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Économie - Adhésion

Seize ans après la guerre, la Croatie à la porte de l’Union européenne

Près de seize ans après une sanglante guerre d'indépendance, la Croatie s'apprête à s'amarrer pour de bon à l'Union européenne, la Commission de Bruxelles devant proposer vendredi aux Vingt-Sept la fin des négociations d'adhésion.

Le président croate, Ivo Josipovic.

La Croatie devrait être le deuxième pays issu de l'ex-Yougoslavie à rejoindre l'UE, après la Slovénie, qui fait partie de l'Union depuis 2004.
Zagreb mise sur une adhésion effective d'ici à la mi-2013.
Mais à la différence de la Slovénie, dont l'indépendance de la Yougoslavie a été très rapide et peu coûteuse en vies humaines, celle de la Croatie s'est effectuée dans le sang et les combats, qui se sont poursuivis pendant quatre années (1991-1995).
Cette fin des négociations d'adhésion survient aussi à quelques jours du vingtième anniversaire de la proclamation d'indépendance de la Croatie et de la Slovénie, le 25 juin 1991, mettant en évidence combien le rapprochement de Zagreb de l'UE a été plus difficile et long que celui de Ljubljana.
L'événement constitue également une étape supplémentaire dans les perspectives européennes des pays des Balkans, qui avaient été solennellement affirmées par les Européens lors du sommet de Thessalonique (Grèce) en 2003.
Le président croate, Ivo Josipovic, avait résumé en décembre devant des journalistes ce que représentait une adhésion de son pays à l'UE, à savoir un basculement définitif du passé vers l'avenir.
« On ne peut pas vivre dans le passé, ou bien on ne peut pas y vivre avec succès », avait-il dit.
Tout progrès vers l'Union réalisé par un pays des Balkans, ajoutait-il, « élargit l'espace de sécurité et de stabilité de tous les autres » et contribue donc à la réconciliation régionale.
La guerre de 1991-95 qui a opposé les autorités de Zagreb aux rebelles serbes, soutenus par Belgrade, qui s'opposaient à l'indépendance, a fait quelque 20 000 morts.
« Les attentes des citoyens croates sont liées notamment à la stabilité », explique à l'AFP l'analyste Davor Gjenero, ajoutant qu'une « société bien réglementée constituera l'avantage le plus important » que la Croatie tirera de son intégration européenne.
« Cela va se refléter aussi sur la stabilisation de l'ensemble de la région », ajoute-t-il.
Le gouvernement croate table sur des fonds européens d'environ 3,5 milliards d'euros au cours des deux premières années après son adhésion, selon les responsables locaux.
Des experts économiques s'attendent à ce que la perspective d'adhésion encourage aussi les investissements étrangers, nécessaires pour le redressement économique du pays, après deux années de sévère contraction provoquée par la crise économique mondiale.
La Première ministre, Jadranka Kosor, a évoqué un « objectif historique », tout en affirmant que la Croatie s'est toujours sentie plus proche de l'Europe occidentale que des Balkans.
Et pourtant, les Croates paraissent plus réservés, voire sceptiques. Selon les derniers sondages, 44,6 % d'entre eux soutiennent l'adhésion de leur pays à l'UE, alors que 41,8 % s'y opposent.
« Nous voulons tous des changements, notamment dans le domaine de l'économie, mais je ne suis pas certaine que l'UE soit une solution à nos problèmes », dit à l'AFP un professeur, Tamara Horvat, 45 ans.
Beaucoup considèrent en Croatie que les négociations d'adhésion ont duré trop longtemps, près de six années. Certains ont mal perçu aussi que Bruxelles ait tant insisté sur une pleine coopération de Zagreb avec la justice internationale en matière de crimes de guerre.
« Seules nos élites politiques sont ravies de l'adhésion européenne car elle leur apportera des avantages », estime Jakov.
« Cela ne peut être en aucun cas pire que maintenant », conclut, désabusé, son ami Miro, reflétant le mécontentement général de la population devant la situation économique actuelle.
©AFP
La Croatie devrait être le deuxième pays issu de l'ex-Yougoslavie à rejoindre l'UE, après la Slovénie, qui fait partie de l'Union depuis 2004.Zagreb mise sur une adhésion effective d'ici à la mi-2013.Mais à la différence de la Slovénie, dont l'indépendance de la Yougoslavie a été très rapide et peu coûteuse en vies humaines, celle de la Croatie s'est effectuée dans le...

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