apparences ? Les jolis sourires lors de la première communion du quatrième mioche, le beau cadeau offert lors d’un mariage, le gentleman qui ouvre la porte, paye le dîner, la femme dévouée et modeste épouse? Et sur les dires de qui ? Du meilleur ami ou de la tante ? D’un bel article dans la presse ? D’une opinion favorable du public ? Et puis c’est quoi une opinion, si ce n’est une manière de penser, de juger. Alors mieux vaut en jouir que nuire.
« Non, les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux. » Ça a toujours été comme ça et ce n’est sûrement pas maintenant que quelque chose va changer, particulièrement, au royaume du Cèdre. « Il/elle a mauvaise réputation. » Sa réputation le/la précède. C’est une salope, un goujat, un voleur, une langue de pute. Une fois que ça vous est tombé dessus, rien n’y fera. Ni votre gueule d’ange, ni un démenti, ni un mea culpa, ni même une visite en bonne et due forme à Mar Charbel, Rafka et Hardini dans la même journée. Si vous avez mauvaise réputation, c’est généralement ad vitam aeternam. Seul le pedigree pourra vous sauver la face. « C’est un fils de bonne famille. » « C’est la fille d’untel. » Une espèce de Paris Hilton de la haute à qui on pardonnerait les...
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