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À La Une - Dans la presse

Kadhafi, Bull et les renseignements français : le trio qui a mis les Libyens sur écoute

Le Franco-libanais Ziad Takieddine aurait géré le volet commercial d'un produit facturé environs 10 millions d'euros.

Le nom de Ziad Takieddine est cité dans cette affaire. Le Franco-Libanais aurait géré le vollet commercial du dossier. Photo

L'information a été dévoilée, mardi dernier, par le Wall Street Journal. Le groupe français Bull, à travers sa filiale Amesys*, a fourni un système de surveillance électronique très sophistiqué à Mouammar Kadhafi. Baptisé Eagle, ce logiciel d'interception a permis de mettre tous les Libyens sur écoute en plaçant le trafic Internet du pays sous haute surveillance. Selon des personnes proches du dossier, citées par le quotidien américain, Amesys a équipé, fin 2009, le centre de surveillance d'Internet de Tripoli avec un système d'analyse du trafic internet (DPI). Le DPI permet de contrôler les messages qui s'échangent, pour éventuellement filtrer voire censurer des "paquets" de données. Interrogé, le groupe Bull a indiqué qu'il ne faisait "aucun commentaire" sur cette information, selon une porte-parole.

Le quotidien Le Figaro a, de son côté, rencontré un des militaires français de la direction du renseignement militaire (DRM) qui ont été chargés, à partir de 2008, avec les ingénieurs de Bull, de former les services de renseignement libyens pour espionner la totalité du pays. Sous couvert de l'anonymat, ce militaire livre au quotidien français les détails de l'affaire.

"Nous avons mis en route le système d'écoute libyen fin juillet 2008. Les cadres de Bull étaient très attachés à cette mission qui avait été facturée environ 10 millions d'euros", indique le militaire au Figaro. Selon lui, c'est l'homme d'affaire franco-libanais Ziad Takieddine qui a joué le rôle l'intermédiaire et qui a géré le volet commercial du produit.

Quelques rappels sur Ziad Takieddine. Après la levée de l'embargo militaire sur la Libye en 2004, il est devenu l'intermédiaire privilégié de la France pour négocier du matériel de guerre avec le régime Kadhafi, selon les révélations du site français d'informations Mediapart. Avec Claude Guéant, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur, puis secrétaire général de l'Elysée, M. Takieddine aurait été, toujours selon Mediapart, le pivot d'accord financiers entre la France et la Libye entre 2005 et 2007. Mediapart qui indiquait également que grâce à l'appui du ministère français de l'Intérieur, il aurait obtenu en avril 2007 des commissions occultes pour la conclusion d'un contrat portant sur du matériel de cryptage des communications. Selon Fabrice Arfi et Karl Laske, auteurs des révélations publiées par Mediapart, le contrat de 33 millions d’euros conclu en avril 2007 avec Bull a rapporté à Ziad Takieddine 4,5 millions d’euros de commissions.

En ce qui concerne le logiciel Eagle, son installation en Libye semble avoir bénéficié à la plupart des acteurs du dossier. En Libye, Bull pouvait tester son logiciel avant de le vendre à d'autres pays, Kadhafi, lui, espionnait son peuple, et Takieddine engrangeait les commissions.

"On faisait du massif : on interceptait toutes les données passant sur Internet : mails, chats, navigations Internet et conversation sur IP. En se branchant sur l'interconnexion internationale, nous avions déjà 98% du trafic, il y avait très peu de points de captures. Facebook, Twitter, Skype, Yahoo mail, Gmail… Rien n'échappait aux yeux de Tripoli."

En ce qui concerne la formation, l'informateur du Figaro explique qu'"une première mission française a été organisée pour former des agents". "Nous leur avons appris comment trouver des cibles dans le flow massif du pays et nous avons travaillé sur des cas d'école: par exemple, comment placer une université sous interception et trouver des individus suspects en fonction de mots clefs", explique la source.

Les cadres français étaient également en relation avec le second niveau hiérarchique de ce système, les analystes, ainsi qu'avec le troisième et dernier niveau hiérarchique, celui de l'état-major libyen. Les militaires français et les cadres de Bull étaient notamment en relation directe avec Abdallah Senoussi, beau frère de Mouammar Kadhafi et chef des services secrets libyens. "C'est lui qui négociait les fonctionnalités du produit et qui nous donnait des directives."

"Nous avons dû faire plusieurs opérations de maintenance pour perfectionner Eagle. Le produit a vraiment été opérationnel à partir du début de l'année 2010", conclut le militaire français.

 

 


*Amesys est une société d'ingénierie spécialisée dans les systèmes sécuritaires et rachetée par Bull en janvier 2010.

L'information a été dévoilée, mardi dernier, par le Wall Street Journal. Le groupe français Bull, à travers sa filiale Amesys*, a fourni un système de surveillance électronique très sophistiqué à Mouammar Kadhafi. Baptisé Eagle, ce logiciel d'interception a permis de mettre tous les Libyens sur écoute en plaçant le trafic Internet du pays sous haute surveillance. Selon...

commentaires (3)

Qui se ressemble s'assemble.

VESPA-DABBOUR Maya

20 h 36, le 01 septembre 2011

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Commentaires (3)

  • Qui se ressemble s'assemble.

    VESPA-DABBOUR Maya

    20 h 36, le 01 septembre 2011

  • Bravo pour mettre des millions sous écoute. Bravo pour mettre des millions de vies en danger. Nous sommes fier de toi et des dizaines de libanais impliqués dans des contrats pourris. J'applaudis aussi le pays des droits de l'homme.

    Nicolas Nicolas

    14 h 42, le 01 septembre 2011

  • - - Behind every successful deal , there is a Lebanese businessman ... ! Profession ou Nationalité ... !?! En tout cas , Bravo Ziad et tant d'autres hommes d'affaires Libanais , sans lesquels , de nombreux contrats juteux , n'auraient pas vu le jour .

    JABBOUR André

    13 h 00, le 01 septembre 2011

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