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Culture - Spectacle

Quand la poésie parle de l’amour dans tous ses états...

« Je t’aime », tel est le titre un peu simple d’un spectacle de poésie et de chansons, présenté par Gérard Bejjani et une brochette de jeunes mordus par le Parnasse, au théâtre Monnot. Le verbe, sur le tempo et le thème de l’amour, dans la bouche et entre les mains d’amateurs qui s’éclatent sur scène et s’en donnent à cœur joie. Sans complexe.

Un patchwork de saynètes à tendance plus comique et amusante que dramatique.    (Photo Marwan Assaf)

Un patchwork cousu de fil blanc pour cette suite de saynètes à tendance plus comique et amusante que dramatique pour les transes de l’amour à travers les grands noms de ceux qui taquinent les muses. Sans oublier le souvenir et les mesures de Piaf, Brel ou Barbara... Entre deux pirouettes ou pas de danses, déclamation appuyée et théâtrale, et un filet de voix reprenant des airs des variétés françaises pour une Piaf folle d’amour et une Barbara givrée d’attente, elle qui, pourtant, n’avait pas la «vertu des femmes de marins», la poésie a ici le vent en poupe et est la maîtresse des lieux.
Une poésie qui veut à tout prix s’exprimer. Sans crainte de maladresse, de grandiloquence ou d’évidents excès gestuels.
Du Cantique des cantiques à Alphonse Allais, en passant par Alfred de Musset, Baudelaire, Louis Aragon, Paul Éluard, Pablo Néruda, Jean Cocteau et Nizar Kabbani, le verbe (arabe, français et espagnol) a tourné à fond et sur un rythme excité, autour des intermittences du cœur, des attentes et des déceptions de tous ceux qui sont touchés par les flèches de Cupidon.
Douze tableaux enrobés d’humour, de sentiments exacerbés, d’absurde (avec un Ionesco dont la «Cantatrice chauve» habite Achrafieh!), de ferveur à l’autre (éternelle cette interrogation de Nizar Kabbani quant à la pérennité du fragile sentiment amoureux), d’émotion contenue ou déclarée (heureusement que Mona Moukarzel, Colomba aux multiples écharpes, ne meurt pas d’amour mais continue son show, mules aux pieds, en toute désinvolte gesticulation, roulade et cillement d’yeux), de jeux avec la langue française aux mille nuances et subtilités (désopilant ce «Ô toi que j’eusse aimée»! pour la préciosité de l’énoncé)... Rien à voir avec Anna Magnani pour cette femme accrochée au téléphone qui débite du Cocteau, en tragédie lyrique, mais burlesque bouffon avec ses pauses yoga et sa manière de se vautrer sur les planches, un verre de whisky à la main. Cela donne du Cocteau à la sauce potache tout en n’enlevant pas le mérite d’une charmante caricature de l’univers de l’auteur de Les enfants terribles à Michèle Matta qui campe avec une verve comique ce personnage pourtant pathétique.
Bréviaire et sélective anthologie des moments de l’amour que ce spectacle d’amateurs, sans prétention aucune, si ce n’est celle de partager avec l’auditoire (en toute facétie, un peu de dérision aussi, bonne humeur et surtout atmosphère bon enfant) les transes de l’amour et la passion de la poésie. Poésie non sagement lue à la lueur d’une lampe ou dans la solitude d’une chambre, mais une poésie sans labels, une poésie sans frontière, une poésie turbulente qui ne craint ni les élocutions approximatives, ni les lignes grossies au fusain, ni les voix égrillardes ou faussement tonnantes, ni les silhouettes lourdes, ni les faux pas.
Un patchwork cousu de fil blanc pour cette suite de saynètes à tendance plus comique et amusante que dramatique pour les transes de l’amour à travers les grands noms de ceux qui taquinent les muses. Sans oublier le souvenir et les mesures de Piaf, Brel ou Barbara... Entre deux pirouettes ou pas de danses, déclamation appuyée et théâtrale, et un filet de voix reprenant des airs...

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