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À La Une - Répression

Assad récidive : Deir ez-Zor et Houlé, après Hama, matées dans le sang

Au moins 54 tués dimanche ; Davutoglu transmettra mardi un "message ferme" au régime syrien, Chaabane lui promet une réponse "encore plus ferme".

Comme l'on voit sur cette image d'une vidéo postée sur YouTube montrant un char syrien dans une rue de Hama, le 31 juillet 2011, les villes de Der ez-Zor et de Houlé, encerclées à leur tour par les chars, semblent se diriger vers le même sort. /

-Les forces de sécurité syriennes ont continué dimanche à réprimer dans le sang le mouvement de contestation, tuant 54 personnes, malgré un concert de critiques internationales, le Pape lançant un appel au dialogue et la Ligue arabe demandant à Damas de cesser "immédiatement" les violences. Le président Bachar el-Assad a pour sa part justifié les interventions sanglantes du régime par une lutte contre des "hors la loi".
Dimanche, l'armée a une nouvelle fois choisi d'utiliser la force pour mater la contestation et a envoyé les chars à l'assaut de Deir ez-Zor (430 km au nord-est de Damas) tuant 42 civils, puis de Houlé dans la province de Homs (centre) où au moins dix civils ont été tués, selon Abdel Karim Rihaoui, le chef de la Ligue syrienne des droits de l'Homme. Selon une autre ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) deux personnes ont été tuées dimanche à Idleb (nord-ouest) par les tirs des forces de sécurité qui ont ouvert le feu sur la foule qui participait aux funérailles d'une personne décédée à l'aube. Deux personnes ont également succombé dimanche à leurs blessures après avoir été touchées par des tirs des forces de sécurité lors de manifestations samedi soir à Idleb, ont indiqué des militants.

L'armée a pénétré dans neuf quartiers de Deir ez-Zor et de "très fortes explosions" ont été entendues, ont indiqué les Comités de coordination locaux (LCC), qui chapeautent les manifestants anti-régime. Selon Rami Abdel Rahmane, chef de l'OSDH quelque 250 chars et transports de troupes blindés ont participé à l'offensive. A Houlé, environ 25 chars et transports de troupes sont entrés dans la ville dimanche matin et ont procédé à des opérations militaires, selon M. Rihaoui.
La deuxième ville du pays, Alep (nord), a également été le théatre de manifestations dimanche soir avec des centaines de personnes qui sont descendus dans la rue pour réclamant la chute du régime et pour proclamer leur solidarité avec Deir ez-Zor et Hama, selon M. Abdel Rahmane.
La télévision publique a démenti l'entrée de chars à Deir ez-Zor. "Aucun char n'y est entré, mais des divisions de l'armée ont levé des barrages érigés par les groupes terroristes, aux entrées de cette ville", a-t-elle affirmé. Elle a montré par ailleurs "une grande quantité d'armes et de munitions" saisies, selon elle, dans un camion intercepté à la frontière libanaise, dans le gouvernorat de Homs.
Ces attaques interviennent au lendemain d'un entretien téléphonique, le premier depuis avril, au cours duquel le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exhorté M. Assad à mettre fin à la répression meurtrière. Pour sa défense, le président Assad a évoqué qu'"un grand nombre" de membres des forces de sécurité syriennes avaient été tués au cours des manifestations.

La pression diplomatique sur Damas s'accroît également du côté des pays arabes : les monarchies du Golfe ont ainsi appelé samedi à la fin de "l'effusion de sang" en Syrie et à l'introduction de réformes. Le ministère syrien des Affaires étrangères a de son côté accusé le Conseil de coopération du Golfe (CCG) d'avoir "ignoré les crimes perpétrés par les groupes armés" en Syrie. "Le CCG devrait appeler à l'arrêt du sabotage et dénoncer la violence des groupes armés qui ne veulent pas de bien à la patrie (...) et donner un peu de temps (au régime) pour que les réformes annoncées puissent donner leurs fruits", a indiqué le ministère dans un communiqué. Le ministère a demandé enfin à ses "frères arabes dans le Golfe, de revoir leurs positions, tenant compte des actions entreprises par la direction syrienne pour surmonter la crise et faire avancer le pays sur la voie de la sécurité et de la stabilité".

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a de son côté appelé dimanche les autorités syriennes à mettre "immédiatement" fin aux violences et aux campagnes sécuritaires contre les civils, dans le premier communiqué officiel de l'organisation panarabe sur la répression en Syrie. Il a aussi fait part de "sa préoccupation croissante" en raison de "la détérioration de la situation sécuritaire en Syrie suite à la montée de la violence et des opérations militaires à Hama, Deir ez-Zor et diverses régions de la Syrie". Il s'est toutefois gardé de demander le départ du dirigeant syrien comme l'exigent les manifestants syriens mobilisés contre le régime depuis la mi-mars.

De leur côté, le président américain Barack Obama, son homologue français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel envisagent "des mesures additionnelles pour faire pression sur le régime du président Assad et soutenir le peuple syrien", a annoncé la Maison Blanche. Parallèlement, Washington a appelé tous les ressortissants américains à "quitter immédiatement" la Syrie en raison des violences.
Ankara, "à bout de patience", va pour sa part, envoyer son chef de la diplomatie Ahmet Davutoglu mardi en Syrie pour transmettre "avec fermeté" au régime de Damas les "messages" de la Turquie "face à la violence de la répression", selon le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. La conseillère du président Assad, Mme Boussaïna Chaabane, a vivement rétorqué, affirmant que M. Davotoglu "allait recevoir un message plus ferme" de la part de la Syrie. Elle a reproché à Ankara de ne pas avoir dénoncé "les assassinats sauvages perpétrés par les groupes terroristes armés à l'encontre des civils et des militaires", ajoutant que son pays "a toujours rejeté les tentatives d'ingérence dans ses affaires intérieures".

Lors de l'Angelus dimanche, le pape Benoît XVI a également haussé le ton et appelé Damas à "répondre aux aspirations légitimes" de la population, se disant "vivement préoccupé" par "les épisodes dramatiques et croissants de violence en Syrie qui ont provoqué de nombreuses victimes et de graves souffrances".

L'ambassadeur américain en Syrie, Robert Ford, a affirmé, dimanche soir, qu'il comptait poursuivre ses déplacements dans le pays pour rendre compte de "l'odieuse" répression par le régime de Bachar el-Assad des manifestations.

Pour le régime syrien, c'est encore un autre son de cloche. Dimanche, Assad a réassuré dimanche, en recevant le chef de la diplomatie libanaise Adanan Mansour, que la Syrie "avançait sur la voie des réformes", au lendemain de la promesse faite par le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem de la tenue d'élections législatives "libres et transparentes" avant la fin de l'année. "Pour le pouvoir syrien, la voie du règlement de la crise actuelle est celle du dialogue national", a-t-il affirmé, fustigeant la "position négative de l'opposition".
Des promesses contredites non seulement par le regain de violence, mais par l'arrestation samedi soir de Walid al-Bounni, l'un des opposants les plus en vue à Damas, et ses deux fils, à son domicile dans la banlieue de Damas, selon M. Abdel Rahmane. Médecin de formation, M. Bounni, 47 ans, avait été en 2000 l'un des animateurs du "printemps de Damas", juste après l'arrivée au pouvoir de Bachar el-Assad, et l'un des signataires de la "Déclaration de Damas", qui appelait à un "changement démocratique radical". Ses activités lui avaient déjà souvent valu la prison.

-Les forces de sécurité syriennes ont continué dimanche à réprimer dans le sang le mouvement de contestation, tuant 54 personnes, malgré un concert de critiques internationales, le Pape lançant un appel au dialogue et la Ligue arabe demandant à Damas de cesser "immédiatement" les violences. Le président Bachar el-Assad a pour sa part justifié les interventions sanglantes du...

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