Airbus confirme son statut de leader au Bourget, sur fond de pétrole cher

Airbus a confirmé son statut de leader face à Boeing au Salon du Bourget grâce à un argument de vente imparable : l’A320 Neo, un moyen-courrier remotorisé censé consommer moins de carburant, dont il a vendu plus de 650 exemplaires en quatre jours, un record.
L’avionneur européen a réalisé le meilleur Salon de son histoire avec 730 commandes, des contrats qui atteignent 72 milliards de dollars sur le papier. Ces chiffres consacrent la reprise du secteur aéronautique, après un Bourget 2009 rendu indolent par la crise.
Et, bouquet final, Airbus a annoncé en grande pompe hier le plus gros contrat de son histoire – en nombre d’avions, pas en valeur – avec 200 A320 Neo commandés par le malaisien AirAsia.
« C’est le meilleur Salon de tous les temps pour Airbus en termes de commandes », s’est félicité Tom Enders, le patron du constructeur.
En face, Boeing affiche une pâle performance avec seulement 142 ventes pour un montant indicatif de 22 milliards. Un score à nuancer car l’américain ne privilégie pas les Salons pour annoncer ses commandes, contrairement à Airbus.
« Si vous regardez les ventes sur les cinq dernières années, Boeing et Airbus ont eu 7 500 commandes et la différence entre nous deux n’est que de 42 », a relativisé Randy Tinseth, le directeur marketing de la branche aviation commerciale de Boeing, interrogé par l’AFP, sans préciser pour qui était l’avantage.
Néanmoins, il est indéniable que l’avionneur européen a pris une longueur d’avance avec son A320 Neo. Le Neo « est le bon avion qui tombe au bon moment », a résumé le loueur d’avions américain CIT Aerospace lors de la signature d’un protocole pour l’achat de 50 de ces appareils.
À l’heure où le prix du kérosène est la préoccupation numéro un des compagnies avec un baril qui frôle les 100 dollars, Airbus semble avoir fait le bon choix en dotant son A320 de moteurs plus performants qui doivent permettre d’économiser 15 % de carburant par vol.
L’avionneur, qui a lancé ce concept de Neo en décembre, doit livrer le premier appareil de ce type en 2015.
Face à ce succès, Boeing est incontestablement mis au pied du mur. Et il doit rapidement prendre une décision : remotoriser le 737 à l’exemple d’Airbus ou lancer un avion complètement nouveau, qui serait disponible un peu plus tard – autour de 2019 – au prix d’un investissement plus important.
« Nous n’avons pas encore pris de décision et attendons le bon moment », a précisé Randy Tinseth. « Nous discutons avec nos clients et ils nous demandent de songer à un nouvel avion », a-t-il ajouté.
De son côté, Airbus se retrouve face à un nouveau défi : réussir à produire rapidement tous les avions commandés. Interrogé à ce sujet par l’AFP, Fabrice Brégier, le numéro deux de l’avionneur, a assuré pouvoir « le garantir ».
« Nous en livrons 450 par an » et « s’il faut étudier des montées en cadence supplémentaires, c’est un problème qu’on aime bien avoir », a-t-il expliqué.
Avec ce déluge de commandes, Airbus a éclipsé les autres constructeurs venus en force et notamment le chinois Comac présent pour la première fois au Bourget. Il planche sur le premier avion de ligne de fabrication chinoise, le C919, annoncé pour 2016. Le responsable de la recherche et du design du constructeur chinois est resté vague sur ses qualités : « nouveau », « plus confortable », « plus économique » et « plus environnemental », mais n’a fourni aucune fourchette de prix.
Le constructeur canadien Bombardier a réussi à placer une quarantaine de CSeries, son moyen-courrier mis en concurrence face à 737 et à l’A320.
(Source : AFP)