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Économie - Analyse

Des banques européennes trop dépendantes des marchés

Les banques européennes telles Société générale et Dexia pâtissent toujours de leurs créances douteuses, mais aussi d’un autre mal, plus discret : leur dépendance aux marchés obligataires pour le financement de leurs opérations.
Contrairement à certaines banques américaines comme JPMorgan Chase et Wells Fargo, qui financent une part plus importante de leurs prêts à l’aide des dépôts de leurs clients, les banques d’Europe dépendent généralement davantage de leurs emprunts sur les marchés de capitaux à court terme.
Ceci les expose aux caprices des investisseurs, susceptibles d’exiger soudain des taux d’intérêt plus élevés pour leur argent, voire de retirer celui-ci du marché et placer ainsi les banques à la merci d’un plan de sauvetage gouvernemental.
Les hausses soudaines constatées ces dernières semaines sur les taux d’emprunt à court terme de certaines banques européennes ont à ce titre ravivé les souvenirs de la crise financière de 2008, quand Bear Stearns et Lehman Brothers s’étaient effondrées en raison d’une pénurie de liquidités.
Ces récentes turbulences soulignent la nécessité pour les banques européennes les plus vulnérables d’ajuster leurs engagements de prêts à ce que peuvent réellement supporter leurs dépôts.
« Le système bancaire européen doit être repensé et recapitalisé », juge un investisseur institutionnel présent sur les marchés monétaires et basé à New York, qui s’est exprimé sous le sceau de l’anonymat pour ne pas heurter ses clients.
De nombreuses banques ont cherché depuis la crise de 2008 à relever leurs niveaux de dépôts, non sans difficulté.
En Europe, les banques publiques et les caisses d’épargne bénéficient en effet d’avantages fiscaux leur permettant de conserver leur mainmise sur le marché, souligne Rocco Huang, professeur à l’Université du Michigan.
La course aux clients tire alors les coûts à la hausse, si bien que certains établissements se tournent vers l’étranger, comme la banque franco-belge Dexia qui a récemment étendu son réseau en Turquie.

Financement à risques
Les craintes entourant la santé financière des banques européennes sont facilement exacerbées par leur manque de transparence concernant leurs réserves de liquidités, soulignent les analystes. Faute de données claires, les investisseurs recourent à des instruments inadaptés, tels que les ratios prêts/dépôts (« loan-to-deposit »).
Les prêts de Dexia représentent 2,5 fois la somme de ses dépôts, d’après des données compilées par Keefe, Bruyette et Woods. Pour la Société générale, ce ratio « loan-to-deposit » est de 1,2.
En comparaison, les prêts de JPMorgan n’utilisent que les deux tiers des sommes que la banque recense au titre des dépôts de ses clients.
Pour combler la différence, les banques européennes dépendent donc largement des marchés de capitaux, y compris des marchés monétaires à court terme, ce qui peut se révéler risqué dans le contexte actuel de défiance des investisseurs.
Les swaps de défaut de crédit (CDS) – qui mesurent le coût de l’assurance contre un défaut de paiement – sur la Société générale ont plus que doublé en moins de trois mois, atteignant 303 points de base (pdb) le 19 août contre 138 pdb le 31 mai, d’après Markit.
Dans le même temps, l’action de la Société générale a perdu environ 49 % de sa valeur. À titre de comparaison, les CDS sur JPMorgan ont progressé de 75 pdb à 125 pdb, et l’action a perdu 21 %.
Ce mouvement fortement vendeur est intervenu alors que d’importants fonds d’investissement américains ont retiré du marché monétaire les milliards de dollars qu’ils injectaient jusqu’alors dans les banques européennes via des prêts à court terme.
En juin et en juillet, d’après Fitch Ratings, les dix plus grands fonds ont retiré quelque 70 milliards de dollars (48,38 milliards d’euros), soit 18,4 % de l’argent qu’ils avaient prêté aux banques européennes.
La finance étant toujours plus mondialisée, plusieurs de ces fonds ont expliqué avoir besoin de ces liquidités au cas où leurs investisseurs souhaiteraient retirer leur argent sur la crainte d’un défaut de paiement des États-Unis.
Cette perte soudaine de financement a contraint les banques à rechercher leurs dollars ailleurs, tirant à la hausse leurs coûts d’emprunt d’une façon qui a paru signaler qu’elles étaient en mal de financement, explique Mark Pawlak, stratège et vice-président de Keefe, Bruyette & Woods.
La Société générale a alors tenté d’apaiser les craintes entourant sa solidité financière en donnant aux investisseurs des détails sur son bilan, lors d’une présentation le 3 août.
« La banque n’a pas de problèmes de liquidité, son activité est saine et ses capacités d’investissement sont intactes », a déclaré le week-end dernier Frédéric Oudéa, PDG de la Société générale, dans un entretien au Journal du dimanche. Ni Dexia ni Société générale n’ont souhaité faire de commentaires à l’occasion de cette analyse.

       (Source : Reuters)
Les banques européennes telles Société générale et Dexia pâtissent toujours de leurs créances douteuses, mais aussi d’un autre mal, plus discret : leur dépendance aux marchés obligataires pour le financement de leurs opérations.Contrairement à certaines banques américaines comme JPMorgan Chase et Wells Fargo, qui financent une part plus importante de leurs prêts à...

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