«Au début du XXe siècle, ces habitations semaient la quasi-totalité des routes entre Homs, Hama et Alep», soulignent Kassatly et Puett. Ewald Banse, géographe allemand, qui a parcouru la Syrie et la Turquie au début des années 1900, signale leur présence dans les plaines entre les montagnes d'al-Ansariyé/ al-Zawiya, mais aussi sur l'Euphrate et le long de l'affluent du Balikh jusqu'en Turquie.
Les auteures consacrent toute une étude sur la diversité des maisons à coupoles et leur disposition spatiale, véritable traduction architecturale d'un mode de vie et de structures familiales et sociales. Elles se penchent sur les techniques de construction et de torchis, la fabrication des briques en terre crue et, au passage, nous font découvrir les silos, les poulaillers et même les intérieurs et leurs différentes décorations, dont celles consacrées au pèlerinage de La Mecque et à l'occasion duquel on fait appel à des calligraphes pour reproduire en grandes lettres, sur les murs, les formules de bénédiction. Dans le chapitre intitulé «Les portes», elles révèlent que, dans certaines régions, les constructeurs se fournissaient carrément dans les temples. Ainsi, «les colonnes et les pierres antiques servaient de linteaux, de base de portes, de chambranles de fenêtres, d'escaliers, etc.».
Aujourd'hui, les unes bien préservées et toujours habitées par des familles, les autres abandonnées au profit de maisons en parpaings et transformées en entrepôts ou en abri pour le troupeau, les maisons à coupoles sont groupées en petits hameaux ou en villages étendus. Mais attention, danger! Ce patrimoine architectural est menacé, car «cela fait plus d'une génération qu'on ne construit plus de coupoles... En 2010, seule une poignée de maçons maîtrisent encore la technique», font observer Puett et Kassatly. La transmission de ce savoir-faire risque donc de disparaître, entraînant avec elle la destruction d'une culture qui se perpétue depuis l'Antiquité. Aussi, par le présent ouvrage, les deux auteures ont souhaité «participer à la revalorisation de l'habitat traditionnel, apporter une pierre à l'édifice de la mémoire des hommes, une reconnaissance du savoir-faire de ceux qui nous ont précédés... et qui savaient, à partir de la boue, faire naître de l'or», dit-elle.
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