Juste avant la tuerie, Behring Breivik avait diffusé sur Internet un manifeste de 1 500 pages dans lequel il se présente comme un croisé engagé dans une lutte contre l’islam et le marxisme. Il évoque « l’usage du terrorisme comme un moyen d’éveiller les masses ». La police a par ailleurs annoncé que Behring Breivik avait été signalé aux services de sécurité norvégiens en mars, sur un renseignement faisant état d’un achat modique dans une entreprise polonaise vendant des produits chimiques, mais que le fait était trop anodin pour y donner suite.
Selon l’agence de presse NTB, Anders Behring Breivik était arrivé au tribunal par une entrée située à l’arrière du bâtiment, et des personnes s’en sont prises au véhicule qui le transportait, une Mercedes blindée selon les médias, en criant « traître » et « salaud d’assassin ». « Je pense que ce qu’il aurait dû finir par faire, c’était de se donner la mort plutôt que de tuer tant de personnes », a déclaré de son côté le père du suspect.
Dans la soirée, entre 100 000 et 150 000 personnes ont conflué dans le centre d’Oslo, pour une gigantesque veillée d’hommage aux victimes des attaques. Les participants à cette « marche aux fleurs » avaient commencé à affluer après un appel au rassemblement également suivi dans plusieurs autres villes norvégiennes. La marée humaine a plusieurs fois brandi ses roses vers le ciel en hommage aux victimes. « Ce soir, les rues sont remplies d’amour », a déclaré le prince héritier Haakon devant l’immense foule massée au bord du fjord de la capitale norvégienne. Lui succédant à la tribune, le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg a lancé : « Le mal peut tuer une personne, mais il ne peut tuer un peuple », en appelant à ce qu’il n’y ait « jamais plus de 22 juillet ».
Drapeaux en berne, la Norvège avait auparavant honoré la mémoire des victimes en observant une minute de silence, imitée par les autres pays nordiques (Finlande, Islande, Suède et Danemark) et les institutions européennes. Alignés sur le parvis de l’Université d’Oslo, tout de noir vêtus, le roi Harald, son épouse la reine Sonja, arrivés sous les applaudissements de la foule, et le Premier ministre se sont figés aux douze coups de midi.
Le bilan des attaques a par ailleurs été revu à la baisse. Il est désormais de 76 morts (contre 93 morts dimanche) : huit personnes tuées dans l’attentat à la voiture piégée qui a ravagé le quartier des ministères et 68 abattues sur l’île d’Utoeya, où quelque 600 jeunes travaillistes étaient rassemblés.
Dans ce contexte, les partis d’extrême droite, de plus en plus intégrés dans les systèmes politiques européens, rejetaient hier tout amalgame avec les attentats de Norvège même si, selon des experts, leurs thématiques peuvent encourager des comportements radicaux. Du Parti du progrès (FrP) norvégien, auquel le tueur présumé a adhéré pendant quelques années, au Front national (FN) de la Française Marine Le Pen en passant par le Parti pour la liberté (PVV) néerlandais de Geert Wilders, tous ont ostensiblement pris leurs distances avec celui qu’ils ont décrit comme un « malade » ou un « psychopathe ». Mais leur discours hostile aux musulmans était au centre des critiques de plusieurs responsables de gauche. Le chef du gouvernement espagnol, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, a appelé lundi à une « réponse politique » concertée de l’Union européenne, pour « combattre le radicalisme » et « réagir face à la xénophobie ».
(Source : agences)
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