Rechercher
Rechercher

Culture - Cimaises

Chiffres et rébus à l’appui

À la galerie Joanna Seikaly*, Maria Kassab jette le trouble avec une série de photomontages et une installation pour le moins surréalistes.

Une fascination certaine pour la conquête de l’espace. (DR)

Sur ses tableaux montés de toutes pièces, Maria Kassab appose une deuxième signature, celle d'une certaine Sofyasunshine. Ou une version à la fois virtuelle et réelle d'elle-même. Son avatar, en quelque sorte, dont le nom évoque un monde à la fois imaginaire, onirique, fantastique ou même farfelu. Un peu à l'image des œuvres exposées à la galerie Joanna Seikaly. Dans ce bel espace situé à la fin de la rue Gemmayzé, au rez-de-jardin d'un vieux bâtiment tout en arcades et en sols en céramiques, une vingtaine de toiles sont dispersées sur les murs. Première impression: l'atmosphère délicatement surannée qui se dégage des photomontages se marie parfaitement avec l'architecture des lieux. L'artiste utilise en effet des photos jaunies, tendance couleur sépia, mais elle emprunte aussi des designs inspirés d'anciennes tapisseries murales ou autres papiers peints, en vogue dans les années cinquante ou soixante, et des silhouettes de personnes typiques de cette période-là. À côté de ces «oldies», Kassab appose des collages de formes hétéroclites, superpose des codes. Et montre une fascination certaine pour les astronautes et l'odyssée de l'espace.
Bourrée d'énigmes, donc, cette exposition au titre encore plus mystérieux. «A spill on a curtain» (une éclaboussure sur un rideau?), lit-on sur le carton d'invitation.
En posant ces codes, avec ses réagencements hybrides de fragments photographiques, Maria Kassab interroge l'image humaine, collective ou individuelle, anonyme ou identifiée.
Fusionnant, par les techniques numériques, des éléments de cultures étrangères (africaines ou occidentales, ou les deux à la fois), du passé et du présent, du primitif et du «technologique». Une telle liberté permet à l'artiste d'obtenir des images complexes mêlant l'élément visuel, les lettres, les mots, réunissant souvent le monde organique, l'émotionnel et le mécanique.
Les œuvres, représentant des jeux d'esprit visuels, deviennent alors pleines d'humour, mais n'en gardent pas moins de bonnes doses d'angoisse et d'inquiétude.
Et l'artiste en profite pour véhiculer des messages aussi bien politiques qu'environnementaux. De même que des questionnements identitaires, des collages de l'autoportrait de l'artiste sont là pour le prouver. Diplômée de la Lebanese American University en graphic design, Kassab a vécu son enfance à Montréal et revendique des influences musicales (jazz, ambient, post rock, electronica, minimal classical...) et artistiques (dadaïsme, Bauhaus, constructivisme...). Ses influences: Hannah Hoch et Hausman, pour le photomontage, mais aussi Marcel Duchamp, Dora Maar, les frères Stenberg, Gustav Klustis, Otto Dix, Saul Bass...
Dans sa note d'intention, la jeune graphiste affirme que cette «succession d'images superposées» et ces photomontages «témoignent de la volonté de se dégager du confinement et de transcrire des émotions; de réparer et expédier des figures et des textures construites et détruites en donnant naissance à une histoire oubliée».
Des images tirées du passé et de l'actuel, de l'ici et de l'ailleurs, fondées sur le subconscient, le rêve, le fantastique, mais exprimées avec une certaine attention au détail.

* Rue Gouraud, Gemmayzé, en face de la Croix-Rouge. Jusqu'au 8 juin. Du lundi au vendredi, de 12h00 à 19h00. Samedi, de 14h00 à 18h00.
Sur ses tableaux montés de toutes pièces, Maria Kassab appose une deuxième signature, celle d'une certaine Sofyasunshine. Ou une version à la fois virtuelle et réelle d'elle-même. Son avatar, en quelque sorte, dont le nom évoque un monde à la fois imaginaire, onirique, fantastique ou même farfelu. Un peu à l'image des œuvres exposées à la galerie Joanna Seikaly. Dans ce bel espace...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut