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À La Une - Procès

Chirac accusé à Paris et Abidjan de financement occulte africain

L'avocat de l'ex-président a aussitôt porté plainte pour diffamation.

L'avocat franco-libanais Robert Bourgi a accusé l'ancien président Jacques Chirac et l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin d’avoir reçu de l’argent de chefs d’Etat africains. Patrick Kovarik/

Un pilier de la « Françafrique », système décrié de réseaux d'influence maintenus par Paris avec ses ex-colonies d'Afrique noire, a allumé un incendie en accusant dimanche Jacques Chirac d'avoir reçu des financements africains occultes. Dans Le Journal du Dimanche, l'avocat franco-libanais Robert Bourgi, 66 ans, décrit avec luxe de détails des remises de fonds émanant de chefs d’État africains –« plusieurs dizaines de millions de francs », « incalculable! » - qu'il aurait réalisées entre 1997 et 2005 auprès de l'ancien président et de celui qui fut son secrétaire général et Premier ministre, Dominique de Villepin.

L'ex-numéro 2 du président ivoirien déchu Laurent Gbagbo a renchéri en affirmant dimanche à l'AFP que quelque trois millions d'euros avaient bien été transférés d'Abidjan à Paris pour financer la campagne pour la réélection de Jacques Chirac en 2002. M. Bourgi « a parfaitement raison », a tranché Mamadou Koulibaly, actuel président de l'Assemblée nationale ivoirienne. A Paris, un membre de l'entourage en France de M. Gbagbo a ajouté que « cela devait éclater un jour ou l'autre ».

L'avocat de M. Chirac, Jean Veil, a aussitot annoncé un dépôt de plainte contre M. Bourgi pour diffamation tandis que M. de Villepin opposait un démenti aux accusations.

L'étonnante confession de M. Bourgi, un homme de l'ombre, coïncide avec la sortie d'un livre-brûlot du journaliste-enquêteur Pierre Péan, « La République des mallettes », décrivant un tourbillon de commissions et rétro-commissions autour de l'homme d'affaires Alexandre Djouhri, ami de M. de Villepin. M. Bourgi aurait commencé la noria de « valises » africaines en mars 1997, « le jour de l'enterrement de mon maître Jacques Foccart », confie-t-il. Jacques Foccart créa, sous de Gaulle, la Françafrique.

« Par mon intermédiaire », « cinq chefs d’État africains -Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Laurent Gbagbo (Côte d'Ivoire), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) et, bien sûr, Omar Bongo (Gabon)- ont versé environ 10 millions de dollars pour cette campagne de 2002 », prétend l'avocat. L'actuel ministre des Affaires étrangères Alain Juppé n'est pas épargné. « L'argent d'Omar Bongo a servi a payé le loyer pendant des années » de son club 89, accuse M. Bourgi.

Pourquoi ces révélations soudaines après un long silence ? « Je veux tourner la page du passé, un passé dont je ne suis pas très fier », dit M. Bourgi. Une explication qui ne convainc pas tout le monde. Il est « scandaleux que M. Bourgi ait attendu que le président Chirac ne soit plus en mesure de se défendre pour soulager son âme délicate », a ironisé Me Veil, en allusion à la maladie dont souffre l'ex-chef de l’État, 79 ans en novembre.

Souvent qualifié de conseiller officieux de Nicolas Sarkozy, M. Bourgi exonère l'actuel président français qui « m'a demandé de travailler pour lui, mais sans le système de financement par +valises+ ». Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a confirmé dimanche que M. Bourgi avait évoqué avec le président Sarkozy « en termes très généraux » la question du financement par des fonds africains d'hommes politiques français. Mais Michel de Bonnecorse, conseiller Afrique de M. Chirac, a assuré à M. Péan que M. Bourgi avait, avant l'élection présidentielle de 2007, déposé une mallette d'argent « aux pieds » de M. Sarkozy. « Il appartient aux autorités judiciaires de faire leur travail », a dit M. Guéant.

Comme il avait qualifié le livre de M. Péan de « fantasmes », M. de Villepin parle à propos de M. Bourgi de « fariboles », d' « écran de fumée », de « volonté de salir la présidence Chirac ».

La dirigeante Marine Le Pen du Front national, le parti d'extrême-droite, s'est empressée de parler de « République pourrie jusqu'en son centre ». Le Parti socialiste, principal parti d'opposition, a demandé de son coté l'ouverture immédiate d'une information judiciaire.

Un pilier de la « Françafrique », système décrié de réseaux d'influence maintenus par Paris avec ses ex-colonies d'Afrique noire, a allumé un incendie en accusant dimanche Jacques Chirac d'avoir reçu des financements africains occultes. Dans Le Journal du Dimanche, l'avocat franco-libanais Robert Bourgi, 66 ans, décrit avec luxe de détails des remises de fonds émanant de...

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