Bourrée d'énigmes, donc, cette exposition au titre encore plus mystérieux. «A spill on a curtain» (une éclaboussure sur un rideau?), lit-on sur le carton d'invitation.
En posant ces codes, avec ses réagencements hybrides de fragments photographiques, Maria Kassab interroge l'image humaine, collective ou individuelle, anonyme ou identifiée.
Fusionnant, par les techniques numériques, des éléments de cultures étrangères (africaines ou occidentales, ou les deux à la fois), du passé et du présent, du primitif et du «technologique». Une telle liberté permet à l'artiste d'obtenir des images complexes mêlant l'élément visuel, les lettres, les mots, réunissant souvent le monde organique, l'émotionnel et le mécanique.
Les œuvres, représentant des jeux d'esprit visuels, deviennent alors pleines d'humour, mais n'en gardent pas moins de bonnes doses d'angoisse et d'inquiétude.
Et l'artiste en profite pour véhiculer des messages aussi bien politiques qu'environnementaux. De même que des questionnements identitaires, des collages de l'autoportrait de l'artiste sont là pour le prouver. Diplômée de la Lebanese American University en graphic design, Kassab a vécu son enfance à Montréal et revendique des influences musicales (jazz, ambient, post rock, electronica, minimal classical...) et artistiques (dadaïsme, Bauhaus, constructivisme...). Ses influences: Hannah Hoch et Hausman, pour le photomontage, mais aussi Marcel Duchamp, Dora Maar, les frères Stenberg, Gustav Klustis, Otto Dix, Saul Bass...
Dans sa note d'intention, la jeune graphiste affirme que cette «succession d'images superposées» et ces photomontages «témoignent de la volonté de se dégager du confinement et de transcrire des émotions; de réparer et expédier des figures et des textures construites et détruites en donnant naissance à une histoire oubliée».
Des images tirées du passé et de l'actuel, de l'ici et de l'ailleurs, fondées sur le subconscient, le rêve, le fantastique, mais exprimées avec une certaine attention au détail.
* Rue Gouraud, Gemmayzé, en face de la Croix-Rouge. Jusqu'au 8 juin. Du lundi au vendredi, de 12h00 à 19h00. Samedi, de 14h00 à 18h00.
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