Écrivain rare, avec seulement douze romans, jusqu’ici, en une longue carrière, dont Le radeau de la méduse, La démence du boxeur (Renaudot 1992), ou La vie d’un bébé, dont le héros est un enfant dans le ventre de sa mère, il bataille avec l’écriture et ses personnages, dont beaucoup lui ressemblent, et semble rechigner au point final.
«C’est bien mon droit de prendre le temps d’écrire», confie l’auteur à l’AFP.
Dégaine à la Jacques Tati mâtinée de Woody Allen et de Godard, avec ses traits émaciés, une calvitie qu’il parvient à rendre broussailleuse et des lunettes qui lui mangent le visage, François Weyergans planche aujourd’hui sur la conclusion de sa trilogie dont le héros est un certain... François Weyergraf.
Ce sera fini, dit-il, de ce Weyergraf, héros torturé de Franz et François, consacré en 1997 à son père écrivain, disparu sans qu’ils se soient réconciliés, et de l’émouvant Trois jours chez ma mère (Grasset), qui lui valut de coiffer sur le fil l’archi-favori Michel Houellebecq pour le Goncourt 2005.
Il aura mis cinq ans à l’écrire, laissant son éditeur annoncer à plusieurs reprises sa parution et alimentant la légende d’un auteur qui peine à terminer ses livres. Il affirmait l’avoir achevé dans «des états subdépressifs».
«Mon nouveau roman est une histoire d’amour. Commencé il y a deux ans, je le publierai début 2012. Je vais y travailler cet été», assure-t-il.
Élu à l’Académie française, il a peaufiné pendant deux mois son discours, éloge de son prédécesseur au fauteuil 32, Maurice Rheims, et d’Alain Robbe-Grillet.
Ce fauteuil, vacant depuis la mort de M. Rheims en 2003, semble porter malheur. Avant Weyergans, le pape du Nouveau roman aurait dû y siéger. Élu en mars 2004, il mourra avant de l’occuper. D’autres avant lui étaient morts avant de s’y asseoir.
Né le 2 août 1941 près de Bruxelles, d’un père belge et d’une mère avignonnaise, François Weyergans est le fils de l’écrivain d’inspiration chrétienne Franz Weyergans. Il passe son enfance entre Avignon et la Belgique, ne rejoignant son pays natal que pour ses études à l’institut Saint-Boniface-Parnasse, qui fut aussi le lycée d’Hergé.
De ses origines familiales, Weyergans reconnaît une double source d’inspiration: Tintin et les Évangiles.
François Weyergans, écrivain rare et faux flâneur de la littérature.
Passionné de cinéma, il est reçu premier à l’Institut des hautes études cinématographiques (Idhec, devenu la Fémis) au début des années 1960 et réalise plusieurs films sur Maurice Béjart, l’ami qu’il accompagnera jusqu’à son dernier souffle en 2007 et dont il porte l’épée, mais aussi sur Hieronymus Bosch, Baudelaire ou Bresson.
Remarqué dès son premier livre, Le pitre, prix Roger Nimier 1973, une histoire de psychanalyste écrit après sa propre analyse avec Jacques Lacan, il se consacre alors à la littérature, avec parfois de longs moments de doute et de silence.
«Les critiques ne cessent de me traiter de clown. J’aime bien ça (...). Mais je suis un clown à message», déclarait-il en 1989 à la sortie d’un livre justement intitulé Je suis écrivain. Il pourrait désormais en écrire un autre: «Je suis académicien»...
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